Désormais, plus de sujet, sinon celui de la peinture ; plus de tableau de chevalet mais une invitation à rentrer dans la peinture selon le terme de Matisse. Cette expérience inaugurée avec "Les nymphéas" trouve son aboutissement à New York. La toile n'est plus seulement une arène où se joue la vie de l'artiste, elle devient la vie réelle. On y pénètre avec tout son corps comme dans un envrionnement.
Pour Cézanne, la peinture est avant tout expérimentale. Il lui fallait cent séances de travail pour une nature morte... Toute sa vie, il cherchera à traduire en peinture les sentiments d'éternité et de fugitif que lui évoque sa vision du monde. Pour y parvenir, il devra repenser toutes les composantes de la peinture, assigner d'autres fonctions à l'espace, à la forme, à la couleur. Il est considéré comme l'un des plus grands précurseurs de l'art du XXe siècle « notre père à tous », dira Picasso. Suivant son exemple, les peintres s'intéressent à la présence physique des objets, à leurs relations spatiales, aux tensions qu'ils entretiennent entre eux. Ils aboutiront au fauvisme, au cubisme, à l'abstraction.
1071 - [Les Essentiels n° 128, p. 49]
Contemporain du fauvisme et du cubisme en France, l'expressionnisme (1905 - 1914) naît de l'esprit de révolte de la jeunesse allemande face à l'autoritarisme de Guillaume II. Ses pratiques féodales conjuguées au règne absolu de l'argent, l'émergence sauvage de l'urbanisme et de l'industrialisation provoquent une crise de valeurs chez les intellectuels. Tandis que Nietzsche et Freud invitent à repenser l'homme, les artistes n'ont d'autre choix que de repenser l'art.
La Mort de Sardanapale
Le sujet se réfère à la tragédie du poète anglais lord Byron, publiée en 1821 sous le titre de Sardanapalus. Selon la légende, Sardanapale est un roi assyrien de Ninive (VIIe siècle av. J.-C.) qui vivait à Babylone et dont le nom grec est Assourbanipal. Delacroix résume ainsi l’histoire : « Lors de la guerre civile, sa ville est cernée. Il décide de mettre le feu à son palais et se couche sur un lit superbe au sommet d’un immense bûcher, puis donne l’ordre d’égorger ses femmes, ses pages, jusqu’à ses chevaux et ses chiens favoris. Aucun des objets qui avaient servis à ses plaisirs ne devait lui survivre. »
Le tableau est une évocation de l’Orient qui fascine tout le XIXe siècle. Delacroix donne toute sa démesure à ce théâtre fabuleux.