Il ne m’aurait pas laissée tomber, même en se sentant trahi. Je n’étais cependant pas persuadée que notre relation aurait évolué de façon satisfaisante si je lui avais menti. Commencer sur de mauvaises bases n’est jamais une très bonne idée.
Ce serait mentir de dire que je n’avais pas peur. Mon sentiment d’insécurité était toujours là, tapi au fond de ma poitrine. J’avais vécu avec pendant des années, il n’allait pas disparaître du jour au lendemain.
La plupart des gens ne comprenaient pas pourquoi je portais un pantalon alors que j’étais une femme. Comme si le fait d’avoir des seins m’obligeait à montrer mes jambes au plus grand nombre.
Mon regard dut lui suggérer qu’il était hors de question qu’il me traite comme la princesse Peach. Je n’avais pas besoin que Mario vienne me sauver, je m’en sortais très bien toute seule.
Je poussai un cri de rage. Ne comprenait- il pas que j’avais besoin d’avoir raison même si j’avais tort ? Ne pouvait- il pas fournir un petit effort ?
Avoir de l’espoir, c’était ouvrir son cœur à la déception. Un sentiment avec lequel j’avais vécu bien trop longtemps.
Je compris que j’étais vaincue avant même de sentir son pied percuter mes côtes. La douleur m’envahit, me laissant sans voix au milieu du désert. Mes mains se recroquevillèrent dans les grains de sable clair, et je gémis, preuve que je n’étais pas invincible, loin de là.
— Trop lente.
J’ouvris les yeux et croisai le regard perçant de Varyn. Il avait beau m’apprécier et tenter de faire de son mieux pour que j’aille bien, toutes ses attentions ne survivaient pas quand nous étions en entraînement.
Il voulait que je sois plus forte, plus vive et plus dangereuse. Il souhaitait que mon corps soit apte à gagner un combat sans que j’aie besoin d’utiliser mon omnissence. Une source de pouvoir que j’étais la seule à posséder dans ce monde en dehors de Daerec, l’Éternel que j’avais réveillé et qui désirait notre mort à tous.
Je me relevai tout en essayant de repousser la culpabilité avec laquelle je cohabitais depuis que tout cela était arrivé. Cependant, elle était ancrée en moi, et il m’était difficile de ne pas faire attention à elle.
— Tu dois gagner en rapidité, m’assena Varyn. Si j’avais eu une épée, ton cadavre reposerait à mes pieds.
Ses mots doux étaient devenus une habitude. Varyn disait tout haut ce qu’il pensait ; il était comme ça, franc et honnête. Inutile de lui faire comprendre que j’aurais préféré qu’il garde pour lui ses belles paroles, il en était de toute façon incapable.
« — 𝙹𝚎 𝚗𝚎 𝚟𝚘𝚞𝚜 𝚍𝚎𝚖𝚊𝚗𝚍𝚎 𝚙𝚊𝚜 𝚌𝚎 𝚚𝚞’𝚎𝚕𝚕𝚎 𝚍𝚎́𝚜𝚒𝚛𝚎, 𝚖𝚊𝚒𝚜 𝚘𝚞̀ 𝚎𝚕𝚕𝚎 𝚜𝚎 𝚝𝚛𝚘𝚞𝚟𝚎.
— 𝙹𝚎 𝚜𝚞𝚒𝚜 𝚖𝚎́𝚍𝚒𝚞𝚖, 𝚖𝚘𝚗𝚜𝚒𝚎𝚞𝚛, 𝚙𝚊𝚜 𝙼𝚊𝚙𝚙𝚢. 𝙸𝚕 𝚗𝚎 𝚏𝚊𝚕𝚕𝚊𝚒𝚝 𝚙𝚎𝚞𝚝-𝚎̂𝚝𝚛𝚎 𝚙𝚊𝚜 𝚎𝚡𝚊𝚐𝚎́𝚛𝚎𝚛 𝚜𝚞𝚛 𝚖𝚎𝚜 𝚌𝚊𝚙𝚊𝚌𝚒𝚝𝚎́𝚜. »
« Peur de quoi ? s'étonna Joah. Il n'y a pas d'Alfenis dans le petit salon, y a juste Rosalia. C'est vrai que des fois, elle fout les jetons, surtout après vingt-deux heures sans maquillage, mais de là à avoir la frousse..
Sans m'y attendre, je me mis à rire. Ce gamin n'était peut être pas le roi de la politesse, mais on ne pouvait pas lui enlever que son honnêteté était charmante. »
— Comment vous êtes-vous rencontrés ? demanda Lore.
Si elle espérait un récit romantique, elle risquait d’être déçue.
— Il m’a kidnappée pour me vendre.
Ses yeux s’ouvrirent en grand, et je ne pus m’empêcher de sourire.
— Il a fini par changer d’avis. À cause de notre lien d’inséparables, j’imagine.
— C’est un début d’histoire très… original !
« Très glauque » aurait aussi convenu.