Nylso - Kimi le vieux chien
- En travaillant, je peux devenir un lapin (dit gros ours)
- Non (répond petit lapin)
-Sans relâche, pas de vacances, pas de repos
- Non
- Et pourquoi ? Dis le moi, je peux tout entendre.
- Non
- Je suis un ours, je digère tout même le lapin et très vite.
- C'est ça justement.
Gros ours : Tu as des enfants, petit lapin ?
Petit lapin: Plein, plein partout.
Gros ours : Tu t'en occupes souvent ?
Petit lapin : Jamais ! Ils ont grandi très vite et ils se débrouillent comme leur papa. Et toi ?
Gros ours : Un, j'ai un enfant. Un jour la mère et l'enfant avaient faim. J'ai marché tout droit pour essayer de trouver un truc à manger. J'ai trouvé au bout de plusieurs jours. j'avais faim. J'ai tout mangé. Après j'ai dormi. J'ai jamais retrouvé le chemin du retour.
Petit lapin : Dis-moi, je sais pourquoi t'as jamais froid, c'est cette fourrure. A ta mort, je pourrai en hériter ?
Gros ours : C'est de famille, mon fils avait la même.
- Tu crois en Dieu ?
- En quoi ?
- En Dieu !
- Non. je ne crois pas.
- Tu crois que tu ne crois pas, ou alors tu ne crois ni en Dieu ni en diable ? C'est trop compliqué pour toi. J'aurais dû m'en douter.
- Pour commencer, je ne comprends pas ta question. Quand il m'arrive quelque chose de très grave,
- Oui ?
- Oui. Alors, je tombe à genoux. Et là, oui, je prie.
- Le Dieu des Ours !
- Quoi ? Le Dieu des Ours ? Mais les ours n'ont pas de Dieu que je sache.
- Ah oui ? Et là tu faisais quoi ? On peut savoir ?
- Je faisais semblant pour te montrer.
- Mais avec Dieu on ne fait pas semblant. C'est très grave, c'est un crime.
- Je ne pensais pas voir ça de mon vivant. C'est un désastre.
- Mais de quoi parles-tu ?
- Je parle de la mortalité chez les abeilles . de quoi veux-tu que je parle d'autre ?
- Les abeilles ? C'est pas important les abeilles… Enfin, si, pour vous, les ours. Mais nous les lapins, on risque rien.
- Détrompe-toi. Tout le monde a à craindre de la disparition des abeilles.
- Ouh ! J'ai peur.
- Tu veux que je t'explique ?
- Non !
- C'est parce que les abeilles butinent et pollinisent et que sans les fleurs, les fruits, les plantes, rien ne pousse.
- Et alors ?
-Tu fais bien parti des gens qui ne mangent que des légumes.
- Oui, très bien. Mais moi, quand il 'y aura plus de légumes, je mangerai des boîtes.
- Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
- Rien, comme d'habitude.
- Super !
- "Super" ? Comment ça ?
- Juste : super.
- Tu n'es pas content de moi, petit lapin. Je le vois bien.
- Non, je ne suis pas content de toi ! Mais de quoi je me mêle ? Après tout.
- C'est vrai.
- Jamais, comme moi tu ne pourras être heureux. Mais pire, jamais tu ne seras un lapin.
- Quoi ?
- ... tu n'es qu'un ours. Je sais que c'est difficile à avaler.
- Qu'est-ce que tu veux dire exactement ?
- Oublie !
- C'est pas important.
- Pas important ? Quand j'apprends que malgré tout mes efforts, jamais je ne serai... un lapin.
- C'est hard.
- Oui quand même assez.
- Non. Je ne pensais pas voir ça de mon vivant. C'est un désastre.
- Mais de quoi parles-tu ?
- Je parle de la mortalité chez les abeilles. De quoi veux-tu que je parle d'autre ?
- Les abeilles ? C'est pas important les abeilles... Enfin, si, pour vous, les ours. Mais nous les lapins, on risque rien...
- Détrompe-toi, tout le monde a à craindre de la disparition des abeilles. Tu veux que je t'explique ?
- Non!
- C'est parce que les abeilles butinent et pollinisent et que sans ça, les fleurs, les fruits, les plantes, rien ne pousse.
- Et alors ?
- Tu fais bien partie des gens qui ne mangent que des légumes.
- Oui, très bien. Mais moi quand il n'y aura plus de légumes, je mangerai des boîtes.
- Jérôme ?
- Oui, Maître ?
- Il faut penser à ton avenir.
- Mon avenir, Maître ?
- Allez Jérôme, laisse ton ptit train et suis-moi...
Si l'âme la plus gentille était récompensée par une longue vie, le chien vivrait plus longtemps que nous.
Ah non, c'est-trop facile. Dire dans un premier temps "c'est simple" et dans un second temps : "Il faut accepter la notion de temps". Alors que précisément, c'est cette notion de temps qu'il est impossible à accepter.