Tertullien

Si donc la mémoire demeure, c'est là la santé de l'esprit ; mais que la santé de l'esprit, la mémoire restant sauve, connaisse la stupeur, c'est là un genre de démence. Voilà pourquoi nous ne disons point que nous délirons, mais bien que nous rêvons : voilà pourquoi nous y sommes dans notre bon sens, ou jamais : car si notre faculté de penser peut alors être obscurcie, elle n'en est pas pour autant éteinte, quitte à paraître elle-même vacante ; tandis que c'est le propre de l'extase que de nous proposer des images de la sagesse comme de l'erreur.

De là vient enfin que souvent, l'âme, à l'instant même de la séparation, entre dans une plus forte agitation, et acquiert une perception plus minutieuse et une loquacité plus abondante parce que, sa plus grande portion étant déjà libérée, elle communique, par le reste qui s'attarde encore, ce qu'elle voit, ce qu'elle écoute, ce qu'elle commence à savoir.

Car le sommeil se répandit dans le corps afin qu'il reposât, l'extase envahit l'âme pour la défendre contre le repos ; depuis lors subsiste cette forme du mélange de l'extase et du sommeil, et ce fut cette forme qui devint nature.

Par le sommeil, image de la mort, tu es aussi initié à la Foi, tu médites ton Espérance, tu apprends à vivre et à mourir, tu apprends à veiller alors même que tu dors.

L'âme périt si elle diminue.

Ainsi sera à l'état naturel ce qui peut en déchoir par diminution ou par excès.

Or la sagesse fonde le sommeil : il est si favorable, si utile, si nécessaire qu'aucune âme ne subsisterait sans lui ; il est le recréateur des corps, le récupérateur des forces, le probateur de la santé, le libérateur des travaux, le guérisseur des peines, pour la jouissance légitime duquel le jour cède à la nuit qui établit sa loi, privant les objets mêmes de leur couleur.

Ainsi cet aurige du corps, le souffle de l'âme, tombe en défaillance dans son véhicule parce que son véhicule se désaxe, non point parce qu'il défaille de lui-même ; son travail cesse ; ce n'est pas sa force, mais sa fonction et non sa substance qui se consume, parce qu'il cesse de paraître, non pas de subsister.

Mais l'âme aussi souffre le sommeil de telle manière qu'elle semble agir ailleurs, s'exerçant à son absence future par une dissimulation de sa présence.

Une vérité d’évangile est d’autant plus vraie qu’on peut démontrer qu’elle est fausse au regard des principes admis de la sagesse des hommes.

J'en fais (des idoles) ,me dira quelqu'un, mais je ne les adore pas. Comme si la raison qui interdit de les adorer ne devait pas interdire aussi de les fabriquer, puisque des deux côtés même offense envers Dieu. Mais je dis plus : tu les adores véritablement, toi qui les mets à même d'être adorés; tu les adores, non pas avec le parfum de quelque grossier sacrifice, mais avec le parfum de toi-même. Ce n'est pas la vie d'un animal que tu leur offres, c'est ton âme que tu leur sacrifies : tu leur immoles ton génie ; c'est avec tes sueurs que tu leur présentes des libations : ton intelligence, voila l'encens que tu fais fumer en leur honneur. Tu es pour eux plus qu'un prêtre, puisqu'ils te doivent d'avoir des prêtres. C'est ton industrie qui transforme en divinité un nom imposteur.
Tu n'adores pas les dieux que tu fais, me dis-tu ; mais il ne te désavouent pas pour leur adorateur, ceux auxquels tu immoles la plus riche, la plus succulente, la plus illustre des victimes, la victime de ton salut !

[...] peu importe que le vaisseau du corps disparaisse intact ou brisé, du moment que la navigation de l'âme est interrompue.

II. En effet, quel peut être le caractère des œuvres divines, sinon de surpasser notre admiration ?

Je regrette sincèrement que Platon soit devenu le fournisseur d'épices de tous les hérétiques.

Homère assigne aux rêves deux portes, l'une en corne pour le vrai, l'autre en ivoire pour le faux. Car "la corne est transparente, dit-on, mais l'ivoire est opaque."

Attendre ce qui doit arriver, ne dure jamais longtemps.

IX. L'eau intervient dans les principales circonstances de la vie du Sauveur.

III. L'eau (...) elle est noble, elle est illustre cette origine, qui commence avec le monde.

1. Pour nous, poissons que conduit Jésus-Christ notre chef, nous naissons dans l'eau

I. Heureux sacrement que celui de l'eau chrétienne, qui, lavant les souillures de nos ténèbres passées, nous enfante à la liberté de la
vie éternelle !