De ces individus, je fais une famille, je leur forge un passé commun qui les laisse sans réponse
« J’ai un don. Voilà, c’est dit. Ils comptent sur ma venue juste avant la fin de l’année, mais je vais reporter encore un peu ma naissance : je ne sortirai que lorsque tout le monde sera là. Je ne me les suis pas coltinés tout au long de cette histoire, je n’ai pas enduré tout ce qui leur a traversé la tête, ce qui les a occupés et préoccupés, pour au final, me rendre compte qu’ils ne sont pas là au moment où je pointerai le bout du nez dehors ».
Une histoire du point de vue d’un-e enfant à naître. Une histoire du monde moderne, des femmes et des hommes, pas des identités figées dans les rêves nostalgiques d’européen-ne-s accroché-e-s à leur mythique puissance dominatrice.
Aux Pays-Bas, des habitant-e-s pas seulement des « Bataves ».
Une langue très colorée, des formules luxuriantes pour des situations somme toutes banales, des développements plein d’humour, ouvrant les fenêtres sur la réalité métissée, des identités multiples, des rencontres. Comment ne pas apprécier la défense par Driss de sa culture arasée.
Loin des clichés et du conventionnel, Medhi et Diana, Malika et Driss et les autres.
Plus qu’attachant.
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31 Décembre 1999: bébé attend le moment fatidique pour venir au monde. C'est lui qui parle, du fond de son monde utérin. Il raconte sa famille marocaine émigrée aux Pays- Bas, son petit monde hollandais, la vie de tous ces gens dont il est le résultat. Les grands-parents marocains, Driss, le boucher, et Malika Ayoub, sa femme qui un jour a quitté la maison, les grands-parents hollandais et ce couple mixte Diana-Mehdi (C'est « Mehdi » qui signifie le « Tant attendu » en arabe).
En fait, ce bébé (on ne saura qu'à la fin qu'il s'agit d'une fille), était un « accident », qui aurait même pu ne pas naître. Les tout jeunes parents sont des adolescents à peine sortis de l'enfance mais ils s'aiment et excluent l'IVG. Les deux familles acceptent sans trop de difficultés cette situation. Les milieux marocain et néerlandais sont évoqués avec justesse et humour.
Un kaléidoscope d'images qui se chevauchent et s'entremêlent, avec des distorsions du temps, le fil linéaire du récit n'existe pas. On a fait le rapprochement de ce roman avec l’œuvre de Gabriel Garcia Marqués pour l'aspect chronique familiale.
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