"J'en appelle à la trahison des miroirs
au verre grossissant de l'oubli
j'en appelle à la fumée sans feu
à l'anneau sans doigt
aux lettres majuscules des citations
pour ne pas mourir sans une injure aux lèvres."
(Une foi pour toutes - p.31 de la présente édition)
Le soliloque consiste à boire un coup de rouge avec un croûton et un oignon, dans la cuisine, à trois heures du matin, le feu étant éteint et la femme partie pour un autre continent que celui de notre espoir.
Forcément on avance j’avance
drôle ou pas drôle c’est la vie
le mégot de la vie précieuse
à brûler avarement ses lèvres
de sale vie précieuse comme un sein
comme du vin dans un sein
comme une tirade de nain
éternel attouchement de plaies
sur le corps de la bien-aimée
Forcément on avance j’avance
avec ou sans regrets
avec ou sans étoiles
avec ou sans coups de chapeaux
pour crier malgré tout présence
quand le feu se brûle les ongles
quand la nuit s’ouvre pour être nuit
quand le temps crache ses poumons
dans des colères de forçat
quand il faut enfin que l’on arrive à temps
pour témoigner contre les dieux
contre la loi contre les grands
contre soi-même
contre la mendiante nature humaine
qu’il faut pourtant aimer comme le mal
en dialecticien du devenir
Je viens je suis je vis
de mon écorce noire
du sang de mes colères
du sang de mon amour
de l’oiseau fiancé à sa femelle chaude
des larmes qui s’égouttent du vague fait divers
de l’infirme noyé dans les vagues du soir
du baiser de la nuit
du salut de l’aurore
je vais je viens je vis
au-delà de l’espoir
et chacun peut le voir le savoir et le croire
Puisque j’étais acculé à reconnaître
Que je n’avais rien fait de bon de mon destin
Sinon à rechercher mon âme
A la trouver parfois
Dans les poubelles hétéroclites