J’ai pris toute ma vie à la légère les incessants délires de la plupart des adultes. Leur ton sentencieux, cette manière qu’ils ont de se prendre au sérieux, ou de tourner autour du pot camouflant leurs faiblesses, leur façon de pleurnicher sur leur sort, tout m’a laissé indifférent. Je les trouvais ennuyeux, menteurs, rasoirs, barbants, inodores, inaudibles.
Mais un gosse qui te raconte une histoire en laquelle il croit, tu ne peux pas ne pas l’entendre. Il est tout dedans et tu n’as qu’une envie, c’est de le suivre. Tu as même envie d’en rajouter. Parce que rien n’est meilleur pour l’esprit que de plonger tout entier dans un torrent d’imaginaire, ouvertement confiant, chassant le doute à grands coups de pied au cul. Et c’est à qui t’entraînera plus loin encore, plus haut, jusqu’à ces rires qui sont nos friandises préférées, comme une ivresse, la perfection atteinte une absolue complicité.