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Bibliographie de Albert Champeau   (5)Voir plus

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
… Mon père ; toujours mon père. Ce père, « ce héros, au sourire si doux… râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié » sur son lit, mourant de sa belle mort pour faire une fin, pareillement écroulé comme je l’étais, mais encore emporté par l’allure fière et l’audace des grands nautoniers, le nez de pirate tendu vers le plafond de l’hôpital, mon père, ce héros, dans un dernier souffle de brise thoracique, entubé de partout, mâchouilla pour la postérité l’épitaphe d’une vie d’aventures où chaque mot fait sens et, par conséquent, revêt une signification fondamentale :
— J’ai oublié d’éteindre le minitel…
Auguste et solennel !
Puis caramba ! le chapeau tomba.
Il prit congé et éteignit son génie marin.
Dernières paroles de nuit énigmatiques à la Citizen Kane que personne ne put résoudre. Si ce ne fut, le trimestre suivant, la facture de Wanadoo…
La mémoire est vraiment sélective.
Comment un loup de mer qui brava tous les quarantièmes rugissants avait-il pu choisir pour ultimes paroles du bord de la tombe pareille futilité matérialiste, sans aucune émotion ni odeur de l’au-delà ?
Sortant de ses lèvres pâles, on se serait plutôt attendu à un cri d’amour, à un jet de conscience, à un murmure prophétique ou, encore, à un souffle idéologique…
Au moins quelques syllabes lumineuses !
Un bon mot coloré d’humour et d’esprit avant d’entrer dans l’ombre du grand silence !
À ce qui fut sa vie, on eût pu tout imaginer, sauf ça !

… Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu !… bien des choses en somme. En variant le ton, – par exemple, tenez :
Lucide, à la Richelieu : Pardon à tous, le mal que je fis, je le fis bien, le bien que je fis, je le fis mal.
Parodiant Robespierre : Ne pleure pas ma mort, si je vivais tu serais mort.
Cocasse, comme le fit le baron de Selles : Dieu fit Selles, Dieu défit Selles, et aux vers mit Selles.
Spirituel, comme Alphonse Allais : Ci-gît Allais – sans retour.
Et comment burlesque, à la Groucho Marx : Je vous l’avais bien dit que j’étais malade…
Incendiaire à la Jeanne d’Arc : Vous ne m’avez pas cru : vous m’aurez cuite !
Truculent : Omar m’a tuer. (Non, je plaisante !).
Enfin, irréfutable : Ce sont mes derniers maux, Jean-Pierre ! On n’en attendait pas moins qu’il nous le serve avec assez de verve…
Mon père, ce héros, au sourire si marrant, partit ainsi.
Et moi, seul abandonné, à ne pouvoir délivrer ma phrase qu’au vent libre de la plaine et aux grillons chantants...
Que dire si personne n’est là pour recueillir ma verve ?
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Que sont donc les Saints, sinon d'autres Jésus-Christ. Des êtres d'une grande pureté de cœur et d'esprit, salués par les anges, vivant dans la pénitence et la ferveur. Des êtres d'une vie remplie de sacrifices et d'austérité, héros de la mortification et de l'humilité qui se sont illustrés par leur génie, leurs œuvres et leurs éminentes qualités ; ayant tout donné à Dieu... et pourtant tellement victimes.
Pourquoi ces holocaustes ? Pourquoi la foi est-elle ainsi récompensée ? Pourquoi la Loi demande-t-elle à ses meilleurs d'être immo-lés ? La souffrance aurait-elle un sens caché ? La souffrance serait-elle donc signe d'élection ?

Que d'illusions habillaient la Loi, s'imposant comme le tremplin de toutes les supériorités ! N'y aurait-il pas finalement un rapport intime entre sacrifice et amour, tout autant qu'entre conscience et épreuve, puisque Dieu reconnaît les siens à ces valeurs bien paradoxales ?
Consacrant notre exil dans la Matière, le chemin d'amertume rencontré est-il pour certains un remède aux impuretés et une occasion de transformation de la conscience, pour d'autres, une sublimation rédemptrice ?

Les saints, volontairement, ont toujours de graves destins, retirant du karma à l'Humanité et lui donnant une impulsion d'ensemble afin que celle-ci en soit exhaussée, rachetée et grandie. Ces missionnés, déjà divinisés, acceptent des destins rédempteurs, accumu-lant sur eux toutes les opacités du collectif. Authentiques rédempteurs de l'espèce, ces êtres, intensifiant la « rubification » du collec-tif adamique, canalisent, orientent et angéli-sent tout sur leur chemin. Alors, le « rédemp-teur » est crucifié. Innocent, donné en pâture, prenant sur lui la dette de l'Humanité, il est l'agneau du sacrifice.
La lecture de martyrologes conduit à la simple constatation : la Loi demande plus à ceux qui sont en mesure de donner. Les âmes d'élite, ainsi éprouvées, révèlent le prix de la foi et la nécessité de tout sacrifier pour le salut de l'âme.
La Voie Royale est dramatique.
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IL ÉTAIT UN MAUVAIS FOIE

Joufflu, tendre et rosé, foncièrement bon puisque imprégné de jus de sang, Monsieur Prestant dévisageait Dieu du haut de sa foi de charcutier. Et le Bon Dieu le lui rendait bien, en croix sur l’autel du miracle. Pour ce roi du boudin, grossiste et détaillant à la fois, le mystère du Précieux Sang restait une énigme qui toujours le précipitait dans des limbes d’intranquilité.

— Par quelle divine recette ce bonhomme de Nazareth avait-il pu se sacrifier sans effusion de sang, et en répandre autant tous les dimanches à la messe depuis 2.000 ans, inondant le monde entier de sa source pure ?
Cette question de métaphysique artisanale irritait Monsieur Prestant, lui qui était confit en dévotion au sang, et se ravissait, jusqu’à l’extase, de sa matière globuleuse.
Ce mystère autant inoxydable qu’intarissable devait relever tout bonnement de la farce de mauvais goût. Du reste, le propre de la vie n’est-il pas de mourir salement, en pourrissant un peu tous les jours ? Voilà pourquoi Monsieur Prestant faisait fi de tout prêchi-prêcha et montait directement chez Dieu l’assaillir de questions.
Et c’est pourquoi Monsieur Prestant ne savait pas vivre sans pourquoi.
Ni sans femmes, d’ailleurs.
Et l’assemblée en était pleine.
Forcément.
Bondée de cette féminité qui le dévisageait comme un seul homme. Comme un mâle archétype, maître étalon approuvé pour la monte de ces dames.

Mais ce qui le gênait le plus aux entournures, c’était d’avoir une vie périssable au même titre que du pâté. Ça le fâchait très fort !
L’absurdité généralisée de la vie le laissait complètement déjeté du cervelas, au bord de la crise de foi. Le comble pour un charcutier.
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A ces mots crus-maudits au sortir de ma mère, tout était dit de ma vie affective et de mon destin : putain et maman seraient mon horizon alternatif. Ma vie : un théâtre. On n’y jouerait qu’une seule représentation : LA MAMAN, LA PUTAIN, ET LE PETIT COCHON. Que du karmique. Revêtu du manteau d’Arlequin, je serais autant souffleur que doublure, pompier de service, rideau rouge de muqueuse, envers et trou, gloire et interruption, et en tant qu’acteur de choix je tiendrais le rôle principal du personnage animalier. J’aurais du cuir comme peau, une barbiche pour me cacher, une belle queue pour en profiter et honorer ma nature. Voilà ma liturgie. La contemplation de l’horreur serait familière, et il me faudrait un sacré culot et la vis comica bien plantée pour ne pas être pessimiste et conserver mes illu-sions.

Le jour J, premier de l’An, tout encore imprégné de l’odeur de sa moule usagée, c’est donc du trou du cul talqué d’une putain de maman que je redescendais pour naître à ce siècle. La lumière rentrait dans la nuit : l’ombre s’incarnait, suintant dans les ténèbres ; la victime venait de surgir, expulsée martyr pour une nouvelle destinée…
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L’amour ou son illusion, cueillis ne serait-ce qu’un instant éphémère, étaient pour lui un éternel présent, une présence indestructible. L’échec de l’amour idéal n’est nullement son reniement. Son éternité suffit. Cet amour-là est compassion, maturité, et ne connaît ni la souffrance, ni l’attachement. Seule, la paix du bonheur rassasié, un instant éternel.

Aimer, n’est-ce pas rester dans la solitude, sans jamais la contraindre, lui laissant l’envergure de la liberté de la mer ? N’est-ce pas juxtaposer deux solitudes éperdues face aux flots du quotidien ? N’est-ce pas, encore, supporter le vide de l’autre, ce grand silence du dénuement, son désert qui sous-tend un désir fou sans corruption, tel ce qui vous est donné et repris dans le même mouvement de Dieu ?

L’anse des Cascades se refermait sur Philomène RICHEFEU, l’enserrant dans son heureux labyrinthe : la lumière et l’obscur, donnés à la fois en Daphné ROYAL, au large des brisants. L’amour malgré la mort.
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