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Citations de Albert-Marie Schmidt (28)


J’ai grand besoin, dit le lion, d’être délivré de souffrir. Je ne me soutiens plus, je meurs.

Renart le couche sur le ventre et lui pousse dans les narines une prise d’Aliboron. Son corps se gonfle comme une outre. L’agonisant bouge et tressaute tant qu’un pet lui vole du cul. Il s’éternue, il se démène. Pauvre roi, quel travail est sien! Son corps enfle toujours. Il craque. La sueur lui trempe l’échine :

- je vais me fendre en deux, dit-il.

- Ne craignez rien, répond Renart, vous êtes sans erreur guéri.

Puis il l’étend devant le feu, lui impose la peau du loup et lui glisse en la bouche un brin d’herbe Aliboron. Il en sent le goût. Aussitôt, la souffrance quitte ses mains, ses pieds, son corps.
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Chanson XVII

Je ne fais rien que requerir
Sans acquerir
Le don d’amoureuse liesse
Las ! Ma maistresse,
Dictes quand est ce
Qu’il vous plaira me secourir ?
Je ne fais rien que requerir.
Vostre beaulté, qu’on voit fleurir,
Me faict mourir :
Ainsi j’ayme ce qui me blesse.
C’est grand simplesse :
Mais grand sagesse
Pourveu que m’en veuillez guerir.
Je ne fais que requerir. 

(p. 48 Clément Marot)
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XLIV

« Si le soir pert toutes plaisantes fleurs,
Le temps aussi toute chose mortelle,
Pourquoy veult on me mettre en plainctz et pleurs,
Disant qu'elle est encor moins, qu'immortelle ?
Qui la pensée, et l'oeil mettroit sus elle,
Soit qu'il fut pris d'amoureuse liesse,
Soit qu'il languist d’aveuglée tristesse,
Bien la diroit descendue des Cieulx,
Tant s'en faillant qu'il ne la dist Déesse
S'il la voyoit de l'un de mes deux yeulx. »

(p. 89 Maurice Scève)
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Chanson II

 Secourez moy, ma Dame par amours,
Ou autrement la Mort me vient quérir.
Autre que vous ne peult donner secours
A mon las cueur, lequel s’en va mourir.
Helas, helas, veuillez donc secourir
Celuy qui vyt pour vous en grand’destresse,
Car de son cueur vous estes la maistresse
Si par aymer et souffrit nuictz et jours,
L’amy dessert (mériter) ce qu’il vient requerir,
Dictes pourquoy faictes si longz sejours
A me donner ce que tant veulx cherir ?
O noble cueur, laisserez vous perir
Vostre Servant par faulte de liesse ?
Je croy qu’en vous n’a point tant de rudesse.
Vostre rigueur me feit plusieurs destours,
Quand au premier je vous vins requerir :
Mais bel Accueil m’a faict d’assez bons tours,
En me laissant maintz baisers conquerir.
Las ! voz baisers ne me sçaivent guerir,
Mais vont croissant l’ardant feu qui me presse :
Jouyssance est ma medecine expresse.

(p. 41 Clément Marot)
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A une dame pour la louer

Trop plus qu’en autre en moy s’est arresté
Fascheulx ennuy ; car Yver et Esté
N’ay veu que fraulde, hayne, vice et oppresse
Avec chagrin : et durant ceste presse,
Plus mort que vif au monde j’ay esté.
Mais le mien cueur, lors de se vie absenté,
Commence à vivre, et revient à santé,
Et tout plaisir vers moy prend son adresse
Trop plus qu’en autre.
Car maintenant j’apperçoy loyaulté :
Je voy à l’oeil Amour, et feaulté :
Tout cela voy : voyre mais qui est-ce ?
C’est en vous seule, où gist toute beaulté
Trop plus qu’en autre. 

(p. 33 et 34 Clément Marot)
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De sa grande Amye

 Dedans Paris, Ville jolie
Un jour passant mélancolie
Je prins alliance nouvelle
A la plus gaye Damoyselle,
qui soit d’icy en Italie.
D’honnesteté elle est saisie
Et croy, selon ma fantaisie
Qu’il n’en est gueres de plus belle
Dedans Paris
Je ne vous la nommeray mye
Sinon que c’est ma grande Amye,
Car l’alliance se feit telle,
Par un doulx baiser, que j’eus d’elle
Sans penser aucune infamie
Dedans Paris.

(p. 26 Clément Marot)
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LXXIX

« L’ Aube estaingnoit Estoilles à foison,
Tirant le jour des regions infimes,
Quand Apollo montant sur l'Orison
Des montz cornuz doroit les haultes cymes.
Lors du profond des tenebreux Abysmes,
Où mon penser par ses fascheux ennuyz
Me faict souvent percer les longues nuictz,
Je revoquay à moy l'ame ravie :
Qui, dessechant mes larmoyantz conduitz,
Me feit cler veoir le Soleil de ma vie. »

(p. 101 Maurice Scève)
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« XXIV

Quand l’œil aux champs est d’esclairs esblouy,
Luy semble nuict quelque part qu’il regarde :
Puis peu à peu de clarté resjouy,
Des soubdains feuz du Ciel se cointregrade.
Mais moy conduict dessoubs la sauvegarde
De ceste tienne, et unique lumière,
Qui m’offusca ma lyesse premiere
Par tes doulx rayz aiguement suyviz,
Ne me pers plus en veue coustumiere.
Car seulement pour t’adorer je vis.»

(p. 83 Maurice Scève)
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 Oraison

(…) Ce nonobstant tu as cree les femmes,
Et nous deffens d’Amours suyvre les flammes,
Si lon ne prend marital Sacrement
Avec l’amour d’une, tant seulement :
Certes plus doulx tu es aux bestes toutes ;
Quand soubz telz loix ne les contraints en boutes.
Pourquoy as tu produict pour viel et jeune,
Tant de grans biens, puis que tu veulx qu’on jeusne ?
Et dequoy sert pain, et vin, et fructage,
Si tu ne veulx, qu’on en use en grand aage,
Veu que tu fais Terre fertile et grasse ? (...) 

(p. 61 Clément Marot)
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(Les Antiquités de Rome, Joachim du Bellay)

Pâles esprits, et vous ombres poudreuses,
Qui jouissant de la clarté du jour
Fîtes sortir cet orgueilleux séjour
Dont nous voyons les reliques cendreuses:

Dites, esprits (ainsi les ténébreuses
Rives de Styx non passable au retour,
Vous enlaçant d'un trois fois triple tour,
N'enferment point vos images ombreuses),

Dites-moi donc (car quelqu'une de vous
Possible encor se cache ici dessous)
Ne sentez-vous augmenter votre peine,

Quand quelquefois de ces coteaux romains
Vous contemplez l'ouvrage de vos mains
N'être plus rien qu'une poudreuse plaine ?

[en français moderne]
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"Or voyez donc si le corps ne doibt estre
Sur tout loué comme seigneur, et maistre,
Car l'esperit, il n'a que le penser,
Sans corps ne peult ou plaire ou offenser,
Parquoy le corps est maistre des effectz,
Qui nous font tous parfaictz, ou imparfaictz."

Anonyme, Blasons du corps féminin
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"Oeil, le seul soleil de mon ame,
De qui la non visible flamme
En moy fait tous les changemens
Qu'un soleil fait aus elemens."
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LXIV

Des Montz hautains descendent les ruisseaulx,
Fuyantz au fons des umbreuses vallées
Des champz ouvertz et bestes, et oyseaulx
Aux boyz serrez destournent leurs allées
Les ventz, bruyantz sur les undes sallées
Soubz creux rochers appaisez se retirent.
Las! de mes yeulx les grandz rivieres tirent
En lieux à tous, fors à elle, evidentz.
Et mes souspirs incessamment respirent,
Tousjours en Terre, et au Ciel residentz. »

(p. 96 Maurice Scève)
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Chanson VIII

Si de nouveau j’ay nouvelles couleurs,
Il n’en fault ja prendre esbayssement :
Car de nouveau j’ay de nouvelles douleurs,
Nouvelle Amour, et nouveau pensement ;
Deuil et Ennuy c’est tout l’advancement
Que j’ay encor de vous tant amoureuse ;
Si vous supply, que mon commencement
Cause ne soit de ma fin langoureuse.
Pleust or à Dieu, pour fuyr mes malheurs,
Que je vous tinse à mon commandement :
Ou pour le moins, que voz grandes valeurs
Ne fussent point en mon entendement :
Car voz beaulz yeux me plaisent tellement,
Et vostre amour me semble tant heureuse,
Que je languis : ainsi voyla comment
Ce qui me plait m’est chose douloureuse. 

(p. 44 Clément Marot)
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D’une dame a un importun

 Tant seulement ton repos je desire,
T’advertisssant-puis qu’il fault te le dire-
Que je ne suis disposée à t’aymer :
Trouve autre champ, et du mine te retire.
Bref, si ton cueur plus à ce chemin tire,
Il ne fera qu’augmenter son martyre,
Car je ne veulx serviteur te nommer,
Trant seulement,
Tu peulx donc bien avec autre maistresse eslire :
Que pleust à Dieu qu’en mon cueur penses lire,
Là où Amour ne t’a sceu imprimer :
Et m’esbahy-sans rien desestimer-
Comment j’ay pris la peine de t’escrire,
Tant seulement. 

(p. 38 Clément Marot)
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.
Hélas ! combien de jours ? hélas ! combien de nuits
Ay-je vescu banny doù mon coeur fait demeure !
C'est le vingtième jour que sans jour je demeure,
Mais en vingt jours j'ay eu tout un siecle d'ennuis.

Je n'en veu mal qu'à moy, fortuné que je suis,
Si je souspire et plein, si je lamente et pleure,
C'est que je meslongnay , laissant à la malheure,
La beauté qu’eslongner nullement je ne puis.

Ma face, qui desja de rides labouree
Par les ennuis soufferts, se voit décoloree,
Me fait rougir de honte: ô douleurs inhumaines !

Vous faites grisonner mon poil devant le temps:
Combien que je sois jeune au conte de mes ans,
Las ! je suis desja vieil au compte de mes peines.

(Etienne de La Boétie)
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LXIII

« L'Esté bouilloit, et ma Dame avoit chault :
Parquoy Amour vistement se desbande
Et, du bandeau l'esventant bas, et hault,
De ses beaux yeulx excite flamme grande,
Laquelle au voile, et puis, de bande en bande,
Saulte aux cheveulx, dont l'Enfant ardent fume :
Comment, dit il, est ce donc ta coustume
De mal pour bien à tes serviteurs rendre ?
Mais c'est ton feu, dit elle, qui allume
Mon chaste cœur, où il ne se peult prendre. »

(p. 96 Maurice Scève)
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LX

« Si c'est Amour, pourquoy m'occit il doncques,
Qui tant aymay, et onq (jamais) ne sceuz haïr ?
Je ne m'en puis non asses esbahir,
Et mesmement que ne l'offençay oncques (jamais) :
Mais souffre encor, sans complainctes quelconques,
Qu’il me consume, ainsi qu'au feu la Cyre.
Et, me tuant, à vivre il me désire,
Affin qu'aymant aultruy, je me desayme.
Qu'est il besoing de plus oultre m'occire (tuer),
Veu qu'asses meurt, qui trop vainement ayme ? »

(p. 95 Maurice Scève)
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Chanson XXXIV

« Plus que de vous je n’ay autre visage
Je m’en vois rendre Hermite en un desert,
Pour prier Dieu : si un autre vous sert,
Qu’autant que moy en vostre honneur soit sage.
A dieu, amours ! À dieu gentil corsage !
A dieu ce tainct ! À dieu, ces frians yeulx
Je n’ay pas eu de vous grand advantage :
Un moins aymant aura, peult estre, mieulx. »

(p. 55 Clément Marot)
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Chanson XXXIV

Plus que de vous je n’ay autre visage
Je m’en vois rendre Hermite en un desert,
Pour prier Dieu : si un autre vous sert,
Qu’autant que moy en vostre honneur soit sage.
A dieu, amours ! À dieu gentil corsage !
A dieu ce tainct ! À dieu, ces frians yeulx
Je n’ay pas eu de vous grand advantage :
Un moins aymant aura, peult estre, mieulx.

(p. 55 Clément Marot)
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