Tout commence par un magnifique habillage. Un bel ouvrage de collection plutôt qu’une simple bande dessinée à feuilleter. Des enchevêtrements floraux aux couleurs d’or, d’émeraude et de pourpre entourant un médaillon à l’encre de Chine représentant un sympathique écureuil portant un crucifix et avançant sur le dos d’un animal chimérique à tête d’homme et au corps de taureau.
Puis, la première de couverture une fois tournée, on découvre une vieille carte abimée par le temps représentant une île, à la manière des grands navigateurs portugais ou espagnols du XVe siècle.
Et les premières vignettes continuent de surprendre car le petit écureuil change de forme. Il a plutôt la tête d’un panda et est en train de causer, sur la branche d’un arbre avec un petit oiseau. Causer est un bien grand mot! L’écureuil n’ouvre jamais la bouche mis à part pour vomir ses tripes ou avaler quelques champignons hallucinogènes.
Et au fur et à mesure de la lecture, il semble que cet écureuil marginal, complexé et catholique ressemble à son créateur. Il dessine pour des fanzines et cherche un éditeur pour publier ses œuvres. Mais l’innocence de Judas (c’est son nom) lui procure de nombreuses déceptions. Son monde est à l’image du nôtre, dur pour les pauvres et bon pour les riches…
C’est beau et intelligent, recherché et ironique, iconoclaste mais plein de références.
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Magnifique album sur la prédation de la nature.
Chassé-croisé entre le chasseur et sa proie, partie de cache-cache dans la forêt, jeu de dupes avec les éléments, astucieusement mis en scène jusqu'à la rencontre entre "l'homme" et "la bête".
Qui ne signe pas la fin de l'album mais lui donne un nouvel élan. Une bascule du récit qui fera plonger l'homme vers des profondeurs insoupçonnées, et un monde hostile à lui comme jamais.
C'est très beau, sobre tout en étant sophistiqué et, sans être révolutionnaire, d'une sympathique efficacité narrative.
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Psychonautes est un petit alien graphique, un livre à l'histoire noire et sinistre illustrée par des dessins très minimalistes, à la limite de l'enfantin. Le contraste entre les deux marche très bien me concernant, ça crée une ambiance dérangeante qui me plaît beaucoup. J'ai beaucoup aimé découvrir l'univers de Birdboy, Dinki et ses amis, la critique derrière semble peut-être moins poussée que dans l'adaptation cinématographique (d'Alberto Vázquez également, qui adapte son roman graphique), mais le message reste bien présent et fait mouche.
Une chouette oeuvre, courte mais qui laisse une impression forte et tenace.
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