Vidéo de Alexandra Mac Kargan
Je me réveille de méchante humeur. Mal de crâne carabiné. Bouche pâteuse. Je n’aime pas ça. Entre rêve et réalité, je ne sais pas trop ce qui s’est passé hier soir. Le pub, une bière et après… pfiou. Je préfère penser que j’ai imaginé ! Paracétamol. Beaucoup d’eau. Une purification s’impose. Je rentre dans la bibliothèque. Bingo !
Face à la cheminée, j’essaie de me détendre. Julia était fascinée par le feu. Il faisait écho à son feu intérieur. Celui qui consume et qui réchauffe. Il la dévorait et lui faisait prendre tous les risques. Elle brûlait la chandelle par les deux bouts. Mais il lui donnait aussi la douce chaleur qu’elle communiquait à ceux qu’elle aimait. Elle irradiait la chaleur réconfortante de l’amour. Amour filial, amour fraternel, amour amical, amour charnel. Elle était tout cela… et tout cela est parti en fumée. C’est plus fort que moi. Mes larmes coulent et je ne peux ni ne veux les arrêter. Comment peuvent-ils me dire de tourner la page ? Comment peuvent-ils l’oublier ? Elle était ma vie. Mon unique attache. Il ne me reste rien. Rien que les biens matériels qu’elle m’a légués. Rien que le froid de la nuit.
Nous voilà posées. Tout s’est bien passé. Elle a tenu le choc. Si j’osais, je dirais qu’elle ferait un bon petit soldat. Elle a la capacité de dépasser ses limites, avec un peu d’aide. Enfin bref, nous sommes dans notre camp de base : un hangar de l’aérodrome où on a atterri. Elle a pu se rafraîchir un peu. Je la briefe sur son rôle. Elle a des facultés de mémorisation impressionnantes. Je connais sa capacité à garder son sang-froid. La mission devrait bien se passer.
Je songe à ma promesse parfois. Julia et l’accident ne sont plus entre nous. J’ai accepté ce qui s’est passé, son vrai rôle dans cette tragédie. Un accident est toujours un enchaînement de causes. Elle a été un maillon de cette chaîne. Mais si un seul des autres maillons avait agi différemment, notre vie n’aurait pas basculé ce jour-là.
Je fixe l’hôtesse. Elle est en colère. Je le sens. J’espère que l’explication qui va avoir lieu après mon départ va calmer le jeu. J’en doute.
« Et puis je me rappelle que, pour aimer, il faut que la personne en face soit "aimable". »
Il est donc urgent de ne rien faire de plus.