Ce témoignage d’Alexandre Siniakov me laisse plutôt perplexe. Qu’en penser ? S’il n’était pas moine orthodoxe, et directeur du séminaire orthodoxe à Paris, je pense que j’aurais aimé le livre sans réticence. Mais justement, il EST moine orthodoxe et à chaque page je tombais des nues de découvrir que toute sa vie semble tourner (exclusivement ? excessivement ?) autour de son « cheptel » d’équidés.
Son premier livre qui est sa biographie « Comme l’éclair part de l’Orient » est passionnant, dépaysant et vaut vraiment le détour. Dans son deuxième livre, il ne témoignait déjà plus que de l’arrivée des chevaux et ânesses successifs qu’il recueillait au séminaire.
Mais dans ce troisième livre, il va encore plus loin : il termine chaque chapitre par une phrase ou un épisode de la Bible en lien avec ce qu’il vit au contact de son troupeau. D’où le sous-titre du livre je suppose : « Une spiritualité en harmonie avec la nature et les animaux ». Sous-titre accrocheur et dans l’air du temps. A mes yeux, les quelques références bibliques exprimées dans le livre ne font pas une spiritualité. Son récit est et reste essentiellement un témoignage, vivifiant et très terrestre, d’un homme qui aime les chevaux (et autres animaux) et s’épanouit plus auprès d’eux qu’auprès de ses séminaristes ou de ses paroissiens. Il aurait dû en rester là et j’aurais mieux accueilli son livre. C’est le mélange des genres qui m’a perturbé.
Ainsi, au chapitre 9, il va jusqu’à comparer son cheval souffrant au Christ : « Il faut l’avoir vécue pour imaginer le scandale que représente la mort d’un cheval, de surcroît jeune et vigoureux. Tant qu’on ne l’a pas vue, elle reste inconcevable. D’une part, le cheval est bien plus qu’un animal : c’est un partenaire à qui le cavalier confie sa vie. D’autre part, le cheval incarne la force et la majesté, autant que la grâce et l’humilité. Il est l’Autre de l’Homme, le prolongement charnel du Centaure, et pour cette raison un compagnon souvent plus bouleversant que ses semblables. Parce qu’il est fort et parce qu’il se fait serviteur, il est une figure du Christ. Le voir mourir et ne pouvoir le secourir est presque aussi intolérable que de voir le Fils de l’Homme (le Christ) soumis à la loi universelle de la corruption. »
Tout au long du livre, il m’a donc semblé qu’il avait un amour excessif pour ses animaux couplé avec un désir excessif de s’en procurer de nouveaux (d’une certaine race Turkmène) et qu’il essayait de se justifier en faisant des parallèles avec des versets ou des situations bibliques. La lecture de ses phrases exaltées et de ses désirs m’a rappelé à l’inverse l’adage bien connu « En toute chose, il faut savoir raison garder ».
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C'est un parcours incroyable que nous livre ici le père Alexandre Siniakov. Il est né en 1981 quelque part au fond de la Russie, dans un coin complètement perdu. Il a appris le français grâce à des vieux livres de grands auteurs, comme Victor Hugo et d'autres, qui avaient été mis au rebut dans un placard de la bibliothèque municipale par le régime communiste. Il y découvre une belle figure de prêtre, celui des Misérables de Hugo et s'intéresse à cette vocation, mais pas moyen de trouver une Bible dans ce village !... Tout ce qui pourrait nous paraître simple et évident (on est dans les années 1981-2000 quand même dans ce récit !) est quasi-impossible pour lui dans le fond de sa Russie. Chaque étape de sa vie et de sa vocation est une aventure, avec une bonne dose de Providence divine.
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Né en Russie en 1981, il entre au séminaire à 15 ans puis part, sous l'impulsion de ses supérieurs, en France où il se perfectionne dans la langue française qu'il a appris seul avec le célèbre roman le comte de Monte-Cristo. Une grosse partie du livre nous raconte donc son parcours personnel. J'aurais aimé qu'il traite un peu plus de sa passion, de sa découverte de Jésus de Nazareth.
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