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Citations de Alfonso Gatto (50)


ÉCOUTE LE PAS


Extrait 1

Le soir peut mourir encore en aimant
la lumière qui lui manque, le souffle extrême
de l'air qui déjà lui apporte la nuit.
Sur nous le piège de l'illusion céleste
se referme en silence : c'est l'acte
pour l'acte qui nous décide, l'instinct suprême
de ne jamais rien nous dire qui dans le temps
laisse en suspens un désir ou la lueur
d'un espoir.


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PAUVRETÉ COMME LE SOIR


Extrait 2

Tu restes pure si joyeuse de tristesse
et d'air, ayant voulu

la pauvreté comme le soir pour te
dénuder jusqu'au visage,
jusqu'aux yeux où désespère
cette lumière, je t'écoute

vide aux confins du ciel,
ample et rose dans la clameur
comme une nuée qui revient à son gel,
errante, et se repose.

Tu restes pauvre en oubli
le long du pré qui à son mur
de bleu blanchit ; adieu,
à te quitter même l'avenir,

voix sans mémoire, devient nuit.
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PAUVRETÉ COMME LE SOIR


Extrait 1

Revient pauvre en amour l'herbe
dans le souvenir et le soir elle
n'apporte que cette odeur du
printemps mort,

ces prés frais au voile de la
course, qui dans les yeux des
enfants est presque le ciel, ce
rêve qu'en secret

tu libères, sans le toucher,
comme l'air de tes collines.

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ÉLÉGIE


Père vaincu dans le sommeil
obscur et lointain,
l'enfant t'éveille de la main.
Né de nouveau dans ton rêve il réclame
souvenir du temps qui jeune
courait dans tes yeux,
triste au réconfort de son apparence
il ne veut pas que tu croies
la mort sombre en l'éternité.

Était si doux le ciel alentour,
au souffle et au rythme du soir
tu me portais dans tes bras au frais
sommeil de printemps.
C'est peut-être cela la mort, se rappeler
la dernière voix qui nous éteignit le jour.
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CENDRE


Extrait 2

Ce que nous ne savons pas comme le froid,
comme la neige, descend sur les tombes.
Nous entendîmes le vent souffler aux choses
la pensée que l'ombre les rend seules.

Ce que nous ne savons pas est peut-être le visage,
notre visage que la mort un jour
scellera de son silence : noms,
faits perdus à peine nés, cendre.
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CENDRE


Extrait 1

Ce que nous ne savons pas comme un rêve,
comme la pluie, descend le soir dans le cœur.
Le froid concentre sur les choses la lumière,
la misère sans fin des journaux
abandonnés dans les rues, noms,
faits perdus à peine nés, cendre.

Ce que nous ne savons pas comme un train
seul au monde touche avec les fantômes
aux maisons de brume : de loin
un tintement de grelots, le char
des nuits sereines.

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VIVANTS


Extrait 2

Une maison de rien, juste quatre murs,
fragile mais vivante,
et le soir qui laisse la porte ouverte
et on entend la petite fontaine
on entend la lampe apparue sur la nappe.

Que ne vienne la nuit, que ne vienne la mort
des oisifs rois de pierre,
que ne vienne la loi de la peur.
Qui vit est léger,
est las dans le monde entier.

Qui vit est sans gloire.
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VIVANTS


Extrait 1

Une maison de rien, mais une jeune fille aux volets
et midi était doux de vie,
d'espérances et de peurs.

Midi c'étaient des vapeurs en marche
et les hommes du canal
montrant le blanc de leurs yeux, mais vivants.

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ÉLÉGIE NOCTURNE


Peut-être mon seul souvenir : ta joie
dans la maison là-bas où le soir
apporte l'odeur de la terre et
la calme lumière nocturne, c'est ta vraie voix

celle où jeune tu parles sur le visage
riant des enfants. Sont passées
dans ton regard des nuits limpides
au bruissement dru des étoiles, les façades

voilent des maisons blanches, une fontaine
vibre d'une eau seule à s'écouter
et la ville se déploie au seuil
lointain de la mer. C'est l'âme qui vole.

Sans le savoir, tu nous vouais au chant
de l'homme sans retour, qui toujours disparaît dans le vide
 d'une place,
la mort à nous en étonner parut sortilège, à de rares

voix bruissantes le sommeil fut adieu.
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Alfonso Gatto
Seul qui n'a pas de paix peut la donner.
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