Notre histoire était un diamant brut, à l’éclat intense, qu’il polit délicatement avec ses mains d’artiste. Elle était passionnelle, charnelle, étourdissante. Une spirale qui me demandait tout, voulait tout, prenait tout. Je n’eus pas le loisir de me poser des questions, ni de réfléchir. Je me laissais porter par le courant, par lui. Il montrait le chemin et moi je le suivais en lâchant prise.
Son ode à l’amour est bercée de nostalgie. Je voudrais rejoindre le paradis qu’elle décrit, puisque j’ai trouvé celle avec laquelle, je désire le partager.
“La nuit où je t’ai vu,
J’ai trouvé un rêve, à qui je peux tout dire,
Un rêve, qui m’appartient,
J’ai trouvé un frisson contre lequel posé mes joues,
Tu souris, tu souris,
…
Et nous voilà au paradis.”
Il y a des années, j’ai aimé une personne. D’un amour pur, incroyable, profond, que je pensais à l’épreuve des balles, du temps qui passe, des tours de la vie, mais il ne fallut qu’une seule journée, une simple journée, pour que je comprenne que l’amour ne vaut rien, ne s’appuie sur rien, rien d’autre qu’un peu de chance. Lorsque celle-ci tourne, elle l’emporte dans son sillage et ne laisse que de la colère, des rancœurs, des mots qui blessent. Cet amour me prit toute mon énergie, me laissa vide et creuse comme une coquille, mais j’appris et retins la leçon.
Il fallait à tout prix combler le vide, et surtout ne pas penser, ne penser à rien.
Mon premier palliatif fut le sexe. Lorsque le sexe ne suffit plus, j’y ajoutai l’alcool et de temps à autre, des substances plus fortes et illégales. Je constatai dès le premier essai, qu’ils m’aidaient à me libérer de mes angoisses et supporter le regard des autres. Ces regards qui me transpercent, me percent à jour et me renvoient en pleine face, celle que je suis et que je n’aime pas. Quand je suis bourrée ou défoncée, ces regards n’ont plus la moindre importance.
J’étais jeune et pourtant, déjà fatiguée de vivre. Ma vie était un cauchemar loin duquel je souhaitais ardemment m’échapper. Je mettais un pied devant l’autre, telle une somnambule, marchant sur la corde raide, avec l’espoir d’une chute, qui enfin me libérerait.
La nuit est tombée, mais je n’allume pas, car j’aime être dans le noir et l’obscurité, autour de moi, correspond parfaitement à mon humeur.
Je fus, pris au piège, par toutes les discussions que nous eûmes après l’amour, par son intelligence qui forçait mon respect, par cette personnalité changeante qui me faisait penser que j’étais avec deux filles à la fois. L’ange et le démon, le feu et la glace. Je n’arrivais pas à la saisir et à force d’essayer de le faire, j’en suis tombé amoureux. Parfois, elle me fait penser à une mante religieuse. Elle attire, elle envoûte, elle charme, elle subjugue, elle détruit.
Notre amour se transforma en haine et nous fûmes incapables de lutter contre cette effroyable spirale. Je fus l’instigateur de cette haine. Au bout de huit mois de relation, je franchis la ligne rouge, qui sépare l’amour de la haine. Je la haïssais et voulais la rendre misérable. J’utilisai mes crises de jalousie pour lui exprimer ce que cet amour me bouffait. J’en profitais pour me venger en lui balançant à la figure toutes les horreurs qui me passaient par la tête. C’était un rôle que j’adorais jouer et dans lequel, je l’avoue, j’excellais. Je continuais tant qu’elle n’avait pas fondu en larmes. Quand elles emplissaient, enfin, ses beaux yeux, comme si j’avais gagné les ovations du public et que le spectacle pouvait s’arrêter, je la prenais dans mes bras et essayais de me faire pardonner.
Désormais, elle était une pauvre conne, aux mœurs trop légères et exécrables, dont il me revenait d’éviter la compagnie. Une pute, qu’aucun homme respectable, ne devait s’abaisser à fréquenter.
Pourtant avec elle, je me sentais tous les droits, autorisé à franchir toutes les limites. Adieu les conventions, adieu les règles et vive la liberté. Cette liberté qui nous consumait et menaçait de me brûler vif. Nous étions chair contre chair, souffle contre souffle et je lui fis l’amour avec mes doigts. Nous étions obscènes, nous étions glorieux, nous étions sans limite, nous étions un.