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Citations de Alphonse Karr (105)


Le gouvernement, si toutefois il y a gouvernement en France, ressemble beaucoup à certains bourgeois : si un homme ivre leur demande un peu tard l’heure qu’il est ou le nom d’une rue, ils prennent la fuite et disent à leur femme alarmée qu’ils ont été attaqués par quatre hommes, et que, sans leur courage, leur intrépidité et leur sang-froid, ils auraient succombé.

Le lendemain, entièrement remis de leur frayeur, ils racontent les détails de leur victoire : « ils étaient cinq, des figures de galériens, j’en ai jeté trois par terre, les quatre autres ont pris la fuite. »

Le gouvernement s’invente des ennemis formidables, pour se créer ensuite d’éclatantes victoires.
On a fait un bruit énorme de la capture de M. Auguste Blanqui.
On eût dit que le salut du pays était attaché à la prise de M. Auguste Blanqui.
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Ce qui empêche les intérêts des écrivains, des artistes, des inventeurs d'être suffisamment défendus, c'est le peu d'accord de ceux auxquels cette défense appartient ; je veux parler des écrivains, et surtout des journalistes, qui sont la partie militante et armée.

Et ce peu d'accord vient en partie de ce que beaucoup d'entre eux sont par trop désintéressés dans la question, et de ce que, leur bagage ne constituant pas une propriété, ce n'est que de la propriété des autres qu'ils font bon marché.

L'accord des journalistes sur certaines questions aurait une puissance formidablement invincible. Balzac le comprenait bien, et voici ce qu'il imagina un jour :

Il convoqua sept ou huit de ses amis à un souper en pique-nique dans un cabaret du quartier du Temple ; il y avait à ce souper Merle, qui est mort depuis, en même temps à peu près que Balzac, quelques autres que je ne veux pas nommer sans leur consentement, et celui qui écrit ces lignes.
Voici le plan que Balzac développa :

Chacun des convives avait dans les mains un journal influent et ne devait manquer aucune occasion de s'emparer des autres journaux ; on s'affilierait, d'ailleurs, les autres journalistes qui en vaudraient la peine.

Chaque semaine, on devait se réunir au Cheval rouge ; c'était le nom du cabaret. - Là, après une discussion préalable, on devait adopter un avis commun sur toutes les questions littéraires de la semaine et faire prévaloir unanimement cet avis dans les journaux dont la société disposait, quelles que fussent, d'ailleurs, les divergences politiques de ces journaux.

Dans un temps très-court, une semblable association aurait été extrêmement puissante et redoutable, et aurait exercé une influence irrésistible sur les remplissages de l'Académie et sur les nominations aux diverses places et fonctions littéraires.

Mais on se réunit trois ou quatre fois, et ce fut fini.

Balzac, dont j'ai écrit, le premier et le seul, tandis qu'il vivait : « L'Académie de notre temps veut aussi avoir son Molière à ne pas nommer ; » Balzac avait une personnalité très envahissante, et, dès le deuxième souper, il fut évident pour tout le monde que la société n'avait d'autre but que de louer Balzac et de nier l'existence de tous les autres.
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Alphonse Karr
Plus ça change et plus c'est la même chose.

1849
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Les gens de quelque valeur passent presque tous pour paresseux.
Si la chose est vraie, c’est bien heureux, car sans cela ils serait un peu plus les maîtres du monde que les autres ne le voudraient.

Mais voyons un peu ce que l’on appelle la paresse.

Un esprit supérieur ou délicat ne sert au public que des fruits choisis, des fruits sains et mûrs, des fruits de son propre jardin.

Ces fruits, il faut que le germe s’en développe lentement ; puis les fleurs s’épanouissent sur les arbres.

Oh ! C’est alors le beau moment et la fête du poëte ; c’est le moment de la conception ; c’est le moment où l’idée, encore vague et sans contours arrêtés, voltige devant ses yeux, comme les papillons bleus dans les luzernes. Les fleurs s’épanouissent, les arbres sont couverts d’une neige blanche et rose, et l’air est doucement parfumé d’une odeur que sentent seulement les délicats.
Puis il faut arrêter ces idées, il faut les forcer de prendre un corps, il faut dessiner leurs contours.
Une petite bise froide couvre la terre de la neige rose et blanche.
Puis les fruits commencent à grossir.
Puis quand les fruits sont formés, le soleil vient les colorer.

Le soleil du poète, c’est le regard d’une femme aimée, c’est une grande pensée, une grande conviction ; c’est la haine de l’injuste et de l’absurde ; c’es l’amour de la liberté.

Les fruits sont mûrs, leur velours est teint des plus fines nuances du carmin.
Il s’agit alors de les cueillir et de les choisir en rejetant ceux qui ne sont pas assez mûrs, ou ceux qui, mûris à l’ombre, ne sont pas colorés, ou ceux qui ont été meurtris ou attaqués par un insecte.

Et l’on dit : « il n’y en a guère, voilà un jardinier paresseux ! »

Un autre, au contraire, secoue les arbres tous les matins, ramasse les fruits verts, les fruits aigres, les fruits gâtés ; puis, le panier au bras, va, soit au marché, soit à la maraud. Il ramasse tout, ne choisit rien, ne jette rien.

- A la bonne heure, voilà un homme qui travaille !

A qui réellement en ce temps-ci pourrait-on reproche avec justice d’être paresseux ?

Rossini, par exemple, est regardé comme le type de la paresse.
Eh bien ! Rossini a fait plus de quarante opéras !
Donnez à chacun de vingt inconnus deux de ses opéras, et ces vingt inconnu seront demain vingt musiciens illustres.

Il faut aujourd'hui que l’écrivain vive de son travail, et en vive honorablement. De parasite, il s’est élevé au rang d’ouvrier.

Mais cette indépendance, il faut la payer. On la paye en ceci que chacun écrit un peu plus qu’il ne le voudrait et ne le devrait ;
Qu’il faut porter au marché, sinon tous, du moins presque tous les fruits du jardin ;
Que si l’on rejette encore les gâtés, il faut en admettre quelques-uns qui ne sont pas bien mûrs et d’autres qui sont de forme imparfaite.

De telle sorte que, pour être juste envers un écrivain de ce temps-ci, il faut le juger, non d’après tout ce qu’il a fait, mais d’après ce qu’il a fait de mieux ; élaguer de ses oeuvres ce que la postérité en élaguera et ce que lui-même aurait préféré ne pas publier.
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Comme le matin j'étais à ma fenêtre, j’aperçus, dans un angle, une toile d'araignée.
Le chasseur, qui avait tendu là ses filets, était occupé à réparer des avaries causées, la veille au matin, par quelque proie d'une grosseur imprévue ou d'une résistance désespérée.
Quand tout fut en état, l’araignée, qui était deux fois grosse et lourde comme la plus grosse mouche, marcha sur sa toile sans briser une maille, et alla se cacher dans un coin obscur et se mettre à l'affût.
Je la regardai longtemps ; deux ou trois mouches, volant à l'étourdie, se prirent dans les rêts perfides, se débattirent en vain ; l'implacable Nemrod arriva sur les captives et les suça sans miséricorde ; après quoi elle refit une ou deux mailles rompues et retourna à son embuscade.

Mais voici une autre araignée plus petite, pourquoi a-t-elle quitté sa toile et ses embûches ? Hélas ! c'est un mâle, et un mâle amoureux, il ne songe plus à la chasse ; il est semblable au fils de Thésée :

« Mon arc, mes javelots, mon char, tout m’importune. »

Il s'approche et il s'éloigne, il désire et il craint. Le voici sur le premier fil de la toile de celle qu'il aime ; effrayé de tant d’audace, il recule et s'enfuit, mais c'est pour revenir bientôt.
Il fait un pas, puis deux, et s'arrête. Vous avez vu des amants timides, vous l'avez été vous-même, si vous avez aimé réellement. Vous avez frémi de terreur sous le regard pur et innocent d'une jeune fille ; vous avez senti votre voix trembler auprès d’elle, et certains mots que vous vouliez et que vous n'osiez dire, vous serrer la gorge au point de vous étrangler.

Mais jamais vous n'avez vu un amant aussi timide que celui-ci, et il a pour cela de bonnes raisons. L'araignée femelle est beaucoup plus grosse que le mâle, ainsi que cela est à peu près général dans les insectes.
Si, au moment où le mâle se présente, son cœur à elle a parlé, elle cède, comme tous les êtres, à la douce influence de l'amour, elle s'adoucit comme la panthère, elle se livre à la douceur d'aimer et d'être aimée, et de se le laisser dire ; elle encourage son timide amant, et sa toile ne devient plus pour cet amant aimé, que l'échelle de soie des romanciers.

Mais, si elle est insensible, si son heure n'est pas encore venue, elle s'avance lentement néanmoins au-devant du tremblant Hippolyte qui cherche en vain dans ses traits s'il doit craindre ou espérer. Puis, quand elle est à quelques pas de l'amoureux, elle s'élance sur lui, le saisit et le mange.
(…) Voilà un amoureux qui a le droit de se plaindre des rigueurs de sa belle ennemie. (…)

Celui-ci cependant fut moins malheureux ; la belle s'avança de son côté, il l'attendit quelques instants dans une visible anxiété ; mais, soit qu'il eût aperçu dans sa démarche quelque signe inquiétant, soit que la coquette ne sût pas bien composer sa physionomie, ce que je ne pus distinguer à cause de ses proportions, soit qu'elle laissât voir dans son air plus d'appétit que d'amour, ou encore que l'amoureux ne fût pas atteint d'une de ces flammes intenses qui font braver tous les dangers, il prit la fuite avec une telle rapidité que je le perdis de vue, ainsi que fit sans doute son inhumaine, car elle retourna tranquillement se cacher dans son embuscade attendre d'autres proies.

(...)
Dans cette touffe de mousse verte comme l'émeraude, chatoyante comme le velours, et grande comme la paume de la main, il y a des amours, des haines , des combats, des transformations et des miracles qui nous sont inconnus et que nous n'avons jamais regardés.
Bien plus, dans les grandes choses, et surtout dans ce qui regarde l'homme, la nature semble s'être astreinte à des règles presque invariables, tandis que dans les fleurs et dans les insectes, elle paraît s'être livrée aux plus étranges et aux plus ravissantes fantaisies.
Bizarre manie que celle qui fait que la plupart des hommes ferment les yeux sur tout ce qui les entoure, et ne les daignent ouvrir qu'à cinq cents lieues de leur pays. Eh bien ! m'écriais-je, et moi aussi je vais faire un voyage, et moi aussi je vais voir des choses nouvelles et extraordinaires, et moi aussi j'aurai des récits à imposer !
Faites le tour du monde, moi je vais faire le tour de mon jardin.
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On dit que l’on s’habitue à tout : c’est bien vrai ; mais quelquefois, quand on a un petit moment de réflexion, que l’on a le moment de penser, je dis quelquefois :
« Mon Dieu ! quelle vie ! que je suis malheureuse ! »
(p. 51, Chapitre 6).
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Le bonheur est une neige blanche sur laquelle la moindre chose fait tache.
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Me voilà seul, isolé, sans appui ; ceux qui m’ont rejeté avaient-ils le droit de me mettre au monde sans m’y avoir d’abord préparé ma place ? Le cygne n’a-t-il pas soin de placer son nid près d’une rivière ?
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Cet hiver-là, Albert découvrit qu'il n'était pas plus amoureux de Mme Haraldsen que de toutes les autres femmes, mais que, en revanche, il était aussi amoureux de toutes les autres femmes que de Mme Haraldsen.
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Il est bien fâcheux de ne pouvoir se livrer chez soi à des théories philanthropiques sur des malheurs lointains, sans qu'on soit dérangé par l'aspect importun d'une misère sur laquelle il n'y a pas de discours à faire, ni ce théorie à développer, tant elle est voisine et facile à soulager.
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Alphonse Karr
Le nombre des écrivains est déjà innombrable et ira toujours en croissant parce que c'est le seul métier, avec l'art de gouverner, qu'on ose faire sans l'avoir appris.
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Alphonse Karr
L'incertitude est la pire de tous les maux, jusqu'au moment où la réalité nous fait regretter l'incertitude.
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Alphonse Karr
"En amour, quand deux yeux se rencontrent, ils se tutoient." [ Alphonse Karr ]
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«  Le bonheur n’est pas un gros diamant , c’est une mosaïque de petites pierres harmonieusement rangées » ...
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Alphonse Karr
Si l'on veut gagner sa vie, il suffit de travailler.
Si l'on veut devenir riche, il faut trouver autre chose.
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Alphonse Karr
Alphonse KARR / Sous les orangers / M. Lévy frères 1859
« Et les miroirs donc ! comme ils sont changés ! On ne sait plus faire aujourd’hui un miroir qui ait le sens
commun. Dans ma jeunesse on les faisait très-bien ; c’était plaisir de s’y regarder, on s’y voyait le visage
plein et vermeil, les yeux vifs, les dents blanches ; — mais aujourd’hui on y est affreux. »
< p.100 >
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Alphonse Karr
Alphonse KARR / Les Guêpes (première série) / Calmann Lévy 1898
« L’amour, d’ordinaire, ne dure que jusqu’au moment où il allait devenir raisonnable et fondé sur quelque
chose. »
< Juin 1840, p.265 >
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Alphonse Karr
Alphonse KARR / Sous les orangers / M. Lévy frères 1859
« On appelle volontiers meilleur ce qu’on n’a pas. L’homme a adroitement placé son bonheur dans des
choses impossibles et son malheur dans des choses inévitables. »
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Alphonse Karr
En France , la justice est gratuite .C'est vrai , mais la procédure est ruineuse .
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Alphonse Karr
Alphonse KARR / Encore les femmes / M. Lévy frères 1858
« L’opposé de la débauche, ce n’est pas la pruderie, ce n’est pas l’austérité, ce n’est pas l’abstinence : c’est
l’amour. »
< p.60 >
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