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EAN : 9782329597096
145 pages
Hachette Livre BNF (07/04/2021)
3.25/5   2 notes
Résumé :
Les mille et un romans. t. 9, Geneviève / par Alphonse KarrDate de l'édition originale : 1845Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristique... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
A la fois romanesque et positif, Alphonse Karr tente cette alliance si rare du rire et des larmes, d'une douce gaité jointe au sentiment.

Ayant perdu son mari et son amant, Madame Lauter se réfugie avec ses deux enfants chez son frère.
Là se nouera entre les enfants du frère et de Madame Lauter une de ces amitiés enfantines que l'adolescence tourne si vite en amour ; Léon aimera ainsi Rose Chaumier et Geneviève Albert.
La famille Chaumier est aisée, les Lauter n'ont rien et cette séparation matérielle insignifiante à l'enfance sera réelle à l'âge adulte.
Les Chaumier seront courtisés et fréquentés par de hautes familles parisiennes tandis que les Lauter vivront avec leur coeur.

Léon, qui a du talent sur le violon donne des leçons et mène cette terrible vie si commune à Paris à l'époque : cet enfer de misère où chaque repas est une conquête, où le renouvellement d'un chapeau est un dilemme et où toute son ambition est que sa soeur ne manque de rien (belles robes, souliers, rubans) quand lui se contente de bottes suspectes et d'habits tachés d'encres…

Et Geneviève dans tout cela ? Une fleur précocement fanée et blessée mortellement par la flèche barbelée de l'amour malheureux et impossible qui lui a traversé le coeur : elle qui aimait Albert se contente de l'écouter partager ses aventures et ses bonnes fortunes avec ses divers amourettes et un mariage raté motivé par l'argent.
Je lui reproche d'être un peu vaporeusement dessinée, Geneviève se perd dans les autres figures du roman et sa posture résignée et son sens du sacrifice l'évince trop du reste.


L'originalité se trouve dans le goût du paradoxe de l'auteur qui met en contraste certaines oppositions non sans humour :

- Il pose un bourgeois avare, le frère de la mère Lauter, refusant un sou à un mendiant, très despote dans sa famille, tandis que ce personnage ne manquera pas d'être un chaud partisan de l'abolition de l'esclavage et un membre assidu de sociétés philanthropiques.

- le bon indice d'un adultère flagrant ? C'est la femme qui, autrefois grondeuse, devient paisible comme un agneau et aux petits soins pour son époux, c'est donc qu'elle le trompe.

- Une surabondance ridicule de luxe d'une famille parisienne résumée par cette jolie formule : « Il s'agissait, comme dans beaucoup de dîners, beaucoup moins d'être agréable aux gens qu'on recevait que de les écraser par l'opulence de la maison »

Un peu d'humour léger :
Albert fait régulièrement du pied sous la table à une petite noble et est enchanté d'avoir du répondant… mais à son grand étonnement, il découvre un jour qu'en réalité il ne faisait du pied qu'au cousin de la fille, et que ce cousin pensait lui-même avoir conquis le coeur de la fille en lui faisant du pied, double quiproquo cocasse.

La tristesse nous émeut aussi sans nous violenter outre-mesure :
Au lieu de recourir au suicide, Léon prend son violon et son coeur à deux mains, et rassemble la foule autour de lui dans les Champs-Elysées. Il y a une belle lutte contre le malheur et cette victoire, remportée sur la fausse honte de l'amour-propre est dignement rapportée.

Les chapitres ne se ressemblent pas, on y trouve réunis ici de charmantes descriptions de coquets paysages, là des épisodes d'une vie de garçon, des scènes joyeuses d'atelier entre artistes, des amours de jeune fille, racontées avec une touchante naïveté.

Ici et là un peu de prose sur l'image classique du papillon :

« Jusqu'ici, son coeur n'a connu que l'existence incomplète et les grossières sensations de la larve et de l'informe chrysalide ; mais voici le papillon qui s'agite dans sa prison de soie ; un rayon de soleil, un regard d'amour va lui donner l'essor ; il va secouer ses ailles plissées et humides, s'épanouir comme une fleur, et s'élever au ciel en abandonnant sa misérable dépouille, ses haillons d'hiver, sur le sol où il ne se posera plus »

Malgré tout, si j'ai été très impressionné par la verve de l'auteur dans les 100 premières pages, sa douce gaité mélancolique nous harponne au milieu de l'oeuvre en nous perdant dans un labyrinthe d'aventures parallèles (car on suit la vie de 4 personnes différentes). La fin nous réveille efficacement mais est un peu expédié. Quant aux personnages, il n'a pas donné suffisamment de maturité aux jeunes filles (Geneviève et Rose) qui ne sont que de banales filles de l'époque sans grands intérêts notables.

Cela reste un livre simple, au sens humble, sans moyens violents et où quelques bonnes phrases d'une perspicacité et d'une nette lucidité accompagné d'une jolie prose font pétiller de temps en temps la lecture.
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Que voilà un texte qui fleure bon son dix-neuvième siècle ! On y trouve tous les ingrédients traditionnels du genre : les amours contrariées, les malentendus du coeur, les revers de fortune, les coups du sort, le grand frère protecteur de sa petite soeur, les provocations en duel, le happy end qui n'en est finalement pas vraiment un, etc.
Et pourtant la mayonnaise, à mes yeux, a beaucoup de mal à prendre. Sans doute d'abord parce que les ficelles sont souvent trop grosses. C'est ainsi que le lecteur ne peut pas ne pas très vite deviner qui est en réalité Anselme, ce deus ex machina par l'intermédiaire de qui tous les problèmes vont, au bout du compte, miraculeusement se résoudre.
Ensuite parce que de nombreuses digressions, bien souvent gratuites, viennent, à intervalles réguliers, casser le rythme du récit. C'est ainsi, par exemple, que les longues incursions, qui se veulent drôles, dans « l'atelier des artistes » ne font en rien avancer l'action et semblent plaquées là de façon tout à fait arbitraire.
Enfin parce qu'Alphonse Karr, qui s'était tout d'abord rêvé poète, ne peut pas s'empêcher de s'offrir, de temps à autre, de grandes envolées lyriques. Un mélange des genres qui n'est pas forcément heureux.

Restent des portraits bien campés. Celui de Rosalie qui trompe son mari parce qu'il ne lui est pas reconnaissant de ne pas le tromper. Celui de Chaumier qui vaporise sa bonté sur les malheurs lointains, mais qui ignore superbement ceux qu'il pourrait réellement soulager. Celui enfin de Modeste, la domestique qui veut jouer à la patronne et tenir les rênes de la maison.

Restent aussi des moments savoureux. Celui, par exemple, où Albert et Rodolphe, ayant des vues sur la même femme et lui faisant du pied sous la table, croient l'un et l'autre qu'elle répond à leurs avances alors que ce sont, en réalité, leurs pieds à eux qui se font la conversation.

Un ouvrage intéressant tout autant que décevant qui ne me laissera certainement pas, au bout du compte, un souvenir impérissable.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Cet hiver-là, Albert découvrit qu'il n'était pas plus amoureux de Mme Haraldsen que de toutes les autres femmes, mais que, en revanche, il était aussi amoureux de toutes les autres femmes que de Mme Haraldsen.
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Il est bien fâcheux de ne pouvoir se livrer chez soi à des théories philanthropiques sur des malheurs lointains, sans qu'on soit dérangé par l'aspect importun d'une misère sur laquelle il n'y a pas de discours à faire, ni ce théorie à développer, tant elle est voisine et facile à soulager.
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Videos de Alphonse Karr (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alphonse Karr
CHAPITRES : 0:00 - Titre
F : 0:06 - FLATTERIE - Madame de Sévigné 0:15 - FOU - Delphine Gay 0:25 - FOULE - George Sand
G : 0:34 - GAIETÉ - Robert Poulet 0:46 - GOUVERNEMENT - Marmontel
H : 0:58 - HABITUDE - Pierre-Adrien Decourcelle 1:09 - HOMME - Victor Hugo 1:19 - HOMME ET FEMME - Alphonse Karr 1:32 - HONNÊTES GENS - Anatole France 1:46 - HORLOGE - Alphonse Allais 1:56 - HUMOUR - Louis Scutenaire
I : 2:06 - IDÉAL - Marcel Pagnol 2:17 - IDÉE - Anne Barratin 2:29 - IGNORANCE - Charles Duclos 2:42 - IMBÉCILE - Louis-Ferdinand Céline 2:55 - IMMORTEL - Jean Richepin 3:05 - INJURE - Vauvenargues 3:14 - INTELLECTUEL - Alexandre Breffort 3:25 - INTELLIGENCE - Alain 3:35 - INTÉRÊT - Albert Willemetz
J : 3:46 - JEUNES ET VIEUX - Decoly 3:56 - JEUNESSE - Jean-Bernard 4:09 - JOIE - Martin Lemesle 4:22 - JOUISSANCE - John Petit-Senn
L : 4:33 - LARME - Georges Courteline 4:46 - LIBERTÉ - Henri Jeanson 4:57 - LIT - Paul Éluard
M : 5:05 - MALADIE - Boris Vian 5:18 - MARIAGE - Édouard Pailleron
5:31 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Madame de Sévigné : https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775498-madame-de-sevigne-biographie-courte-dates-citations/ Delphine Gay : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5e/Delphine_de_Girardin_1853_side.jpg George Sand : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/09/George_Sand_%281804-1876%29_M.jpg Robert Poulet : https://www.belgiumwwii.be/belgique-en-guerre/personnalites/poulet-robert.html Jean-François Marmontel : https://www.posterazzi.com/jean-francois-marmontel-n-1723-1799-french-writer-stipple-engraving-french-c1800-poster-print-by-granger-collection-item-vargrc0085347/ Pierre-Adrien Decourcelle : https://www.mediastorehouse.co.uk/fine-art-finder/artists/henri-la-blanchere/adrien-decourcelle-1821-1892-39-boulevard-des-25144380.html Victor Hugo : https://www.maxicours.com/se/cours/les-funerailles-nationales-de-victor-hugo/ Alphonse Karr : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9c/Personnalités_des_arts_et_des_lettres_-_Alphonse_Karr_%28Nadar%29.jpg Anatole France : https://rickrozoff.files.wordpress.com/2013/01/anatolefrance.jp Alphonse Allais : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/alphonse-allais-faits-divers.html Louis Scutenaire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Scutenaire#/media/Fichier:Louis_Scutenaire,_rue_de_la_Luzerze.jpg Marcel Pagnol : https://www.aubagne.fr/actualites-109/marcel-pagnol-celebre-dans-sa-ville-natale-2243.html?cHash=50a5923217d5e6fe7d35d35f1ce29d72#gallery-id-4994 Anne Barratin : https://www.babelio.com/auteur/Anne-Barratin/302855 Charles Pinot Duclos
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