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Critiques de André Léo (8)
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La Commune de Malenpis conte

C'est en lisant le très intéressant livre d'histoire et d'histoire de la littérature La Commune des écrivains que j'avais noté le nom d'André Léo. Derrière ce pseudonyme masculin se cache une femme, une Communarde engagée qui s'est battue et qui a combattu, notamment pour les droits des femmes. Quatre ans après la Semaine sanglante elle écrit ce "conte" du fond de son exil.

"Conte" oui, au premier abord. S'il n'y a pas la formule traditionnelle "il était une fois", l'intrigue se déroule dans un pays non nommé, imaginaire, mais qui nous ressemble, avec un style qui semble faussement naïf. Les personnages sont monolithiques, et d'ailleurs leur caractère est indiqué par leur nom : Lavisé, Pingrelet, Legros... On croirait lire une utopie : pas de débats politiques car les décisions sont prises par les sages du villages, pas de délit, pas de grandes inégalités sociales...

L'élément perturbateur est l'arrivée d'un Prince, le prince Parfait. Il rallie à lui les habitants par de petits cadeaux, dragées, bonbons, décorations honorifiques, les "hochets qui mènent les hommes" comme disait Napoléon. L'envie, le désir de paraître, l'ambition, s'introduisent donc dans le village et menacent donc l'ordre établi. En termes modernes, on dirait que les cadeaux électoraux, les fausses promesses et la propagande ont séduit les citoyens... Et le premier ravage de ce nouveau système, c'est la perte des filles, séduites puis abandonnées enceintes par les soldats du prince et le prince lui-même.

André Léo expose alors ses idées de façon très pédagogique, par l'intermédiaire de l'apologue ou de la fable. Ce sont des idées sociales - asile pour les personnes âgées, orphelinat pour les enfants abandonnés, des idées politiques et économiques socialistes, marxistes : impôt sur le revenu pour taxer les plus riches, pacifisme, liberté d'expression, importance de l'instruction publique pour former des esprits critiques, libres, qui sachent raisonner. J'ai particulièrement aimé ces lignes sur l'éducation.

Certaines allusions à l'histoire récente du XIX ème siècle sont assez transparentes, tout comme d'autres résonnent curieusement avec notre présent : l'inflation des matières premières, es scandales financiers de boursicoteurs, les guerres menées dans l'intérêt personnel d'un dirigeant dont les peuples sont les principales victimes...

Heureusement, c'est grâce à l'intervention des femmes et de l'instituteur que la liberté revient dans le village.

Si le style peut sembler naïf et les idées exposées de façon bien appuyées, cela correspond au genre du conte. Et ces idées se révèlent très modernes, notamment par leur féminisme. Une intéressante découverte.
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La guerre sociale

Ce discours tenu à Lausanne par une féministe française, André Léo, défend les milliers de communards victimes de la répression féroce exercée par le pouvoir versaillais en 1871. Elle y rappelle que le peuple parisien entendait lutter contre les privilèges, rétablir l' instruction publique pour ses enfants et se battait pour la liberté et la fraternité. Ils n'étaient en rien des bandits sanguinaires. Elle apporte son propre témoignage de communarde contre les calomnies propagées à l'encontre des Fédérés par le pouvoir et la presse.

J'ai découvert une belle figure de femme, éclairée par l'introduction de Michelle Perrot , historienne de la classe ouvrière.
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La guerre sociale

En ces périodes de scrutins si compassés, un très fort et beau texte sur la Commune par une militante engagée et féministe. Ce discours, dont la qualité littéraire est évidente, remet en perspectives les événements de la guerre civile en France de 1871, et souligne ses fulgurances plus que ses dérives - séparation de l'Eglise et de l'Etat (déjà!) - face à une répression tellement plus violente que celle de la Terreur de 1793. Une vigueur trop rare, dont feraient bien de s'inspirer nos candidates actuelles.

Seul regret : un texte court et qui eût pu aisément s'accompagner d'autres documents d'André Leo sur le même sujet.

Dans l'ensemble, une bien saine lecture...
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Ecrits politiques

Jamais le sentiment d’indignation qui s’est élevé en moi ne s’apaisera !



L’éditeur, dans son introduction fournit des renseignements bibliographiques sur l’autrice (1824-1900). Il souligne, entre autres, son engagement pour l’émancipation des femmes, « En 1868, elle contribue à l’élaboration du programme de la Société de revendication des droits de la femme », sa participation aux luttes sociales et à la Commune, « Son ralliement est clair, l’insurrection parisienne est légitime », ses activités littéraires. « Figure emblématique du féminisme au XIXe siècle, André Léo a dérangé son temps, militante révolutionnaire, sa participation à la Commune de Paris montre qu’elle avait su lier la question de l’émancipation des femmes à la réalité sociale, sa vie entièrement vouée à la cause des pauvres, critique de la bourgeoisie et de la religion, elle fit valoir par ses écrits, romans, essais, articles, contes, la nécessité d’un éducation scientifique pour que le changement social aboutisse »…



Dans ce livre consacré aux écrits politiques, sont abordés les « américains » à Paris, l’éducation, la Commune et sa répression, la religion et notamment l’appareil ecclésiastique catholique, la place des femmes dans la société.



Dans L’école primaire démocratique, André Léo, aborde la Société pour la revendication des droits civils de la femme, un plan pour l’école primaire laïque, l’esprit autoritaire, les besoins légitimes des individus, la substitution des connaissances à la révélation, la préparation « des citoyennes et des sujettes », l’aide à l’initiative des enfants « au lieu de la combattre », la liberté humaine comme droit, la curiosité et l’activité…



Dans un autre texte, l’autrice précise, l’éducation des filles « doit être celle de l’être humain ». Elle critique la contrainte et le catéchisme, la lettre sans l’esprit, l’école comme « pépinière de sujets pour la monarchie ». Elle parle de respect de la liberté de l’enfant « parce qu’il n’y a pas d’autres moyens de savoir être libre que d’exercer sa liberté », du plein développement « des forces, des aptitudes, des facultés » que seule permet la liberté, de droits, « l’enseignement fait à l’enfant de ses droits pour qu’il puisse les revendiquer et les défendre »…



Je souligne les pages sur la Commune, les Toutes avec tous, la démocratie et la liberté, « Il ne s’agit plus aujourd’hui de la défense nationale, mais au lieu de se rétrécir, le champ de bataille s’est agrandit. Il s’agit de défense humanitaire des droits de la liberté », Versailles et Mr Thiers, « Le coffre-fort est Dieu et l’Assemblée de Versailles est son prophète », l’Appel aux consciences, les pauvres partisans sublimes, « La femme au champ de bataille, dans la guerre pour le droit, c’est la certitude dans la foi ; c’est l’âme de la cité disant au soldat : je suis avec toi. Tu fais bien », la révolution et les femmes, « croit-on pouvoir faire la révolution sans les femmes ? », la liberté et la responsabilité de toute créature humaine, « sans autre limite que le droit commun, sans aucun privilège de race, ni de sexe », les inconséquences des révolutionnaires, l’égalité et la liberté, « il ne peut y avoir d’égalité sans liberté, ni de liberté sans égalité », le complot monarchique, « Le trône n’est autre chose qu’une barricade à l’usage des aristocraties », l’extermination des démocrates et l’écrasement de Paris, le droit d’asile refusé les déportations, la foi de ces gens-là, « mais au dessus de leurs saints, ils ont Dieu, le Privilège, et sur son autel, ils sacrifient leurs ressentiments et leurs divisions »…



Le dernier texte proposé dans ce livre s’intitule « Coupons le câble ! ». Une charge contre la religion et plus particulièrement les institutions de l’église catholique, Ignace de Loyola et tous les moyens employés pour « continuer le règne de la Foi », la caste ecclésiastique, la castration des cerveaux dès l’enfance, la haine de la liberté de conscience, les dévots, « Tous les rois ne pas croyants ; mais ils sont dévots »…



Je n’ai pas suivi l’ordre du livre. Je garde pour la fin le texte « La femme et les moeurs ». Un texte de 1869.



« Dans cet élan passionné qui fit tomber tant de chaînes, qui reconnut l’homme dans l’esclave et fit du serf un citoyen, la femme, qui le partagea, fut oubliée ; on n’y songea pas ». André Léo parle de la Révolution, de l’égalité, de Condorcet et de sa défense de l’égalité des sexes, du retour des femmes à la littérature et à la philosophie, « Tout voyage a ses repos ; mais de halte en halte on avance », de 1830, des vices du mariage, des socialistes, « Les socialistes seuls avant 48 avaient posé la question du droit de la femme », de 1848, « Il y eut en 48 un mouvement féminin », de la candidature de Jeanne Deroin, de la protestation de Pauline Roland, des saint-simoniens et de l’égalité des salaires, de mademoiselle Daubié, de la misogynie – et du refus de l’égalité – de Pierre-Joseph Proudhon, des réponses aux insultes de celui-ci par Juliette Lambert « Idées anti-proudhoniennes » et par J. d’Héricourt « La femme affranchie », de droit, « Son droit, dont s’irrite le pouvoir de l’homme, est en question ; l’inquiétude et la défiance éveillées mettent de coté l’ancienne courtoisie, et sans vouloir la traiter en égale, déjà on la traite en adversaire »…



L’autrice aborde les infanticides et les avortements, la dépendance et l’objectivation, « Par la dépendance matérielle où elle est tenue, écartée de presque toutes les fonctions sociales autres que serviles, et réduite à un salaire insuffisant, on la force, ou à se vendre dans le mariage en échange d’une protection souvent illusoire, ou à sa louer dans des unions temporaires : – On en a fait un objet », la soumission, l’idéalisme, « Il est beau de vivre les pieds dans la boue, les yeux dans les nuages », la part de la « moitié de l’humanité »…



L’autrice discute de travail – elle rappelle que les femmes sont les « premier ouvrier de l’humanité », « la première bête de somme »-, de force physique et de résistance, « Depuis quand est-il établi que la force physique et l’intelligence soient en raison directe l’une de l’autre ? », de cerveau et de conclusions pseudo-scientifiques, d’instruction égalitaire, des rapports entre individus et de l’humanité, « Mais il n’y a pas plus d’histoire, de langage et de littérature sans la femme qu’il n’y a d’humanité », de sciences, « Mais depuis quand les effets comptent-ils à part des causes », des préjugés et de pauvreté, « Le préjugé s’ajoute à la pauvreté pour les refouler dans une ignorance systématique », de réduction des femmes comme « agent de reproduction, ou de plaisir », de maternité et de soins maternels, « C’est dans ce point unique cependant qu’on veut absorber et fondre toute la destinée de la femme », de travail et d’indépendance, « Pourquoi cette peur insensée, illogique, de la connaissance, de la réflexion, du libre développement de l’être ? Parce que de la connaissance dérive la volonté, comme de l’ignorance l’incertitude. Qui pense et qui sait veut ; tous les despotes sentent cela »…



André Léo insiste sur certains points, les femmes ne disposent librement « de quoi que ce soit », l’impunité matérielle et morale des hommes se considérant comme « suzerain » des femmes, l’opposition entre devoirs et droits, « Qu’on cesse d’élever les devoirs de la femme contre ses droits », les privilèges masculins, « Quand on a mis en poudre le droit divin, c’était pour que chaque mâle (style proudhonien) en pût avoir une parcelle », la justice réclamée « en la déniant à autrui », la solidarité des droits, « tous les droits sont solidaires », la hiérarchie sociale, la prostitution, « la femme, égale de l’homme dans la société, c’est la prostitution à jamais détruite », le prétexte usé de tous les despotisme : « l’ordre », le remplacement du mot hommes par « êtres humains », la réalisation complète des trois grands termes : liberté, égalité, fraternité, « Tous les hommes naissent libres et égaux en droits » et l’autrice d’ajouter : « Chaque époque a ses clartés et ses ténèbres. Celle-ci fut un orage, et l’éclair incomplet n’embrasa pas tout le ciel »…



Pour ne pas toujours recommencer à zéro, il faut étudier ces féministes oubliées par les présentations réductrices en « vague ». Et parmi elles, ne pas oublier, les femmes de 1848, les saint-simoniennes, les insurgées de la Commune…



Il est surprenant qu’un texte comme « La femme et les moeurs » ne serve pas plus souvent de référence dans les combats d’émancipation des femmes…






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Aline-Ali

André Léo de son vrai nom Léonie Béra est née le 18/08/1824 à Lusignan. Elle est journaliste, puis écrivaine. Elle vient de la moyenne bourgeoisie. Elle reçoit une éducation à l'esprit ouvert sur le monde paysan, l'importance des études, la place de l'homme dans la cité. Ce qui lui forge une première réflexion sur ces contemporains. Elle se marie avec Pierre-Grégoire Champseix, ancien rédacteur de

la « Revue Sociale » et de « L’Éclaireur du centre » deux feuilles libérales.

"Ma soeur, j'ai rompu vis-à vis de toi le silence insensé que gardent les femmes les plus malheureuses vis-à-vis de leurs propres filles."

Le bonheur est sur les sommets courageusement gravis; c'est la fleur embaumée de toute œuvre qui, plongeant dans le sol de fortes racines, s'épanouit sous le ciel, trop haut pour être aperçue de ceux qui rampent.
Lien : http://liberta-revolutiona.o..
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Légendes Corréziennes

Femme engagée native de Lusignan dans la Vienne, révolutionnaire et communarde, Victoire Béra dite André Léo a laissé de très nombreuses œuvres. Ce livre est paru en 1870
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La Commune de Malenpis conte

Victoire Béra, dite André Léo, née le 18 août 1824 à Lusignan. Elle décéde le 20 mai 1900 à Paris. Romancière, journaliste militante féministe entre socialisme et anarchisme, membre de la Première Internationale. Après l’échec de la Commune (1871), André Léo échappe à la répression de la « semaine sanglante ». Elle s’exile en Suisse et continue à écrire.



J’ai découvert André Léo, en passant par la Vienne 86. Depuis, je m’engouffre dans ses mots. Cette auteure est surprenante par la modernité de ses propos.



En lisant la commune Malenpis je me suis surprise à faire un parallèle à l’actualité politique de la France. Tant la ressemblance avec certains personnages est évocatrice des luttes de classes pour retrouver la liberté. Elle évoque bien entendu le combat des femmes pour être reconnue dans la république.



J’aime à penser que les valeurs qui transpirent dans cet ouvrage ont inspiré Christophe André, Mathieu Ricard quand ils parlent de la bienveillance, de la philosophie comme remède aux maux de la société.

« Il y avait, dans un pays près d’ici, mais fort petit et qui ne se voit pas sur la carte, une commune indépendante de tous les peuples voisins, qui se gouvernait à sa guise, en raison de vieilles chartes qu’elle avait. » quand tout à coup, à cause de l’avidité de quelques-uns la royauté s’installe avec son lot d’injustices et de misères. Comment la population va-t-elle réagir ? » Un conte écrit il y a presque 150 ans mais avec de terribles résonances actuelles où comme l’a chanté Jean Ferrat, la femme est plus que jamais l’avenir de l’homme… Bruno Essard-Budail
Lien : https://educpop.fr/2022/05/2..
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La guerre sociale

Un discours d'une générosité qui claque comme un drapeau.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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