Si je nourris mes vaches à l'herbe, je n'ai pas de prime; si je nourris mes vaches au maïs ensilage, j'en ai une. [...] Quel encouragement au développement du système fourrager maïs-soja, malgré ses conséquences néfastes :
dépendance en protéines importées, érosion des sols (le maïs est une des cultures qui laisse le plus longtemps la terre sans protection), pollution par les nitrates et les pesticides, pollution de l'eau et aussi de l'air ! La culture de maïs est si répandue et si intensive que l'eau de pluie contient désormais de l'atrazine, un désherbant du maïs employé à tour de bras depuis 30 ans.
(L'atrazine est aujourd'hui interdit dans l'Union Européenne).
Le cultivateur-éleveur qui a l'immense fierté de léguer à ses enfants une terre saine et fertile-non pas l'agriculteur productiviste des exploitants qui meurtrissent leur terre.
Par quelle aberration, abandon de tout bon sens, en est-on venu à récolter, transporter, distribuer, loger, ramener les déjections au champs ? On reste abasourdi.
Ce n'est plus de l'élevage, c'est de l'industrie; ce ne sont plus des paysans, mais des industriels.
Sans parler des tempêtes, des inondations, dont la violence a été aggravée par l'arasage intempestif des talus et des haies, par les terres nues entre deux récoltes de maïs-fourrage, par les drainages des zones humides. Ces paysages saccagés sont les tristes symboles de cette démesure agricole. Et c'est aussi notre cadre de vie, qui fait notre joie de vivre, qui est ainsi brisé. L'agriculteur, façonneur et gardien du paysage au cours des siècles passés, en est devenu le principal destructeur, encouragé et subventionné pour accomplir ce forfait. Parfois de façon invisible : la terre nourricière, sa terre, est en sursis, à cause de la disparition de l'humus dans les zones de grande culture spécialisée, à cause de l'accumulation des métaux lourds comme le zinc ou le cuivre contenus dans les lisiers, à cause de l'accumulation des phosphates aussi. Où est passé ce bon sens paysan qui faisait entretenir ce patrimoine en – bon père de famille - ? L'eau, la terre, l'air dégradés par l'agriculture industrielle, c'est l'équilibre géologique ancestral qui est rompu par des techniques brutales qui ont fait fi des lois agronomiques les plus élémentaires. Tout cela signe la faillite du système au plan environnemental.
Quelle crédibilité accorder désormais au pouvoir élu face à quelques lobbies, si ceux-ci font la loi aussi facilement ?
Une seule priorité : ne pas déplaire à la toute puissante FNSEA.
La vache est un animal extraordinaire, elle a une barre de coupe à l’avant et un épandeur à l’arrière.