Ô chair, chair chaude et triste et tendre chair, pauvre et douce enivrée, toujours victime d'un éternel élan, toujours volant au bonheur ; belle de tout charme et de toutes promesses, vouée à te trahir en les trahissant toutes ; rieuse qui suce du sang, pleureuse qui peut rire encore ; que l'on t'aime d'être si périssable ; que tu es touchante d'être le caprice des caprices, plus sujette au changement et à la ruine que le pétale au vent ; toi qui n'est rien, sans qui pourtant le tout ne peut rien être ; chair de la fleur, chair de l'amour, chair de l'enfant, tiède jeu de l'esprit, doux mirage de l'âme, siège de la douleur, rose des vents.