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Citation de ThibaultMarconnet


M. Charles se demandait en tremblant s’il allait, une fois son père parti, retrouver la musique perdue. Toute son attention était requise par cette angoisse. Il en est d’ailleurs toujours ainsi : quand nous enterrons un être qui ne nous est pas indifférent – je ne parle pas de l’être aimé – si nous voulons bien faire un effort pour débarrasser notre esprit de toutes ses douleurs secondaires, nous ne trouvons, tous les voiles ayant été rejetés, qu’une toute petite momie ridicule, morte depuis longtemps et qui nous donnait l’illusion de la vie que parce que nous en avions besoin. Tous les voiles étaient à nous et non pas à l’être disparu. Il ne nous reste plus qu’à les ramasser au bord de la tombe, à leur enlever l’effroyable souillure de la mort et ensuite à nous promener, ces voiles sous le bras, à la recherche d’un être sain et beau que nous envelopperons de nouveau, qui mourra étouffé sans doute bien vite. Rien ne nous disant qu’il est mort, nous continuerons à vivre en sa compagnie.
Toute vie est suspendue à une mort. Nous attendons, craignons, désirons toujours la mort de quelqu’un. La haine est le désir de voir mourir son ennemi – avec tous les déguisements, tous les affadissements que peut prendre ce sentiment. L’amour n’est que la crainte de voir mourir l’être aimé – avec tous les émois que peut donner la crainte de sa décomposition.
(p. 74-75)
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