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Citations de André de Richaud (85)


André de Richaud
Minuit vint.
Minuit disparut.
Minuit dix parut.
Minuit vingt.
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Au fond, peut-être suis-je mort et peut-être c'est cela l'Enfer : vivre seul, sans besoins et sans amours.
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Le repas se termina par les fruits qu’aimait Hugues : les pommes dont le feu ne réchauffe que l’épiderme et dont l’intérieur est comme un marbre frais. Les poires presque liquides, sur lesquelles le couteau glisse comme sur du cuir, puis qui se crèvent par surprise. Les raisins qui ont passé un mois sur les claies, à la chair plissée, dont le sucre s’est concentré et qui, déjà, après avoir été les choses les plus naturelles du monde, les présents directs de la terre, sont devenus des sucreries précieuses, comme nées de l’art des hommes.
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"Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?" Voila le grand mot lâché. L'enfant qui vient au monde le dit dans son langage, et c'est la dernière fois que sa parole cadre exactement avec ce qu'il veut dire !
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Les grands arbres faisaient une voûte au-dessus de la rivière et on avait l’air d’être dans une crypte verte. Par les interstices des branches, le soleil passait et faisait des ronds jaunes sur l’eau. De grands iris d’eau se miraient, dorés dans l’eau claire. Les végétaux de toutes sortes envahissaient les rives : longues guirlandes allant d’un arbre à l’autre, pierres moussues, graviers blancs, et, au-dessus de tout cela, ce grand silence, ce grand silence du monde dont le bruit de l’eau qui coule mollement, révèle la majesté...
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Quand on me parlait de ma facilité, c'était, bien sûr, pour sous entendre que je ne m'en servais pas assez. Comme si -- parce qu'on a quelque talent -- on avait été créé et mis au monde pour, tous les ans, ou tous les deux ans, faire son petit caca en trois cents pages ou en quatre actes !... p 16
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Tous les vieux meubles étaient enfouis dans une ombre épaisse, pareil à un beau velours noir.Ils étaient immobiles, comme un troupeau de bêtes endormies qui rêvent. Que ce fût l'hiver ou l'été, c'est-à-dire qu'au dehors le vent soufflât chargé d'une pluie glacée ou que le grand soleil tordît les arbres et les hommes dans ses mains de feu, les choses se passaient toujours de la même façon depuis vingt ans.Peut-être au mois de mai, le vieux bois des fauteuils est-il triste de ne pas sentir circuler dans ses veines la sève qui court dans tous arbres du pays ?
Peut-être au début de l'hiver certains objets se réjouissent- ils de voir le feu ? M.Charles n'y prenait pas garde.Il vivait seul.Son piano était pour lui l'unique bête intéressante du troupeau immobile et silencieux.Il le flattait de la main, défendait qu'on l'approchât.

( Grasset, Cahiers rouges, 2005)
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Il n'était pas fou.On a tort de croire qu'une perte graduelle de raison équivaut à un gain progressif de folie.Peu à peu, à mesure qu'il s'était avancé dans le monde des sons et des harmonies, il avait remplacé la raison par du vent et non par de la folie.Une petite partie du cerveau lui restait, parfaitement saine; quand il n'était pas sous l'influence de la musique, il redevenait un paysan assez cultivé, amoureux de la nature et de la solitude.

( Grasset, Cahiers rouges, 2005)
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(...) Le pardon quotidien d'avoir vécu un jour de plus. Chaque matin, il se demandait s'il avait le droit de vivre ce jour qui se levait, coupable d'avoir négligé son âme la veille. Il l'avait retrouvée, cette âme, un jour, en cherchant n'importe quoi dans le grenier. Il ne l'avait pas reconnue tout d'abord. C'était une vieille défroque. Rutilante autrefois et mangée par les mites à présent. (...)

Il avait rencontré Mario, et Mario avait juré de repriser l'âme, de faire briller le clinquant encore et d'en faire un vêtement présentable.
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Thiodor

Mon père était comptable dans une grande épicerie, c'est-à-dire qu'aux odeurs écoeurantes qui règnent dans toutes les maisons très modestes, se mêlaient, quand il était chez nous, celles du fromage, du pain d'épices, et de l'alcool à brûler, odeurs qui me ravissaient (...)Pour les autres, sans doute, un pauvre niais derrière une petite grille et qui vous rendait la monnaie avec un être bête, entre deux pains de sucre. Pour moi, une sorte de Dieu, qui apportait d'un monde mystérieux, chaque soir, des senteurs magiques. (p. 10)
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-Au lecteur qui me connaît-

Vous insistez surtout sur -les inexactitudes- Inexactitudes en regard de quoi ? En quoi un rêve est-il inexact ? Et qu'est-ce qu'un vrai roman, sinon un rêve ?
Parce que vous avez reconnu certaines silhouettes parmi mes personnages. (...)
D'abord, posons une fois pour toutes que ce que vous avez lu est un roman, donc une oeuvre d'imagination. Ensuite que je ne suis pas-obligé- de faire rire ou d'émouvoir quelques lecteurs (voyez si je suis modeste !) périodiquement. Je ne travaille pas aux pièces. (p.29)
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Hugues était peu sensible à la musique. Pour lui, elle n'arrivait jamais à être aussi significative que les grands silences enflammés de la campagne, en été, ou les silences bleus et chargés de cris d'oiseaux qui se forment, au-dessus des maisons solitaires, les nuits d'hiver.
Son père l'admiration de mépriser- ou tout au moins de méconnaître- ce qui avait été la grande passion de sa vie; ce qui lui avait fait abandonner tous les sortilèges du monde pour venir terminer son existence dans cette maison, aux limites de la terre.Parce son fils préférait le silence à la musique, il en avait déduit qu'il était d'une essence encore plus précieuse que lui-même et Dieu sait s'il se jugeait bien !


( Cahiers rouges , 2005, 1ère édition 1932)
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Le Feu

-Tu ne serais pas fou, par hasard ? dit-il à Hubert.
Celui-ci savait la réponse exacte qu'il aurait pu faire à une question aussi naïve, mais il resta muet. Il lui avait toujours semblé que les choses qu'on dit, les fonds de l'âme qui se diluent dans l'air, ne vous appartiennent plus, se solidifient dans les mains des autres et peuvent devenir contre vous des armes redoutables. (p; 76)
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Le Feu

il regarda un moment Hubert avec curiosité. Le prisonnier pensa voir dans ses yeux une sorte de peur. Avec tristesse car, depuis son enfance, il aurait voulu être aimé de tout le monde. Plus précisément depuis le jour où il s'était rendu compte qu'il était orphelin. Tout un gros bouquet d'amour s'était effeuillé devant ses yeux, glaïeuls et chrysanthèmes mordorés et il s'était trouvé face-à-face avec le village qu'il ne connaissait pas et qui paraissait, lui, ne pas le voir. (p. 70)
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La tête de bronze souriait de plaisir, car la main du jeune homme était la seule qu'elle ait senti, depuis des années, et les choses comme les gens, aiment les caresses.

( Grasset, Cahiers rouges, 2005)
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La lecture

il y avait quelque chose de religieux d'ailleurs dans la façon dont les Joly abordaient la chose écrite. Et l'oubli qu'ils avaient dès que la dernière page était tournée et la couverture rabattue avait quelque chose de surnaturel. Pendant la lecture que, à tour de rôle, ils se faisaient à haute voix, ils ne s'adressaient pas la parole, étant tous deux transportés dans un autre monde. (p. 54)
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Je n'ai jamais touché mon front depuis vingt ans ; je ne sais pas si mes cornes ont poussé : j'eus parfois des démangeaisons tentatrices, mais je résistai.
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Maintenant, une chose : si, parfois, au cours de ces récits, vous rencontrez des expressions qui vous étonnent, qui sentent un peu la poésie démodée - par exemple, tout à l'heure : "la lune sonnait"... - c'est que j'ai lu dans ma jeunesse. J'ai lu et j'ai un faible pour ces expressions un peu brodées, un peu orfévrées. J'essaye de m'en défaire, mais ne m'en veuillez pas : c'est mon seul plaisir. Et vous avez pu entrevoir déjà que je n'en ai guère. Oui, j'aime, de temps en temps, quand j'écris avec platitude, tomber sur une phrase qui scintille comme un diamant. On a l'air de le trouver dans la cendre. Alors, n'allez pas vous dire que c'est ma tête ou ma plume qui trouve toutes ces gentillesses, mais que ces phrases sont toutes faites dans quelque coin du ciel et que, selon leur bon plaisir, elles viennent se mêler à mon écriture, comme des oiseaux.
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Nous sentons qu'au fond de nous-mêmes, notre mort s'apprête, parce que nous ne pouvons faire la preuve essentielle de notre vie.
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Polyte

Et, hébétée par la rage et la fatigue, l'innocente Noémie, pensant que, sans cette harpie, elle aurait pu rencontrer un second mari, acheter un boa comme celui de la femme du pharmacien, et perfectionner son piano, allait faire chauffer le café au lait.
Elle se complaisait dans son rêve.Quand elle rencontrait quelque bonne femme du village, elle s'entraînait à lui tenir une conversation bien ordonnée. Elle ne voulait pas perdre l' habitude du français pour le cas où, la vieille ( *sa belle-mère) étant morte,- si cela arrivait jamais, elle rencontrerait le prince charmant qui l'emmènerait à la ville.

( p.105)
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