Le premier soir, il leur faut rouvrir le lit-cage qui, depuis la dernière et si lointaine permission, gît contre le mur du fond.
Dans ce lit dont les montants de fer ne servaient plus qu'à faire sécher le linge derrière la table de travail, Léo s'endort mal, décollée de sa mère, et leurs chairs pareillement douces, leurs tiédeurs par le passé si souvent confondues s'appellent sans fracas, en un imperceptible grésillement qui persiste au- delà de la nuit. Elles se manquent.
Dans le grand lit partagé, malgré l'ampleur du corps qui prend une place immense et lourde, Jeanne a plus froid, se sent plus seule qu'avant le retour du soldat.