Comme Brigham est fiduciaire de l'Eglise des Saints des Derniers Jours, l'argent récolté pour la cause passe nécessairement entre ses mains et, par la suite, n'en ressort que rarement.
Brigham eut alors recours à l'argument de prédilection des leaders mormons : les révélations. Il prétendit que le Seigneur lui était apparu et lui avait dévoilé qu'elle lui était destinée. "Amelia, tu dois devenir ma femme. Le Seigneur me l'a annoncé. Tu ne peux gagner ton salut qu'auprès de moi. Si tu te scelles à moi, je t'élèverai au rang de reine dans le royaume de Dieu. Si tu refuses, ton corps et ton âme seront condamnés." Amelia croyait au bien-fondé des révélations et vénérait Brigham, le sauveur du peuple mormon. Lui désobéir revenait à désobéir à Dieu lui-même, puisque Ses commandements lui étaient directement révélés. La pauvre supplia, protesta et pleura à s'en fendre l'âme, mais rien n'y fit : les décisions du Prophète sont sans appel.
Elle (Mme Curtis) fut une victime de plus de la polygamie, cette horrible doctrine qui piétine le cœur des femmes, les ronge de l'intérieur et réduit leur âme en cendre.
Prendre une nouvelle épouse, c'est comme acheter une vache
Pendant 6 ou 7 ans, la frénésie des massacre était monnaie courante dans les magnifiques vallées de l'Utah, le sang humain coulait à la moindre provocation. Si un homme nourrissait de la rancune envers un autre, ce dernier mourrait mystérieusement sans que la justice ne puisse jamais être rendue par les tribunaux mormons. Si un homme se montrait irrespectueux envers les autorités de l'Eglise, il disparaissait et personne n'entendait plus jamais parler de lui.
Le Prophète voit toujours d'un très mauvais œil que ses disciples prennent leur indépendance, soit parce qu'il redoute de les voir prendre des initiatives sans le consulter et échapper ainsi à son contrôle, soit parce qu'il est simplement jaloux de leur prospérité.
La polygamie laisse des blessures qui, au lieu de cicatriser avec le temps, ne font que se creuser davantage et transformer la vie en véritable enfer.