Glendon Swarthout -
Homesman .
Une de nos libraires vous présente «
Homesman » de
Glendon Swarthout publié aux éditions Gallmeister. http://www.mollat.com/livres/swarthout-glendon-
Homesman-9782351780763.html Notes de musique : "RUNNING WATERS" par Jason Shaw (http://audionautix.com/index.html)
Alors que le vent expirait dans un cul-de-sac du canyon et que, dans son sillage, l'air devenait calme et immobile, les arbres continuaient de bouger. Ils frémissaient encore sous l'effet des rafales disparues, le murmure du deuil. Ils étaient tristes. Ils semblaient pleurer le souvenir du vent.
Les larmes étaient les armes des femmes, qu'elles dégainaient quand aucune autre n'avait fonctionné.
Le cerveau des hommes était pareil aux essieux en bois. Ils avaient besoin d'être graissés, de temps à autre.
Il se demanda s'il existait une façon de mesurer la solitude. (…) Il se demanda s'il existait une façon de mesurer l'âme.
Les cow-boys sont la preuve vivante que les Indiens enculaient les bisons.
Cette phrase m'accueillit à Harding, Nouveau-Mexique.
Si on ne branche pas très tôt un gosse sur les livres, il est perdu pour la vie. Pratiquement illettré. La télévision.
Le froid revint ce jour-là, crachant de petits flocons épars comme s'il avait oublié comment faire pour neiger.
Nous naissons les mains souillées du sang des bisons. Dans notre préhistoire à tous apparaît la présence atavique de la bête. Elle broute les plaines de notre inconscient, elle piétine notre repos, et dans nos rêves nous crions notre damnation. Nous savons ce que nous avons fait, nous qui sommes un peuple violent. Nous savons qu'aucune espèce n'a été créée pour en exterminer une autre et la vue de ces dépouilles éveille en nous un plaisir inavouable, une haine des plus vivaces, un sentiment de culpabilité des plus inexpiables. Un bison vivant nous nargue. Il n'a pas sa place parmi nous et nous n'avons pas besoin de lui, il est comme un enfant bâtard, un monstre avec lequel nous ne pouvons pas vivre et dont nous ne pouvons nous passer. C'est pourquoi nous le massacrons, et le massacrons encore, car tant que demeure vivant un seul bison, le péché de nos pères, et donc le nôtre, est incomplet.
À cet endroit, la montagne ressemblait à l’abdomen nu d’une femme, morte et mutilée. Dans ses entrailles fécondées par Phelps, Dodge et Douglas, il y avait des creux, des courbes et des collines étagées sur cent soixante kilomètres et, extrait de ses flancs comme par césarienne, à l’aide de pioches et de pelles, un enfant à un milliard de dollars, fait de cuivre, d’or et d’argent, soufflé, arraché et fondu, avait vu le jour. Le pick-up dont le pot d’échappement pétaradait dévalait la pente sur les cendres des Chinois et des mineurs, sur les tombes des prostituées et des joueurs, s’éloignant de la puanteur acide de la cupidité pour se fondre dans l’innocence de la nuit.
Elle ouvrit suffisamment la porte pour m'étudier. J'avais composé ma tenue de voyage avec un goût parfait. Ce matin-là, je portais un costume prince de galles croisé gris et rose à double fente Windsor, coupé par Zegma en Italie. Ma chemise en soie et jersey rose fluo était signée Pucci, ma cravate en foulard de soie mauve se mariait avec la pochette adéquate, et je chaussais des bottines noires en vachette d'Alan McAfee, de Londres. Sans oublier, évidemment, mon chapeau tyrolien en velours, orné d'une touffe de poils de blaireau.
- Mon Dieu ! s'exclama-t-elle.
- New-York, dis-je.