Inactive. C’est ainsi que la société me définit. Il me semble pourtant qu’aucun mot de la langue française n’est plus mal employé que celui-ci, car, avec trois enfants à élever, je n’ai pas l’occasion de paresser.
Je me sentais privilégiée. Rester à la maison me permettait de ne pas trop presser mes enfants le matin et de ne pas les récupérer le soir, éreintés par une trop longue journée. J’espérais leur raconter des tonnes d’histoires, leur construire une vie dynamique pleine d’activités intéressantes. Je voulais les éveiller, jouer avec eux. J’imaginais des parties de cache-cache endiablées où chacun rirait à gorge déployée. J’allais être une maman jolie, épanouie, joyeuse.
Petit à petit, je me glissais donc dans la peau d’une femme que je détestais. J’avais l’impression de passer complètement à côté de ma vie. Je regrettais amèrement mes choix. Mes enfants avaient de plus en plus de force, de tempérament et de résistance, tandis que je m’affaiblissais chaque jour un peu plus.