Conversations at 34 Beacon: Anne Fausto-Sterling (en anglais)
Dans la chirurgie génitale corrective des intersexes, le critère de la jouissance n'est pas prioritaire. On réduit les clitoris, on crée des vagins impénétrables, on multiplie les examens médicaux au point que certaines femmes intersexes se plaignant de frigidité disent entretenir un "rapport gynécologique" avec leur sexe, il n'importe: une femme doit avoir un petit clitoris et un vagin, même s'ils ne lui servent strictement à rien, ou pire: même s'ils deviennent la cause de souffrances chroniques et d'incapacités sexuelles.
Que le corps soit construit dans un processus biopsychoculturel ne veut pas dire qu’il n’est pas réel ou matériel, mais qu’il n’existe pas un état de nature qui pourrait être saisi en dehors du social, nous vivons dans un monde genré où nous somme en permanence lus et interprétés dans les catégories de genre
Il existera toujours des personnes extrêmement masculines. Simplement, certaines sont des femmes. Et dans mon entourage, certaines personnes des plus féminines sont bel et bien des hommes
nous ne devons jamais perdre de vue que nos débats sur le corps sont toujours aussi des débats moraux, éthiques et politiques sur l’égalité sociale et politique, et sur les possibilités de changement. Rien de moins n’est en jeu
Ce qui a la plus grande importance, c’est le genre adopté par la personne, sans rapport avec ce qui se trouve réellement sous ses vêtements
L’argument central de ce livre est que les vérités sur la sexualité humaine que créent les chercheurs en général et les biologistes en particulier ont partie liée avec les combats politiques sociaux et moraux portant sur nos cultures et sur nos économies
De plus, la vie intime de ces personnes (besoins particuliers, problèmes, attraits et dégoûts) n’a jamais été explorée par les scientifiques. En me fondant sur ce qui est connu d’eux, je suggère néanmoins que ces trois intersexes (herm, merm et ferm) méritent d’être pris en considération comme des variantes sexuelles supplémentaires. J’irais d’ailleurs plus loin en affirmant que pour moi, le sexe est un continuum modulable à l’infini qui ne tient pas compte des contraintes imposées par les catégories, fussent-elles au nombre de cinq. (p. 45)
Nous ne commencerons à comprendre comment le genre et la sexualité pénètrent le corps que lorsque nous apprendrons à étudier à la fois la symphonie et les gens qui l’écoutent
Je me propose de démontrer l’interdépendance de ces propositions en examinant notamment : comment les scientifiques – au quotidien, dans leur vie, leur expérience, leur pratique médicale – produisent des vérités sur la sexualité, comment nos corps intègrent et confirment ces vérités et enfin comment ces vérités façonnées par le milieu social au sein duquel les biologistes exercent leur métier, façonnent à leur tour notre environnement culturel
Je propose donc que nous changions de vision (comme si nous mettions des lunettes en 3D), pour voir la nature et la culture comme un système dynamique indivisible