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Citation de Cielvariable


Crier en toute impunité sur la grand-place de la nuit, face à la mer. Jamais eu un tel espace et la nuit tout entière pour l'emplir de tout moi dans un cri. Crier avec les autres. Mêlé aux autres. «Nora et Olivia». Crier tout d'abord avec plaisir. La voix poussée à sa limite extrême de voix vivante. Puissance délivrée dans ma gorge et ma poitrine. Le cri qui ricoche contre les rochers. Moi tout entier sorti dans mes cris. Mes cris dépassant mon corps, à travers mon corps, atteignant le monde, les rochers et la mer. Encore un peu et Nora et Olivia ne seront plus prononcés du tout pour moi. J'en viens au hurlement pur, sans mots distincts. Me déchirer la poitrine. Hurler pour tous ceux de Griffin Creek qui sont avec moi, prononcent encore distinctement «Nora Olivia», appellent trop doucement, ont besoin pour exprimer l'épouvante, plus que d'aucune syllabe distincte, du cri informe, profond de la bête qui appelle. Je crois que la lune se couche et va disparaître. Le ciel d'après la lune et d'avant le soleil est triste à mourir. Entre lune et soleil se glisse l'heure sombre, épaisse, gluante, plus poignante que la brunante. Si Nora et Olivia se trouvaient là cachées dans l'aube grise, à dix pieds de nous, on ne les apercevrait même pas. Je crois que je pleure à présent. La gorge brulée d'avoir trop crié. Je guette la première lueur de l'aube sur la mer.
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