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Critiques de Anneli Jordahl (30)
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Les Filles du chasseur d'ours

Sept sœurs, des sauvageonnes incapables de fonctionner en société, les filles du chasseur d’ours tué par un plantigrade. Maintenant que la mère est morte elle aussi, l’heure des comptes a sonné. A présent leur survie dépend d’elles et elles seules. Elles décident de se casser dans la forêt, dans une cabane de chasse, loin du reste de l’humanité, selon l’enseignement reçu de leur père.



Dans les forêts profondes de Finlande, nous partageons le quotidien de ce clan de sept filles, semblables à une meute, violentes, grossières, bêtes parmi les bêtes. Un quotidien fait de labeur et de combats. Une lutte pour la survie mais aussi lutte de pouvoir, les plus forts ont recours à la violence contre les plus faibles, et ces dernières cherchent à s’éloigner, vers la monde où brille la lumière de l’église, de l’école et de la bibliothèque. Un conte féroce, sensuel, extravagant et cru. Un livre assez dérangeant.



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Les Filles du chasseur d'ours

[Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle 2024]



La narratrice, écrivaine débutante, ethnologue amatrice, se passionne pour sept sœurs que, dans la région de Finlande où elles habitent, on nomme habituellement les filles du chasseur d’ours. Tout le monde connaît ces sept filles à la chevelure roux flamboyant : elles sont les filles d’une légende, le chasseur d’ours, et elles viennent vendre les produits de la forêt et leurs trophées de chasse à la foire qui a lieu à la ville quatre fois par an. À la fois craintes et admirées, elles suscitent la curiosité parce que personne ne sait vraiment comment elles vivent. Même le pasteur qui s’est occupé de l’enterrement du père ne réussit pas à les apprivoiser. Qui sont-elles vraiment ? Quelle enfance ont-elles vécue ? La narratrice est avide de détails...

***

Anneli Jordahl divise son roman en trois parties dont les titres donnent une idée de la trajectoire des filles : La Ferme, La Cabane au milieu de nulle part, La Ville. Elle choisit un découpage très cinématographique, me semble-t-il, avec 16 chapitres numérotés (les épisodes) et des sous chapitres (les scènes). Je vous laisse découvrir le rôle des passages en italique. Johanna, l’aînée, 20 ans, s’applique à être une réplique du père : violente, féroce même, elle chasse et prend la tête du clan. Suivent, dans l’ordre de leur apparition dans le récit, Tania et Aune, vraies jumelles, très différentes l’une de l’autre ; Elga, la plus jeune et sans doute la plus brillante, celle qui a soif de savoir ; l’autre couple de jumelles, Tiina et Laura, elles aussi très dissemblables ; et Simone, « celle qui prend Dieu le Père et la Bible au pied de la lettre » (p. 23). Sans oublier la mère que toutes méprisent tout autant que les diverses tâches qu’elle accomplit seule, qu’il s’agisse du travail de la terre ou de la maison. Elle vit le quotidien d’une mère de famille nombreuse qui doit en plus s’occuper de tout à la ferme. Le père est une figure, un monument d’égoïsme et de brutalité. Un seul personnage sympathique dans cette smala, l’oncle Veikko, le frère de la mère, conteur talentueux et réputé, qui leur apporte épisodiquement un peu d’intérêt, de bienveillance et d’ouverture sur le monde.

***

La plus grande partie du récit se déroule dans les bois, d’abord à la ferme, à 10 kilomètres du premier voisin, puis dans la cabane de chasse, en pleine forêt primaire, à la frontière de la Suède, à 150 kilomètres de toute habitation. Après la mort des deux parents, les filles s’imposent, à la fois par fidélité au père et sous la contrainte de Johanna, un style de vie qui les mènent à la catastrophe. Et puis l’hiver en Finlande, sans isolation ni électricité… Les relations claniques initiées par le père sont excessivement malsaines. Il a décidé de couper sa famille du monde contemporain, mettant en avant sa dangerosité, surtout pour des filles. On verra au fil du récit que sa détestation de la civilisation est à géométrie variable pour ce qui le concerne. La fascination qu’il exerce sur ses filles les poussent à se comporter comme lui : elles sont vulgaires, sales, méchantes, brutales, cruelles, bagarreuses, ivrognes, grossières et j’en passe. Pourtant, quand on décèle leurs failles, on en vient à éprouver de l’empathie pour certaines d’entre elles. Pour ma part, pas pour toutes… J’ai trouvé ce roman très original. L’autrice nous présente une nature qui ne fait pas de cadeau, dans laquelle la survie est sans cesse un travail et une lutte. J’ai regretté plusieurs longueurs et des situations répétitives, les nombreuses plongées dans l’alcool par exemple. En revanche, j’ai beaucoup aimé la construction comme la place et le rôle accordés à la narratrice. Les explications de cette particularité viennent à la toute fin. Il faut sans doute lire ce roman un peu comme un conte, une histoire de clan composé de femmes qui tentent de construire un mode de vie selon le modèle qu’elles ont toujours connu, celui des relations de dominant (au masculin singulier) à dominées (au féminin pluriel). Certaines réaliseront, petit à petit, qu’on peut vivre autrement.

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Les Filles du chasseur d'ours

Elles sont 7 et forment un clan , celui des filles Leskinen. Chevelures rousses, sauvages, éprises de liberté, les filles du célèbre chasseur d’ours vivent en forêt, totalement isolées du reste du monde. Respectant les règles de leur père, elles se suffisent à elles-mêmes et refusent toute aide extérieure. Mais c’était sans compter sur un hiver très rude et des tensions de plus en plus fortes…



Les filles du chasseur d’ours est le premier roman de Anneli Jordahl et c’est une véritable réussite. Sur plus de 440 pages, l’auteur nous emporte avec ses guerrières aux mains nues, en plein cœur d’une nature sauvage. On s’enivre à leurs côtés, on souffre de la faim, du froid, on courbe l’échine sous les coups et on ne voit en l’homme qu’une brute impitoyable.



L’histoire des sœurs Leskinen court sur plusieurs années. Elles perdent leur père vénéré, puis leur mère violente et grossière. Elles quittent la ferme familiale qui tombe en ruines pour vivre dans leur cabane de chasse, à plus de 150km de la première âme.



Leur père a toujours parlé du monde extérieur comme un endroit nocif, toxique, qu’il faut fuir à tout prix. Les filles doivent rejeter toute forme de faiblesse, ignorer les fragilités de chacune et toujours s’endurcir. Le clan doit rester souder mais en refusant les failles, la fatigue ou le découragement.



Mais doucement, insidieusement, les doutes s’installent. Et cette liberté tant recherchée se transforme en captivité. Les dissensions apparaissent, les sœurs n’ont plus les mêmes rêves, les mêmes désirs d’avenir… Les plus fortes font tomber les coups, mais ce n’est plus suffisant. La peur ne réunit plus… et la bière brune non plus…



Les filles du chasseur d’ours sont attachantes et on les quitte à regrets. Parce que leur histoire virevolte dans le souffle du vent et s’enracine aux pieds des grands pins, elles se pensent plus féroces et sauvages que la nature. Privé de la chaleur et de la confiance en l’être humain, le clan des 7 va s’effacer fatalement… Les grands espaces ne suffisent plus à leur survie… Mais la légende des sœurs Leskinen vient de commencer…



« Nous vivons de notre force et de notre rage »
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Les Filles du chasseur d'ours

Avec une audace un peu crue, Anneli Jordahl parvient à concilier l'engouement pour le nature writing et l'attirance pour les" manuels de survie à l'usage des jeunes filles" en emportant ses lecteurs dans les forêts primitives de Finlande et en multipliant par sept le nombre de ses guerrières.



Car les soeurs Leskinen ne sont pas de fragiles créatures à la recherche d'un protecteur mais des sauvageonnes qui ne viennent en ville que pour vendre des peaux et des champignons à la foire.

" Que savait-on au sujet des sœurs ? Les réponses se contredisaient. Des inadaptées, de pauvres filles incapables de fonctionner en société, affirmaient la plupart. Pensez donc, elles ont grandi sans télévision, sans ordinateur ni téléphone portable. Ca fait dix ans qu'elles n'ont même plus de téléphone fixe. Elles ne sont pas allées à l'école. Elles savent sans doute à peine lire. "



Si la narratrice est fascinée par ces sept filles à la chevelure rousse, elle n'est pas seule dans ce cas. Déjà parce que leur père était un chasseur d'ours légendaire. Ensuite parce qu'elles ont grandi en meute loin du monde. Et aussi parce qu'il semble émaner d'elles un "eco-erotisme", à la manière d'une écosexualite qui prône la recherche du plaisir dans les contacts avec la nature. Elles n'hésitent d' ailleurs pas à provoquer leurs clients par des danses obscènes pour vendre leurs queues de renards.

" Ce qui les distinguait, c'était l'odeur. Une odeur acre et tenace de sève de pin, de sueur et de sexe pas lavé. "



Si Anneli Jordahl ne nomme pas cette sexualité, elle se diffuse cependant tout au long du roman. De nombreuses scènes évoquent la nudité et le plaisir éprouvé lors des baignades en eaux glacées, les saunas, les bains de boue et la masturbation compulsive de Tiina, l'une des sœurs lors de ces sorties dans la forêt. De même, l'autrice ne rend pas ses héroïnes dépendantes des hommes pour obtenir du plaisir et, au contraire, les relations charnelles ont des conséquences négatives, comme la fausse couche ou la perte de l'argent familial.



Le roman propose une immersion olfactive surprenante. On perçoit bien sûr les odeurs de la forêt, autre héroïne du livre, avec ses parfums de mousse, d'écorce, de fougères, de lacs et de ruisseaux. Mais aussi un vaste nuancier d'odeurs corporelles : sueur, pets, rots et sexes féminins qui trouvent leurs équivalents dans le langage grossier employé par les sœurs.



Aussi violentes dans leurs comportements que dans leur vocabulaire, les sœurs sont d'abord envisagées comme une entité avant d'acquérir progressivement une identité personnelle. A mesure que les plus jeunes se détachent de l'emprise du père, elles vont développer une sensibilité particulière que l'on ne pouvait soupçonner lorsqu'elles étaient présentées en meute.

Chacune d'entre elles va développer sa singularité et devenir attachante, même si l'issue pour certaines sera plus tragique.



Ce récit de survie en milieu hostile pour jeunes amazones finlandaises a des accents féministes qui relèvent du conte avec cette mythologie des sept sœurs, commune à plusieurs cultures.

Il n'empêche que l'écriture de l'autrice est résolument moderne et que son propos s'adresse aux jeunes femmes d'aujourd'hui soucieuses d'échapper aux stéréotypes et de trouver leur propre voie vers l'émancipation.



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Les Filles du chasseur d'ours

Finlande. Sept sœurs de 12 à 20 ans, se retrouvent livrées à elles-mêmes après la mort de leur père vénéré, célèbre chasseur d'ours et de leur mère détestée, méprisée. Au lieu de se diriger vers la ville et la société, élevées dans la méfiance et la haine des administrations, du gouvernement, de l'école, elles décident de quitter la ferme familiale qui tombe en ruine et de s'enfoncer loin dans la forêt primitive, à 150km de la plus proche ville, sous la direction de leur sœur aînée. Mais leur projet de vivre en autarcie, totalement indépendantes, sans électricité, sans eau, en se nourrissant sur la nature se heurte à la réalité d'un hiver particulièrement rigoureux qui va conduire à la séparation du clan qui jusque-là était resté soudé sous la poigne violente de la sœur aînée. Chacune prend alors un chemin différent.

Ce qui m'a frappée dans ce roman, au-delà de la violence omniprésente, que ce soit celle de l'extérieur (viol, bagarres,...) ou de l'intérieur, encore plus sauvage, entre les sœurs, c'est l'absence total d'amour maternel, paternel, entre homme et femme, entre sœurs. Celles-ci n'ont pas eu d'enfance, élevées à la dure; elles boivent comme des trous et fument cigarettes sur cigarettes ou mégots sur mégots.

Très prégnantes également, les sensations olfactives provenant de la nature (humus, écorce, boue...) mais aussi des corps négligés (sueur, saleté, aisselles, pieds, sexe...) et les sensations auditives (pets, rots, grognements, ronflements...).

Ce roman est un récit féroce, cruel, très cru que j'ai lu tel un entomologiste qui observe une espèce inconnue, sans affect, sans empathie car il m'a paru assez invraisemblable, proche du conte comme il en existe tant en Finlande. Il offre une vision cauchemardesque de la famille où règne la loi du plus ou de la plus forte, où les plus faibles sont les têtes de turc des plus fortes, où les coups tiennent lieu de lien familial, où la liberté devra se gagner de haute lutte contre ses propres sœurs, en faisant éclater la cellule qu'elles formaient toutes les sept.
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Les Filles du chasseur d'ours

Les filles du chasseur d'ours, un nouvel avatar du genre de Nature Writing, très à la mode, ces temps-ci ? Pas vraiment, car ce récit d'émancipation féroce en dynamite les piliers, montrant un environnement hostile et la difficulté de vivre ensemble au sein d'un petit groupe, loin de la civilisation, fût-il composé de sept sœurs, héritières d'un père qui leur a appris à se méfier de la société. Le livre de la Suédoise Anneli Jordahl ne fait pas dans la dentelle avec ces jeunes femmes livrées à elles-mêmes, au sein d'une hiérarchie imposée qui encourage la rébellion de certaines, eu égard aux caractères très dissemblables de ces héroïnes. L'autrice ressuscite au passage le souvenir du regretté Arto Paasilinna, qui nous a enchanté durant de nombreuses années. Mais la manière de Anneli Jordahl est bien plus corsée, la vulgarité ne lui pas peur, alors que l'humour, robuste, emplit des pages où l'on s'ennuie jamais des moments passés auprès de ces rebelles qui boivent, fument et éructent, au nez et à la barbe des bêtes de la forêt primitive finlandaise, non loin de la frontière suédoise, à 150 km des premiers voisins. Chacun tirera les enseignements de ce retour à la nature forcené, avec une dernière partie de roman moins ébouriffante mais toujours passionnante, où la domestication de ces sauvageonnes emprunte des chemins évidemment pas orthodoxes. Anneli Jordahl a écrit bien d'autres romans, pas encore traduits en français, qui le seront peut-être à l'avenir , pour permettre de découvrir si Les filles du chasseur d'ours, à la santé tonitruante, marque une exception dans l’œuvre de l'écrivaine ou, au contraire, trace une continuité dans le peu politiquement correct. A suivre, espérons-le.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Les Filles du chasseur d'ours

Comment ne pas être emballée par cette lecture, je ne sais pas, pour ma part, je m’en suis pourléchée les babines. Entre le roman d’aventures et le conte, le roman d’Anneli Jordahl m’a procuré beaucoup de plaisir et j’ai passé un délicieux moment de lecture. Un texte écrit avec beaucoup d’humour et de poésie.



Je venais de lire « Le petit prince », et me voilà bien loin de la petite rose et de ses quelques épines. Ici, le féminin, c’est de la bombe, des sauvages furieuses, pas éduquées qui vivent sur une autre planète dans l’anarchie totale. Sept sœurs qui ont le caractère bien trempé de Calamity Jane et qui vivent comme Robinson Crusoé dans une forêt primaire.



Ces femmes enfants aux caractères si différents et complexes sont parfois touchantes et naïves dans leur rapport aux autres, elles sont cependant très violentes entre elles avec beaucoup de rapports de force. Le retour à cette nature primaire décuple les traits de caractère. Malgré sa beauté, cette forêt sauvage, nature féroce et meurtrière, n’est pas faite pour ces jeunes filles même si leur courage est immense. Liberté ou confort social, un compromis sera finalement trouvé ou pas selon la nature de chaque femme.



J’ai adoré ce récit, d’autant que je viens moi-même d’une sororie de quatre filles. J’en connais les rivalités et cet amour infini qui dure malgré toutes nos différences.

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Les Filles du chasseur d'ours

Le clan Leskinen, 7 sœurs à la chevelure de feu, sauvages mais surtout ce sont les filles du chasseur d'ours. Ils vivent en marge dans une ferme isolée avec la mère. Les relations sont conflictuelles au sein de cette famille. Le père, qui part parfois des semaines en forêt pour chasser l'ours, est le pilier central de la vie de ses filles qui l'adorent, au détriment de la mère. A la mort de leurs parents, les filles se retrouvent livrées à elles-même. Les ennuis commencent...



Lorsque Johanna, l'aînée décide de les faire traverser 150 km pour rejoindre une cabane de chasse perdue au milieu de la forêt, le périple s'annonce ardu. La nature est presque un protagoniste à part entière dans ce livre. Sauvage, elle fait endurer le pire aux filles : le froid, la faim, la lutte pour survivre. Un quotidien parfois acerbe, surtout pour la plus jeune d'entre elles qui rêve d'école et de sortir de ce trou à rats. Le clan pourtant s'entraide et tente de vivre en autarcie, de la vente des peaux et de petites créations. Mais les coups, lorsqu'ils pleuvent, sont insupportables, tout comme d'être priver de chaleur et de nourriture.



La suédoise Anneli Jordahl nous plonge avec fluidité dans la vie de ces 7 sœurs qui ne sont pas des demi-portions. Habituées à vivre loin de la civilisation et à se méfier de leur prochain, c'est souvent avec de la bière noire qu'on les retrouve le soir, pleines d'ivresse. Qu'on aime ou qu'on déteste, ce conte attire et séduit par sa force d'écriture.



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Les Filles du chasseur d'ours

Les romans de nature writing sont de plus en plus demandés en librairie. Quoi de mieux que se retrouver en pleine forêt en restant dans son canapé.



Dans ce roman, on part en forêt avec 7 sept sœurs. Les sœurs Leskinen sont les héritières d'un chasseur d'ours local qui a une grande notoriété pour ses peaux.



Ses 7 filles lui vouent presque un culte. Elles vont perpétuer la notoriété de ce père qu'elles ont pour la plupart en adoration.



Dans sa vision du père tout puissant, ce roman m'a rappelé le lac de nulle part de Pete Fromm L'image du père s'effrite au fil des pages qui tournent.



C'est assurément un roman qui va me hanter souvent. Me hanter dans le bon sens 😅 même le livre fermé, je restais habitée par les ours, la forêt, le froid de cet hiver rude qu'elles ont traversé. Leur folie aussi, ainsi que leurs croyances, leurs ivresses forment une ambiance de roman où j'ai adoré plonger.
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Les Filles du chasseur d'ours

Elles sont sept sœurs et elles vivent dans le nord de la Finlande. À moitié sauvageonnes, elles ont grandi en marge de la société, sans jamais aller à l’école, élevées à la dure par un père, légende locale aussi craint qu’admiré. Pour seule leçon, il leur a inculqué la règle de ne dépendre de personne, institutions ou hommes, et de se tenir à l’écart du monde. Mais quand ce dernier meurt, tué par un ours, bientôt suivi par leur mère, que de toute façon elles méprisent, elles prennent la folle décision d’aller s’établir au cœur de la forêt, à plus de 150 km de la première ville.

Récit d’une survie en milieu hostile, où les plus sauvages ne sont pas forcément ceux que l’on croit.

.

Ce roman est multiple, et il s’inscrit à la fois dans le nature writing, le roman d’aventure et la fable féministe. Il emprunte à chacun des trois genres et dans chacun il excelle. À la lecture du titre, n’allez pas imaginer ces sœurs en modèle des filles du Docteur March. Elle en sont tout le contraire : sauvages, irrévérencieuses, violentes et outrancières. Dans ce gynécée, ça fume, ça picole, ça pue, et ça rote autant que ça pète. Ensemble elles forment un tout indissociable, un clan de rouquines déchaînées, unies par des liens très fort, tissés par un père quasi gourou, mais elles ont chacune leur particularité, leur singularité qui les rend finalement uniques. Et même si elles ne sont pas de prime abord très sympathiques, on finit par s’attacher à chacune d’elles, à deceler sous la cuirasse et la crasse, leurs fragilités et leurs failles.

Au final, cela tisse un roman à la fois cruel et envoûtant autant que dépaysant. Une lecture à la portée presque philosophique aussi qui interroge sur le difficile équilibre entre émancipation et conformisme, qui questionne sur la part d’individualité qui se dissout dans le groupe, autant que sur le poids des normes ou la question de la famille.

Résolument, épique et féministe en tout cas et sacrément réussi. Encore une pépite de cette belle maison d’édition
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Les Filles du chasseur d'ours

Pas facile de résumer ce magnifique récit initiatique de presque 450 pages :

Les sept filles du célèbre chasseur d’ours se retrouvent bien démunies quand leur père meurt lors d’une terrible confrontation avec une bête énorme ; leur mère avec laquelle elles entretiennent des relations conflictuelles ne va pas tarder elle non plus à mourir.

Ces sauvageonnes qui ont toujours vécu en marge de la société finlandaise contemporaine dans une ferme isolée vont partir en pleine forêt, sous la conduite (contrainte) de la fille ainée Johanna et vivre en complète autarcie. Leurs contacts avec la civilisation se résumeront à leur participation aux 4 foires annuelles qui leur permettent de vendre peaux, viande, fruits, et à quelques (mauvaises) rencontres en forêt.

On retrouve dans ce roman le schéma narratif des contes : situation initiale, l’évènement perturbateur (mort des parents) les péripéties (voyage et vie dans la cabane) et la situation finale (en ville, dans la forêt ou…).

Mais dans ce roman pas de manichéisme, on découvre au fil du récit les qualités, les défauts, les déviances, les fragilités des sept filles et des parents. Pas de morale non plus mais un éloge vibrant de la littérature orale et écrite, de la création, de la liberté, de la nature ; à noter aussi le grand humanisme de l’oncle et des services sociaux.

Le lecteur est littéralement mené par le bout du nez (les odeurs sont omniprésentes), happé par ce récit plein de suspens, de violence et d’humanité dont la fin n’est pas vraiment prévisible !

Anneli Jordahl, écrivaine et critique littéraire suédoise a déjà publié 5 romans ; seul « les filles du chasseur d’ours" a été traduit en français, on a hâte de découvrir les 4 autres.

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Les Filles du chasseur d'ours

UN NATURE WRITING ENVOÛTANT ❤️‍🔥



Elles sont les filles du chasseur d'ours. Sept sœurs aux airs de sauvageonnes qui vivent dans la forêt, vendent des peaux de bêtes au marché et se nourrissent grâce au braconnage. Flamboyantes, elles vivent un quotiden hors normes qui va se complexifier encore le jour où leur père ne rentre pas et qu'elle se retrouvent livrées à elles-mêmes. Quand le froid et la faim s'invitent, les rapports changent et la violence entre peu à peu dans leur clan de femmes féroces et intrépides...



Les filles du chasseur d'ours. Un roman bouillonnant qui m'a offert un sublime voyage entre rites et légendes au cœur de la Finlande contemporaine. Un grand récit aux allures de nature writing avec des accents féministes porté par une certaine révolte.



De ces septs soeurs marginales qui vivent à l'état sauvage émane une force incroyable. Elles ont choisi de vivre hors de la société, par fuite mais aussi par conviction, portées par le souvenir de leur père, ce héros dont l'image va s'effriter au fil des pages. Et quand les difficultés deviennent de plus en plus grande la folie ne peut que s'immiscer...



Je suis restée habitée par la forêt, les ours, le froid et la robustesse de cette vie une fois le livre refermé. Ce père héroïque cache une facette bien plus sombre et leur lutte pour cette survie hors du système va se changer en bataille délicieusement cruelle.



J'ai adoré cheminer aux côtés de ces femmes envoûtantes et m'interroger sur cette vie qu'elle ont choisi et sa viabilité sur le long terme. Une pépite de plus signée par les éditions de l'Observatoire et un roman qui me restera en mémoire longtemps même si j'aurais rêvé d'une fin différente.

À découvrir ! 😍



Ça vous tente? Vous aimez ce style de roman aux airs de nature writing? ✨️

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Les Filles du chasseur d'ours

« Pourquoi l'être humain est-il attiré par la saleté de la ville ?

Est-ce pour ne pas avoir à affronter la neige ? Dans la forêt, autour de la baraque, les congères étaient d'un blanc de craie et la lumière miroitait, bleutée, sous la lune. »



Les sept sœurs ont été élevé dans une marginalité radicale, dans une maison délabrée où la mère dort dans le grenier et pousse des cris abominables la nuit, en proie à des démons intérieur. Et le père ambivalent, chasseur d’ours, qui ne reviendra pas de son ultime chasse à l’ours.

Alors il faut fuir la mère une première fois, rien ne retient les sept sœurs dont le domaine de l’amour leur est inconnu. Elles fuient une deuxième fois car orphelines, pour vivre au fin fond d’une forêt, isolées de tout.



Depuis leur cabane archaïque, avec leurs crinières rousses, telles des sauvages, elles arpentent la forêt dans un but ultime de combler la faim qui s’insinue en elles. Le plus stupéfiant est l’immersion que l’autrice nous fait vivre dans ses lignes, la vie des sept sœurs, entre mysticisme, religion et folie. Elles n’ont connu que la résilience de la nature, pensent qu’elles peuvent vivre en autarcie et en toute indépendance. Elles sont : illettrés, brutes, violentes. Elles sont Tina, Taniia, Johana, Elga, Aune, Laura et Simone. Et dans leur forêt, l’ours rôde mais l’homme aussi.



Ce livre se vit, se ressent. Anneli Jordahl nous fait vivre l’absolu férocité de la nature, de l’humain. Les sept sœurs sont devant nous, tête haute comme des lionnes. Le suspens est éclatant, car d’enjeux vitaux il est question. Une expérience singulière au cœur de la folie, de la nature, d’une vie décalée, en inadéquation avec le monde actuel. Une vie différente est-elle possible aujourd’hui ?
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Les Filles du chasseur d'ours

Avec leurs tignasses flamboyantes, leurs vêtements dépenaillés, leur saleté repoussante, l'odeur épouvantable que leurs corps dégagent, elles ne semblent former qu'une seule entité.

Et pourtant...

Les filles Leskinen sont sept. Elles vivent en Finlande, pays dont les habitants sont le plus heureux.

Après la mort du père adoré suivie rapidement par celle de la mère détestée, elles sont orphelines.

Johanna, la plus âgée, s'affirme en héritière du géniteur, un légendaire chasseur d'ours qui a installé sa famille dans la forêt loin des mirages et des menaces de la civilisation.

Suivent Tania et Aune, puis Tiina et Laura, deux paires de jumelles.

Il y a ensuite Simone et, enfin, Elga, la seule qui ne ressemble pas physiquement à ses sœurs.

Conduite d'une poigne de fer par Johanna, secondée par les deux « T », les plus jeunes subissent la faim, le froid et les coups, victimes de la folie atavique et paranoïaque de l'aînée.

Pour atténuer leurs souffrances, elles s'évadent dans leurs passions secrètes : l'invention d'histoires pour Aune, le modelage pour Laura, le mysticisme pour Simone et la lecture pour Elga, bien loin des règles survivalistes édictées par Johanna dont le sens de l'organisation laisse à désirer.

Grâce à ces échappatoires, elles mettent à distance leur enfance violente privée de la connaissance qui libère et permet de devenir un adulte épanoui.

Il y a parfois de bons moments, ceux pendant lesquels le septuor écluse des litres de bière noire aussi épaisse que leur chevelure et de gnôle...

C'est une narratrice, dont on découvrira l'identité à la toute fin du livre, passionnée par ces fascinantes et énigmatiques enfants semi-sauvages, qui raconte l'histoire des filles du chasseur d'ours, dont le mythe se ternit, alors que la figure de la mère est réhabilitée.

Loin de magnifier la nature et de développer les thèses de certains écologistes extrémistes qui stigmatisent la nocivité de l'homme allant jusqu'à souhaiter sa disparition, Anneli Jordahl a construit un récit féministe et humaniste, au sens de la Renaissance, teinté d'humour noir et d'une grande originalité par sa démesure.

Une belle et singulière lecture et une ode à l'imagination.


Lien : https://papivore.net/littera..
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Les Filles du chasseur d'ours

Les sœurs Larkinen n'ont jamais posé leurs fesses sur un banc d'école. Analphabètes et sauvages jusqu'aux bouts des ongles elles doivent pourtant se débrouiller seules pour leur survie maintenant que leur détestée mère et que le vaillant chasseur d'ours, leur père idolâtre, ne sont plus de ce monde.



Difficile pour ces 14 bras et autant de jambes d'agir à l'unisson, chacun ayant son caractère et son tempérament propre et assurément bien trempé. Elles vivent en dehors du monde, loin de toute civilisation, de toute civilité et technologie, elles ont leurs propres règles, leur propre fonctionnement, où tout s'achève à coups de poing et dans une cruauté fraternelle infantile. Des mœurs à l'apparence brutale, vulgaire, primitive qui témoignent d'une vie dans laquelle l'état sauvage aura repris ses droits.  



La sauvage, la têtue, la rêveuse, la cheffe, l'artiste, la croyante, l'indépendante...Bien que toutes différentes, têtues et incorruptibles semblent être des qualificatifs qui les rassemblent toutes. 



Le poids des choix individuels aura quant à lui toute leur importance et conséquences face au groupe, même s'il est parfois dysfonctionnel. 



Dans cette Finlande contemporaine, les beautés de la nature sont omniprésentes, l'humour également qui est parfois noir, mais le livre est également riche en thèmes et en réflexions abordés : le traitement de l'État face aux personnes en marge, l'éveil de la sexualité, la vie à l'écart de la société et de ses modernités, la vie face à l'hostilité de la nature, l'émancipation...
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Les Filles du chasseur d'ours

Difficile de définir ce roman, qui commence avec des allures de fable, de récit légendaire, puis semble de plus en plus ancré dans la réalité, à mesure que les effets de l'envoûtement (l'emprise ?) qui a obscurci l'entendement du lecteur diminuent et laissent place à une prise de conscience. Ce qui apparaissait dans les premières pages comme le récit de l'épopée formidable de 7 soeurs préservées de la fadeur du monde urbain et corrompu prend petit à petit les traits d'une emprise d'un père fou et violent sur ses 7 filles, et cette formidable liberté résonne de plus en plus comme une aliénation dont il faut se défaire. Ce livre est surprenant, intelligent, complexe, inquiétant.
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Les Filles du chasseur d'ours

Elles sont sept. Sept filles, sept soeurs. Comme dans un conte, à la lisière de la forêt, elles grandissent à Hue et à Dia, maltraitées par leurs parents et vouant pourtant une adoration à la folle puissance du père. Alors, quand elles se retrouvent orphelines, elle s'enfoncent au plus profond des bois, là où la réalité cède devant le clan.

C'est un texte empli de filles-renards, d'une sauvagerie féminine qui réjouit, grinçante et jubilatoire. Ces filles-là aiment, bouffent et tuent. Elles convoquent le spectre des sorcières anciennes, libres et enragées. Elles se battent pour que, jusqu'au bout, on ne voie pas les pauvres petites filles mais les sept soeurs. On les admire, on les craint, on les plaint.

La langue de Anneli Jordahl donne à leur épopée un tour à la fois onirique et contemporain, un vent de modernité venu du Nord.

Ce sont Les sept filles du chasseur d'ours, un conte cru et amer comme la bière noire.
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Les Filles du chasseur d'ours

Un mélange de nature writing, de conte et de féminisme. Il ne m’en fallait pas plus pour aimer ce roman.

Pourtant assise dans mon canapé, j’ai ressenti la rudesse des sœurs, l’odeur des forêts finlandaises, le froid de l’hiver, le manque, la faim… Une expérience assez singulière et troublante. Une vie sauvage que l’autrice, Anneli Jordahl, dépeint à la perfection. Je quitte avec nostalgie ces grands espaces ainsi que ces femmes féroces si attachantes…

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Les Filles du chasseur d'ours

Que dire des sept sœurs Leskinen, si ce n'est qu'elles sont endoctrinées par leur père, le célèbre chasseur d'ours, pour vivre en totale autarcie dans une forêt nordique. Formant un clan, elles se soutiennent pour faire face au monde extérieur qui, le paternel leur a dit, ne leur apportera rien de bon.

Quand celui-ci décède, suivit de peu par leur mère, elles se retrouvent donc à fuir encore plus profondément dans la forêt, dans une cabane de chasse. Mais bien qu'elles soient toutes en relation étroite avec les arbres et leur environnement, la vie dans la nature est loin d'être paradisiaque.



J'ai beaucoup aimé le style d'écriture qui nous fait voyager au cœur de la forêt avec ces sœurs sauvages. Chacune développe son propre caractère, l'une artiste, l'autre chasseresse, une autre encore mécanicienne. Elles développent leur personnalité propre qui les rend attachantes. Le langage cru de certaines entre en résonnance avec leur absence totale de connaissance des codes sociaux modernes et rend l'immersion crédible.

Plusieurs points m'ont cependant faite tiquer : sur la quatrième de couverture, il est écrit que ce livre est "un conte féministe venimeux". Alors non, il ne suffit pas d'une poignée de femmes survivant dans la forêt en autonomie et ayant pour règle d'or de ne pas fricoter avec les hommes pour être féministe. D'autant plus qu'à plusieurs reprises l'ainée des sœurs, Johanna, a un discours ambigu sur la condition féminine et reproduit par son comportement les schémas de domination masculine (endoctrinement du père, on se le rappelle).

Dans l'ensemble, c'est un livre qui plaira à celles et ceux qui aiment les histoires de nature aux allures de conte, à la limite de la légende, avec une légère ambiance mystique. Certains passages peuvent être durs à lire cependant. Et la fin m'a un peu déçue. Mais cela reste une bonne lecture.
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Les Filles du chasseur d'ours

Sept jeunes sœurs sont amenées à se débrouiller seules, suite aux décès de leur père adulé, le légendaire chasseur d’ours capable de tuer un ours à mains nues, et de leur mère méprisée et rejetée. Les filles, éprises de liberté, et élevées dans la méfiance de la ville et de ses administrations, aspirent à rester dans la nature, en autarcie, le plus loin possible de la civilisation, complètement coupées du monde extérieur.

Sauvageonnes, sûres d’elles, délurées, elles sont sûres de leur projet et de leur choix.

Mais le milieu hostile et les conditions difficiles dans lesquels elles évoluent révèlent les personnalités, les faiblesses, les disparités, et dévoilent les rapports de force qui régissent le groupe.



Avec ce nature writing, prenant place au fin fond de la forêt finlandaise, ne vous attendez pas à une histoire bucolique. Ici, c’est la violence des éléments climatiques, des conditions de vie, des actes, des relations entre les sœurs, qui est prégnante. Un récit brut, un peu comme ces filles sans foi ni loi, qui documente et analyse avec distance leur vie recluse.

Cette distance, volontaire, est expliquée à la fin du roman, mais le manque d’empathie avec lequel est abordé l’histoire peut déranger, ce qui a été mon cas. Un autre choix volontaire de l’auteur est de rendre ces jeunes filles quasi indissociables les unes des autres, tant qu’elles forment cette meute de loups solidaires, jusqu’à ce que chacune prenne son chemin et que nous puissions les identifier. Cette distance apportée ici m’a empêchée de m’attacher à ces jeunes filles.

Cette double distance m’a laissée en position d’observatrice. Cumulée à une impression de déjà vu, il m’a manqué ce petit plus d’émotion pour vraiment apprécier ma lecture.



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