à présent vous voilà face à face. Deux joueurs en train de semer vos graines dans vos parcelles de champ et dans celles du voisin. Au temps de la récolte, ton voisin se muera en ton adversaire et pis encore. Nous sommes au tout début de la partie. Lorsque celle-ci s’achèvera, le jour qui vient verra ta fin ici-bas. À toi de jouer, Sylva. Il te reste à traverser la longue nuit. Une nuit peuplée de nombreux rêves. P 20
Désormais, elle n’était plus une spectatrice à l’inertie préoccupante. Elle n’était plus hors du monde, mais bien dedans. Elle avait donné une marge au hasard. C’était quelque chose qui lui était arrivé comme ça. Juste parce qu’elle se l’était permis. Cet état de conscience ne était dans l’air même qu’elle respirait.
Les vagues venaient s’écraser contre les rochers, aussi violentes que la vie, aussi pâles que la mort, dans cette fin de jour de décembre. La couleur des eaux s’assombrissait peu à peu. Chaque vague poussait en avant la précédente. Au-delà de l’horizon, il en viendrait une autre et encore une autre.
Toi tu es une force en marche, Sylva. Tu ne t’appartiens plus. Maintenant, c’est le destin qui dispose de ta vie. La perdre n’a guère d’importance puisqu’elle a servi à te manifester à nous et à nous donner le sens de la dignité. P 38
...les doigts du musicien oscillent sur l’instrument. Son souffle rythme les coups de queue du serpent lové dans les eaux saumâtres de la lagune au vert plus vert que la punaise d’eau. P 28