1946. Pendant que Londres se relève de ses désastres, Juliet célèbre la publication de ses rubriques humoristiques écrites durant la guerre et rassemblées en un livre grâce à Sidney, son éditeur et ami fraternel.
Toutefois la jeune écrivaine est préoccupée: aucun sujet ne lui vient à l'esprit pour son prochain roman. Lui parvient alors une lettre d’un homme résidant à Guernesey, qui lui demande de rechercher un livre pour son « cercle littéraire d'amateurs de tourte aux épluchures de patates » .
Au cours des échanges épistolaires qui suivront cette première lettre, Juliet apprend que ce cercle est , au départ, un prétexte inventé pour justifier, devant une patrouille d'occupants allemands, la promenade d'un groupe d'amis après l'heure du couvre-feu.
Intriguée, Juliet s'intéresse à la vie de cette communauté d'amis et reçoit d'eux de nombreuses lettres où elle réalise combien leur vie était pénible et angoissante lorsque, tout au long de ces années de guerre, hommes et femmes se sont vu coupés de tout, privés de nouvelles comme de nourriture, sans défenses devant un occupant partout présent.
Très vite, l'écrivaine s'éprend de ce groupe de gens extravagants, courageux, bouleversants de gentillesse et de générosité, et, finalement, elle décide de se rendre à Guernesey afin de rencontrer ceux qu'elle considère désormais comme ses amis...
Commentaire
En utilisant le procédé d'échanges épistolaires, les auteurs se sont donné les moyens d'aller droit à l'essentiel des personnages. En effet ces derniers, sans préambule oratoire ou poétique, vont se confier, apporter leur histoire, raconter leurs souffrances, leurs inquiétudes et leurs espoirs quand, enfermés dans leur îlot en mer, il peinaient à survivre.
Oeuvre de mémoire donc, d'une mémoire douloureuse trop oubliée, ce roman n'a, malgré son sujet, rien de sombre. Bien sûr, il possède ses moments de gravité, mais plus souvent, il adopte un ton alerte, volontiers enjoué, à l'instar de cette petite communauté qui aura, au coeur de l'adversité, contré l'accablement et résisté à l'oppression par la solidarité, l'amitié, la bienveillance à l'égard de leurs manies et extravagances, le rire et, bien entendu, le partage des livres.
On pourrait reprocher à ce roman une certaine univocité des personnages bâtis tout d'une pièce; adorables ou odieux, courageux ou lâches, généreux ou mesquins, ils sont sans demi-mesure, mais n'est-ce pas le propre des plus fortes épreuves que de dénuder les êtres pour les révéler à l'essentiel en eux, à leur bonté ou à leur noirceur fondamentales?
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