" La mort ne nous sépare pas des êtres que l'on aime, elle les rend invisibles, voilà tout."
Marietta planait dans un état second. Seuls parvenaient à sa conscience les injonctions et les encouragements de la voix rocailleuse qui la guidait sur le chemin de la délivrance. À sa demande, elle poussait, haletait, respirait, poussait encore, avant de retomber inondée de sueur, le corps rompu par tant d’efforts infructueux.
On allumait les chandelles dans la chambre aux volets clos sur la nuit, quand enfin son ventre meurtri expulsa une petite chose douce et ronde qui poussa un cri vigoureux de protestation.
Ce fut une belle journée que ce dimanche 19 juillet 1942, claire, chaude, ensoleillée, pleine de rires, d’éclaboussures, de chants joyeux dont l’écho se répercutait d’une rive à l’autre. Durant quelques heures, les enfants retrouvèrent l’insouciance propre à leur âge, oublièrent les circonstances dramatiques qui les avaient conduits à vivre séparés de leur famille.