Cependant, les pieds ainsi plantés dans mon champs, j’aime à me balancer légèrement, ainsi que le font les tiges de cannes, en m’efforçant de pénétrer leur être. J’écoute les secrets qu’elles me racontent dans le vent. Peu à peu, je deviens moi-même canne. Alors dans ce léger balancement je m’enracine dans le sol et je me hisse vers les nuages, inventant un inexprimable rapport entre la terre, l’eau, le soleil et le ciel.
Un souffle exceptionnel habite les lieux où l’on a beaucoup écrit. J’ai ressenti cela dans toutes les maisons d’écrivains que j’ai visitées. L’intelligence et le rêve imprègnent toujours les murs. On se trouve dans une belle part de l’aventure humaine, celle qui consiste à croire assez en l’esprit pour passer ses jours à couvrir de signes des feuilles de papier. C’est le lieu de naissance d’une offrande aux générations suivantes jetées dans les difficultés de l’existence, un remède à portée de la main toutefois : un recueil de poèmes…
Une sorte de vallée au milieu de coraux brun pâle,le barouf de ma respiration, me voici entourée d’un banc de poissons arc-en-ciel moirés de lavande, de lilas et de tilleul. Leurs écailles aux tons délicats s’irisent à chacune de leurs ondulations, pur sourire de la création… Je ne suis plus qu’yeux, mouvement, souffle,corpuscule dans l’éden sous-marin des origines. Unie à l’innocence. Fondue dans la beauté.
“Pour chaque corps de mythes, j’ai fait jaillir une poésie d’essence,que je nomme l’astro-poème. Pour seul, matériau, le noir et la lumière – ce qui donne à l’essence du verbe un vocabulaire réduit à sa plus simple expression. ces lignes sont nues et pures, et s’intègrent dans des vers libres, dont la pâte est comme celle de la lumière qu’ils traduisent.”
La mer dont l’infini des eaux est limité par les vagues. La vague est un aspect des eaux, et non distincte d’elle. De même le fini est un aspect de l’infini, vague d’une mer illimitée et dont le reflet est la conscience…”