Quelques-unes de ces princesses étaient, notez-le bien, des natures artistes, des âmes ouvertes au sentiment. Quand elles poursuivaient une idée, quand leurs doigts fixaient une impression ou un souvenir, elles étaient les proches parentes de ces femmes gracieuses, qui ont eu, à côté du rang suprême, le loisir d'aimer les lettres, de composer des romans ou de s'essayer à la poésie.
Abraham Bosse était porté à admirer avec passion son génie ; il ne se laisse pas toutefois absorber par lui, s'inspirant plutôt de la vie réelle que du genre fantasque où l'auteur des Caprices a excellé. Il imite Callot dans certains détails, dans quelques figures et quelques suites de personnages ; il lui prend aussi ses procédés, mais il ne devient pas un de ses élèves.
L'histoire des Le Nain, cette famille d'artistes qui a illustré la peinture française au XVIIe siècle, était longtemps restée comme une sorte de problème pour les érudits ; elle était enveloppée d'obscurité. Chose incroyable, c'est depuis quelques années seulement qu'on s'est avisé de rassembler sur ce sujet des documents positifs. Antony Valabrègue a été tenté par les difficultés mêmes de la tâche. Avec sa fine pénétration, son instinct de chercheur patient et scrupuleux, il est parvenu à donner des Le Nain une biographie authentique et lumineuse, dégagée désormais du chaos des incertitudes.
L'allégorie tenait une large place dans l'art de cette époque : la mode était aux déguisements, même dans les portraits ; on représentait les reines , les favorites, les dames de la cour, en chasseresses, en Diane portant un croissant au front; les jeunes princes se montraient couverts d'une armure, comme les héros de l'Énéide. La joie et l'amour s'enveloppaient aussi d'une forme symbolique, et les enlacements, les baisers, les danses des Satyres et des Nymphes figuraient, d'une façon très apparente, les plaisirs et les voluptés du même genre que chacun pouvait goûter dans la vie réelle , après avoir été excité par l'exemple de ces personnages fabuleux.
Il avait donc un atelier où régnait l'enseignement officiel du temps, et où les élèves travaillaient à de grandes compositions et apprenaient à exécuter des tableaux de commande pour les édifices royaux et les églises. Claude Gillot n'était point destiné à se consacrer à ce genre de peinture et son tempérament le poussait d'un autre côté. L'atelier de Jean Baptiste Corneille lui fut toutefois utile , il y étudia les secrets de la grande peinture et y puisa, à coup sûr, l'intelligence et le sentiment de la décoration.