[Lafarge : Dans le silence recueilli de ma
prison]
Dans les locaux de la Fondation Deutsch de la Meurthe à la Cité Universitaire Internationale de Paris,
Olivier BARROT reçoit
Arlette LEBIGRE qui présente la réédition des
mémoires de madame LAFARGE : "Dans le silence recueilli de ma
prison".
Arlette LEBIGRE explique qui était cette femme du XIXe siècle reconnue coupable d'avoir empoisonné son mari.
La prospérité dont jouit la capitale après les années terribles de la Fronde, les tentations qu’elle offre attisent les désirs. Devenir riche, « tout d’un coup », « sans peine », un rêve que déjà en 1653 des publicités imprimées pour le lancement de la loterie royale faisaient miroiter aux yeux de tous. « Petits et grands, maîtres et valets », enrichissez-vous vite ! « En risquant seulement un écu », la fortune peut demain frapper à votre porte.
L’épouse doit en toutes choses se soumettre à la volonté de l’époux. Se refuser à lui serait l’induire en tentation, le pousser à commettre le péché d’adultère.
La police est à peu près inexistante, les prisons sont des passoires, et les arrestations souvent compromises par la rescousse, un jeu qui consiste à tirer des mains des sergents le suspect qu’ils viennent d’appréhender. Même sans le connaître, pour rien, pour le plaisir de braver l’autorité. Suivant le cas, la rescousse se passera sans trop de dégâts ou se soldera par quelques victimes.
Dieu, quel tumulte par toute la prison ! Aux prises avec quelques énergumènes qui leur avaient arraché les clés, deux guichetiers s'efforçaient de les leur reprendre, tandis qu'un troisième faisait un rempart de son corps devant le guichet que d'autres tentaient de franchir.
— Mais il y a contre lui un indice accablant.
— Sa dette ? Tous ses compagnons de beuverie vous l’ont confirmée, n’est-il pas vrai ? Is fecit cui prodest, le coupable est celui à qui le crime profite : pour un pauvre diable, soixante-quinze livres valent bien un meurtre.
— Assurément. Encore que, risquer la corde pour soixante-quinze livres… Non, c’est d’autre chose qu’il s’agit.
La guerre, la vraie, pas celle des peintures du plafond où de belles femmes à moitié nues sonnent de la trompette dans un ciel d’azur, il l’avait assez faite pour avoir le droit de se reposer un peu.
Quel merveilleux joyau ! De loin le plus beau de tous ceux que je possède. En vérité, il est plus digne de la grandeur de celui qui le donne que des mérites de celle qui le reçoit.
Mais on ne tue pas un homme désarmé. À la guerre, c’est différent, on est entre soldats et c’est le premier qui tue qui gagne.