Le Phare, André Dumas
Lentement, tristement, le jour pâlit et meurt.
La mer, que nous révèle une sourde rumeur,
Dort là-bas, invisible, et, debout, dans la brume,
Le vieux phare, fidèle à son devoir, s’allume.
L’un blanc et l’autre rouge, éclairs intermittents ;
Ses feux alternatifs jaillissent par instants,
Projetant autour d’eux leur clarté fraternelle.
Et jusqu’au petit jour, vaillante sentinelle,
Le phare, scrutant l’ombre et tenant tête au vent,
Veille et palpite, car c’est quelqu’un de vivant.
Et le marin battu par des souffles contraires
Moins seul dans l’infini, songe aux hommes, ses frères,
Dont la main secourable alluma des flambeaux.
823 - [p. 85-86]
4 - Le lendemain, le journal de Toulon imprimait ces quelques lignes : "17 novembre 1823. Hier, un forçat de corvée à bord de l'Orion en revenant de porter secours à un matelot, est tombé à la mer et s'y est noyé. On n'a pu retrouver son cadavre. On présume qu'il se sera engagé sous les pilotis de la pointe de l'Arsenal. Cet homme était écroué sous le n° 9430 et se nommait Jean Valjean.
LES MOTS ET LES EXPRESSIONS
1. s'affaler : se laisser tomber
2 argousins de chiourme : le mot "chiourme" désignait, à l'époque où se passe le récit, la réunion des forçats d'un bagne
Exemple : la chiourme de Toulon
Un argousin était un officier subalterne chargé de la surveillance des forçats.....
(extrait de "un sauvetage" -p 103- texte de Victor Hugo "Les Misérables)