
Malyssa étendit les bras en croix, et savoura la sensation du soleil jaune sur sa peau bleue. Elle goûta à la chaleur. Laissa cette lumière venue de l’espace, de l’étoile, et donc du Cosmos et des Dieux, caresser sa peau, la nettoyer de ses impuretés, régénérer ses cellules et nourrir son corps, aussi bien que son esprit et son âme. Les yeux fermés, elle imagina sa conscience remonter le long des rayons lumineux, des particules énergétiques, et voyager ainsi par-delà l’atmosphère de sa planète, à travers l’espace, jusqu’à l’étoile autour de laquelle gravite Niris et, à travers elle, qui sait, jusqu’à la Cité des Dieux.
Elle resta ainsi un temps indéterminé. Le temps a-t-il encore une importance lorsqu’on communique avec les Dieux ? Communiquait-elle vraiment avec eux ? En tout cas, elle n’entendit aucune réponse d’Ignis, le Soleil invaincu, Dieu tutélaire de son peuple, les Runis. Déçue, elle rouvrit les yeux.
Elle ne le resta pas très longtemps. Comment le pourrait-elle face à la beauté de sa planète, Niris, façonnée par les Dieux pour accueillir le peuple de Malyssa ? Un sourire donna vie à ses lèvres rebondies et éclaira son visage bleu aux pommettes saillantes. Elle contemplait les grandes étendues dorées d’herbes hautes, les beaux arbres qui étendaient leurs feuilles vertes et bleues vers le ciel, et les troupeaux de grugnars, ces majestueux octopèdes, qui déferlaient sur la plaine, preuves vivantes de la puissance de la nature, de la création, du cosmos et des Dieux.
Le vent se leva sur la plaine dorée, caressa le corps à moitié nu de Malyssa et joua avec ses longs cheveux noirs, qui descendaient en queue de cheval jusqu’à ses hanches. Il fit même virevolter le pagne en tissu qu’elle portait. Peu importe, il n’était qu’une manifestation de plus du grand ordre divin, et Malyssa l’accueillit comme elle accueillait la lumière du soleil. Du reste, il était chaud, mais pas brûlant comme en pleine journée, et agréable. Elle voulut méditer à nouveau, mais se retint, car l’heure était bientôt venue de rentrer au village et de participer aux tâches de la journée. Ce n’était plus une enfant désormais, mais une adulte, et elle devait honorer son appartenance à la communauté.
Elle regarda une dernière fois le soleil.
Elle y remarqua des points noirs.
Les points noirs grossirent. La plaine brûla.