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Citations de Arnaud Genon (44)


"L'absence a un poids que l'on mesure souvent trop tard."
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Les chimiothérapies commencèrent rapidement après le retour de maman. Elle nous avait avertis, elle serait malade, fatiguée et perdrait tous ses cheveux. "Tous ?", demandais-je surpris. "Presque !", me répondit-elle souriante. "Je vais retrouver mon crâne de bébé." Elle avait cette force maman. Elle dédramatisait, devant moi tout au moins, les situations les plus sérieuses, les plus grave. "Et puis, , je mettrai une perruque et après ça repoussera !" Voilà la chose était balayée d'un revers de la main. Il n'y avait, là encore, pas de quoi s'inquiéter. Puisque le problème n'existait pas pour maman alors il n'existait aux yeux de personne.
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L'esprit d'un écrivain qui nous est cher parle à travers les pages des livres qu'il a écrits. Les mots qui s'en échappent, alors que le corps qui les a enfantés gît sous terre, agissent sur mon corps au coeur encore battant. Boum-boum. Boum-boum. Boum-boum... Il faut juste tendre l'oreille. Ouvrir "Le mausolée des amants" et y trouver cette phrase : " Et toi, lecteur ou lectrice de ces lignes, si tu n'as non plus aucun espoir, crois-moi, tu peux toujours le retrouver, même si tu te sens seul(e) sache que depuis ma tombe je veux te réconforter comme on vient de le faire pour moi." (p. 290)

Arnaud Genon, p.80
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(La confidence du professeur).
Son style, parfois haletant, avec de temps en temps des phrases longues de deux pages, m'entraînait dans le rythme insensé de sa folie. Oui, folie il y a bien eu car comme le dit le narrateur d'"A l'ami" : "Je tiens à mon livre plus qu'à ma vie" ("A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie", p. 257) Cette profession de foi en la littérature résonnait dans mon inconscient, moi qui ai fait mon métier d'écrire ... sur les autres, et de ne pas risquer la vraie vie. A travers lui, je vivais les expériences les plus insensées, à l'abîme de la raison. Puis il y eut sa mort autour de Noël, et comme un cadeau d'outre-tombe, son film, où sa chair nue et décharnée était livrée aux yeux du spectateur. Etions-nous pudiques ou impudiques de regarder ce spectacle - car c'était bien un spectacle que Guibert avait mis en scène ?

Jean-Pierre Boulé, p. 49
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L’instantanéité du numérique a bouleversé le geste photographique. Il suffit désormais de sortir son smartphone de sa poche et de saisir tout et n’importe quoi...
Le résultat est immédiat, on conserve ou on jette l’image qui gagne la mémoire virtuelle de notre appareil ou de notre ordinateur. Les photos s’accumulent dans l’espace de nos disques durs, se perdent parfois ou s’effacent par de fausses manipulations. Peu importe, elles sont si nombreuses qu’on ne les regarde plus ou quelques instants seulement. L’important est de les prendre. On les poste sur les réseaux sociaux pour que nos amis, nos followers, les voient. Elles ne sont plus ce que l’on souhaite garder mais ce que l’on désire montrer de nous. Une fois diffusées, on recommence. Les photos ne sont plus le refuge du passé mais la mise en récit de notre présent.
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Ce qui me fascine dans votre travail [celui de Christophe Donner], c'est ce que je trouvais chez Guibert. Une littérature ancrée dans la vie, dans le réel, dans le corps. Une littérature qui dit vrai. J'ai toujours pensé que les écrivains narcissiques n'étaient pas ceux qui parlaient d'eux-mêmes, mais ceux qui se regardaient écrire, qui jouissent de leurs belles phrases, de leurs bons mots, qui se perdent dans les mensonges qu'ils (se) racontent. Au contraire, les écrivains du "je" s'écrivent comme s'ils étaient aveugles pour eux-mêmes. Ils ne cherchent pas à se faire plaisir, à se conforter dans l'image qu'ils donnent. Ils ne prennent pas la pose. Ils sont dans la vie, dans son mouvement. Pour Hervé Guibert, c'était le mouvement qui le menait à la mort, il n'avait pas le temps de s'arrêter, de se contempler. C'est peut-être pour cela qu'il avait écrit "Des aveugles" quand vous avez réalisé un très beau film, "Anatomie d'un miracle", sur un jeune garçon, Marco, sourd et aveugle de naissance. Cette fascination ne cache-t-elle pas le désir de ne pas se voir ? Narcisse ne serait pas mort s'il n'avait jamais croisé du regard son propre reflet.

p. 165
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La maladie incarne donc dans ce texte l'assassin généralement présent dans le roman policier
(à propos de L'incognito)
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Pourtant, ces images-là, celles qui ne correspondent pas à l'esthétique conventionnelle de la photo de famille ( centrage, sourire de circonstance, tenue appropriée, coiffure maîtrisée) possèdent un charme inné, révèlent les failles, les accidents et les abandons. Peut-être mentent-elles moins que les photos conservées qui nous suivront une partie de notre vie, elles en disent plus par leurs maladresse, que les masques artificiels appelés à venir trôner au dessus de nos cheminées.
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"La vie reprenait ses droits. La vie reprend toujours ses droits. C'est la loi."
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Vole petite maman, vole... Tu vivras toujours.
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Lettre d'Arthur Dreyfus, 30 août 2021.
... J'ai aussi découvert chez Guibert une sorte de jouissance à parler de soi dans le détail de la chair et du secret, comme si la matière enfouie sous n'importe quel destin valait son pesant d'or, qu'il suffisait de déterrer. C'est une jouissance close et égoïste, un peu perverse certes, mais si puissante chez un écrivain.
... Voilà, en fait, ce qui m'a impressionné dès l'origine chez Guibert. Cette incroyable considération appliquée à ses livres, à la chose écrite. L'extraordinaire abnégation de soi pour le bénéfice de la seule écriture. Une sorte de dieu laïque placé dans le texte, dans le fait d'écrire : cette religion-là.

pp. 97-98
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Les photos ne. sont plus le refuge du passé mais la mise en récit de notre présent.
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"En fait, je passais mon temps à le perdre dans l'attente de jours meilleurs."
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Chaque photo est une bouteille lancée à la mer du temps.
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Les photos n'auraient-elles de sens que dans ce qu'elles dissimulent ?
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Il n'y a pas d'image à concevoir, mais des mots, des noms à se dire, à advenir du passé.
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Je fis alors l'expérience étrange de ce que racontent et de ce que ne racontent pas les photographies de notre passé, l'expérience de ce que sont des images amnésiques.
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"Les hommes se trompent quand ils se croient libres ; cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés."

Baruch Spinoza - éthique, 1667
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Assis sur le canapé, j'allume mon smartphone et appuie machinalement sur l'icône au fond bleu sur laquelle trône un "f" minuscule blanc. Je n'y cherche rien, n'en attends rien. Aucune excitation particulière. La banalité des autres - mise en scène - me détourne de mon quotidien.
(...)
Quarante-cinq minutes ont défilé dans l'univers de l'amitié virtuelle où vivent mes semblables, mes frères de réseau. Quarante-cinq minutes durant lesquelles je me suis oublié moi-même...
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(...) sur Facebook, les absents n'existent pas, seuls ceux dont la vie défile sous nos yeux sont dignes d'intérêt.
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