Le décret abolitionniste des Cortès de Navarre du 27 décembre 1817 parachève un processus de déségrégation légale engagé trois siècles plus tôt. En droit, il n'existe plus de ségrégation, comme il n'existe plus de cagots. La discrimination que subissent leurs descendants se situe désormais entièrement dans la zone grise des pratiques sociales contraires à l'esprit et à la lettre des lois mais échappant à l'action de la justice instituée.
"Ils devront vivre de leur métier de charpenterie. Ils ne devront pas aller pieds nus parmi les voisins. Ils ne devront pas entrer au moulin pour moudre, mais passer le sac au meunier à la porte donnant sur la meule. Ils devront demander l’aumône et faire la quête dans chaque maison en reconnaissance de leur état de crestians. Quand ils iront travailler dans la ville, ils apporteront leur gobelet dans lequel ils boiront afin qu’ils ne mettent personne en péril, et ils n’utiliseront pas ceux dans lesquels les autres voisins boivent. Ils auront à se mettre au service des voisins et à travailler de leur métier pour eux avant tous les autres, pour un salaire journalier raisonnable. Ils n’iront pas laver aux fontaines ni dans un lavoir où les voisins du lieu lavent, ni fréquenter les autres lavandières du lieu en faisant leur lessive ou leur vaisselle."
(Acte notarié)
Et de souligner aussi que, dans le Sud américain, la ségrégation n'est pas née au temps de l'esclavage, mais après l'abolition, afin de recréer autrement la différence.