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Citations de Bernard Duporge (88)


S’ils en sacrifiaient quelques-uns pour sauver le plus grand nombre ? À ceci près : les arbres sacrifiés repoussent toujours. Les hommes, jamais. C’est peut-être légitime en cas de guerre, mais ici, nous sommes pacificateurs, pas guerriers, on nous le rabâche sans cesse.
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Mélanie aurait-elle fait la même chose que ses parents ? Si c’est le cas, je suis sûr que ce fichu François l’aura forcée. Elle est pure, Mélanie. C’est trop rapide. Il a fallu une sérieuse raison. Pourquoi en mars ? Il fait souvent froid, ce n’est pas une saison pour les mariages.
Des envies de meurtre me montent à la tête !
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Les hommes ne sont pas toujours à l’écoute. Les choses, peut-être que oui. En tout cas, lorsque tu te confies, elles ne te rient pas au nez.
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Parfois, on sent le danger proche, et là, tous ont peur. Oui, nous avons peur. Je revois les inquiétudes de Jacky lorsqu’il nous disait : « Et si on ne revient pas ? » En ce moment que fait-il ? Où est-il ? J’aimerais le savoir. Marcel aussi, qui se croit un homme parce qu’il est allé dans un bordel à Pauillac.
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Vint le temps où il fallut obéir. On nous dit que nous étions ici pour le maintien de l’ordre. Moi, je trouvai très vite que nous faisions la guerre.
Et ce n’est pas le décor de ce matin, malgré sa douceur, qui me fera dire le contraire. C’est vrai qu’il est beau. Ma section se repose dans un endroit magnifique. J’irais bien leur donner quelques conseils, à ces vieux bergers, je sais, moi, comment on traite un troupeau de bêtes. Une fois, j’ai dit mon envie à l’adjudant. Il m’a ri au nez en disant qu’on n’était pas là pour aider les Arabes, mais les Français. J’avais cru que c’était pareil, notre instituteur nous l’avait raconté en leçon d’histoire.
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De là, des camions militaires nous ont conduits jusqu’à Port-Vendres, puis le bateau a avalé deux mille jeunes soldats inquiets, parfois révoltés, criant la quille, mot que je ne comprenais pas. Ils avançaient parce qu’ils ne pouvaient pas faire autrement. Je me demande ce que font les copains du village, eux qui se prennent pour des hommes, devant les ordres de cette armée qui nous trimballe comme du matériel. Je ressens le même irrespect des hommes que le jour du conseil de révision.
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Comment parler ainsi des femmes ? Elles n’étaient que des objets ? Comment parler ainsi des choses de l’amour ? Certes, je ne les connaissais pas vraiment, ces choses de l’amour, mais celles auxquelles je pensais me semblaient plus propres. Seul Marcel, en riant, s’amusa de la chambre, une espèce de cellule, trop petite à son goût. Je lui rétorquai brutalement que cela suffisait pour ce que l’on avait à y faire.
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— En plus, si on ne revient pas…
À cette phrase, je compris la mesure de son inquiétude. Il voulait connaître un corps de femme au cas où cette fichue situation le ramènerait puceau dans un cercueil. Une manière d’oublier le danger. De le braver.
Moi, la seule femme dont j’aimerais connaître le corps, c’était Mélanie. Je veux dire, mieux connaître, puisque j’avais eu d’elle cette vision magnifique, dans l’eau de la Queytive.
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Je lui dirai que jeJe souhaite une vie simple. Pas une vie dictée par les autres. Une vie où je ne serai pas obligé de ressembler à ces autres qui, parfois, me semblent étrangers. Que je souffre de devenir un homme pouvant être enfermé dans un moule, moi qui ne rêve que de liberté, comme elle, qui coule entre ses berges sans qu’on lui demande pourquoi elle coule ainsi et pas autrement.
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Tout se joue sur le jugement. La prestance, la famille, ses moyens, la bonté, la jalousie.
— Il faut de tout pour faire un monde, dit le grand-père, fin observateur.
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Ce sont tes yeux qui me l’ont appris. Je ne parle pas souvent, mais j’observe. Tu ne peux pas savoir comme tes yeux sont bavards, dit-il dans un rire épais qui finit en toux rauque.
Je ne réagissais toujours pas. Son regard me scrutait. Il semblait fouiller chaque recoin de mon cœur à la recherche d’une confirmation de sa pensée.
— Alors ?
— Vous savez bien qu’un commis de ferme n’épouse jamais la fille du maître.
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Peu de gens y pensent. Ils ne la regardent même pas évacuer ce trop-plein d’eau vers l’étang, et qui les sauve des maladies et des prés noyés. Ce n’est que de l’eau bien sûr. Pour moi, elle est autre chose. À couler ainsi depuis des générations, à couler encore pendant je ne sais combien de temps, il me semble qu’elle possède l’éternité en toute simplicité, sous le regard indifférent de tous. Elle est libre comme je voudrais l’être. Nous sommes amis. Du moins je le crois.
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J’avoue que je ne me reconnaissais pas vraiment. Moi, le timide, moi, le garçon rangé, je venais de franchir un pas que je n’aurais pas cru possible le matin même. Fallait-il que ce soit pareil dans la vraie vie ? Parce que ce soir, c’était une mascarade. Peut-être la vivions-nous de cette manière pour oublier que dans quelques mois, nous serions sans doute dans le Djebel ? Pensions-nous à ceux qui ne revenaient pas ? Sans doute que non, mais ce déchaînement, inhabituel, à la suite d’une séance de nudisme intégral devant un public de fins politiques, rendait cette journée de tous les excès complètement folle.
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Je dors maintenant depuis deux jours et je bois beaucoup d’eau. J’ai même rêvé, ou déliré, je ne sais pas, j’étais avec Mélanie sur un petit bateau, nous traversions l’étang. Derrière nous, des gens criaient, nous appelaient. C’était ma mère, elle tentait de me réveiller, il était midi. L’odeur de la soupe chaude me parvint, j’en bus une assiette.
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— Je vais te poser un cataplasme, et s’il le faut, des ventouses. Si ça ne va pas mieux, demain, j’irai mettre le drapeau blanc au bout du chemin. Le docteur verra qu’on a besoin de lui ici. Il te donnera un médicament.
Le seul médicament dont j’avais besoin s’appelait Mélanie, mais je ne pouvais pas le dire à ma mère.
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Je n’en voulais à personne, je ne jalousais personne. Heureux, je compris que j’étais resté un enfant. C’était peut-être pour ça que je m’adressais à la Queytive comme un gosse qui joue ? Sans doute, puisqu’à cet instant, la lumière des cierges, les chants de Noël, la paix de cette nuit, me faisaient du bien. Je baignais dans la douceur. Je n’attendais rien d’un Père Noël qui n’existait pas, donc je ne serais pas déçu.
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Je reconnais bien là l’esprit de ma mère qui a souffert toute sa vie de femme, avec un homme qui ne se préoccupait que de lui. Je suis le vase où elle déverse sa rancœur, et comme elle n’a personne à qui se confier, elle me la sert régulièrement. On n’en veut jamais à sa mère. Pas question. Je ferme le couvercle du vase, sachant que je le rouvrirai à ma prochaine visite. C’est ainsi. Pour changer de sujet, je lui demande si elle sait pour l’Algérie. Oui, elle sait. Des jeunes du village y sont déjà. Les parents sont inquiets. On sait qu’il y a des morts.
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Bien sûr, l’amour ne se décide pas sur les apparences, je crois que les yeux voient le cœur, pas le reste, et Mélanie a un cœur d’or. Oui, mais est-ce que son cœur a envie du mien ? Je ne suis que Mathieu, le garçon de ferme. L’employé de ses parents. Elle aussi est ma patronne. Il faudrait que je sois qui pour franchir un pas qui soudain me fait peur ?
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Ma mère me traite toujours de sentimental. De rêveur. De fou. Parfois d’imbécile. Elle s’agace de mes manies.
— Ton père n’aurait pas supporté ces couillonnades, dit-elle.
Elle prétend que la vie n’est pas qu’un rêve. Elle a peut-être raison, mais si ça me plaît de jeter mes mots d’amour dans la Queytive pour qu’elle les emporte et les chante au courant, quelle importance pour les autres ? Je ne le fais que pour mon plaisir. Et puis il faut bien que je dise à quelqu’un que j’aime Mélanie.
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La réalité, moins belle, n’arrivait pas à prendre le pas sur la légende, et c’est tant mieux. À force de vouloir tout expliquer, on finit par s’ennuyer.
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