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4.25/5 (sur 8 notes)

Né(e) : 1954
Biographie :

Bernard Leonetti, est né à Aix-en-Provence en 1954 d'un père corse et d'une mère italienne. Malgré de nombreuses escapades, il est toujours revenu dans le Finistère. Il vit à Brest.

Source : http://applications-internet.mairie-brest.fr
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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Il y eut un couinement bref suivi d'un long craquement virant au borborygme. Puis le silence s'installa. Les aboiement avaient cessé. Nadège s'avança en boitillant dans la lumière des phares. Elle aperçut quelque chose au pignon de ce qui fut une maison, en limite de l'îlot de clarté. D'un geste erratique, elle pointa la lampe. Béatrice était là. Au milieu d'une marre de sang. Coupée en deux.
La nuit s'appesantit.
Nadège respirait par à-coups.
Derrière elle, un souffle se superposait au sien.
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En définitive, il y a vous et le reste. Vous êtes deux, ce qui serait déjà un problème si les problèmes existaient. Vous, être immuable, brume inchangée et inchangeable. Et la matière primitive, mouvante, agitée, bouillonnement de formes nouvelles éclipsées aussitôt au profit d’une autre. Impulsions désordonnées et frénétiques qui disparaissent, soudain, recyclées par l’usine universelle.
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— Si je vous dis « vampire », que me répondez-vous ?
— Cela dépend de quel genre de vampire vous parlez, répondit Willy Goth. Actuellement, la mode est aux vampires financiers, aux traders, aux actionnaires insatiables… Mais ces gens manquent de noblesse, de sens du tragique, d’instinct esthétique, de poésie en résumé.
— Vous ne travaillez pas pour la brigade financière, que je sache ?
— Vous parlez alors des vampires de la légende.
— C’est de ceux-là que je veux parler.
— Moi qui vous croyais un être rationnel.
— Depuis que j’ai eu mon affectation à Laville, plus rien n’est rationnel… Qu’avez-vous à me dire sur ce genre de vampire ?
— Je vous arrête… Vous évoquez là une enquête atypique. Ne revient-elle pas de droit à un certain Octavius Pierredol de la Tour, le neveu du député-maire et détective hors pair à ce que l’on dit ?
— Il se trouve que ce monsieur est occupé à d’autres tâches. Il recherche une certaine secte qui jouerait du trident et mangerait des tomates dans le jardin des Hespérides. Il y a aussi une histoire de ketchup. Allez comprendre ! Donc Octavius voulait visiter quelques musées en Irak afin de parfaire ses investigations. Investigations, c’est comme ça qu’il appelle ces escapades. Il paraît que les démons en usage dans notre civilisation seraient originaires de cette région et un trident trempé dans du ketchup s’avérerait une arme redoutable contre ces entités. Je vous dis ce qui m’a été rapporté. Mais la météo a signalé une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Les autorités recherchent un champ de bataille et une fiole contenant des armes de destruction massive. Donc il a plutôt opté pour un voyage en Crète. Là, il est question de dauphin et il paraît qu’en Crète se trouveraient les adeptes de Delphinus. Je ne vous dis pas combien cela va coûter au service, mais au moins il ne le perturbe plus avec ses demandes absurdes. La dernière fois, il a demandé une commission rogatoire pour effectuer la fouille d’une fabrique de ketchup. Le ketchup, c’est là que se trouve le fin mot de l’affaire, je pense que vous l’avez compris, et la réponse se trouve à Iraklion, qu’il a dit. Bref, Octavius ayant quitté le territoire hexagonal, je ne vois que vous pour s’occuper d’une affaire atypique. Donc revenons à nos volatiles.
— Il s’agit de revenants qui sortent de leur tombeau pour sucer le sang des vivants. L’archétype a été défini par Bram Stoker dans son roman Dracula. Depuis, la légende a été relayée par le cinéma qui a fait la promotion de la gousse d’ail, de l’eau bénite et du crucifix pour se défendre contre ces créatures démoniaques. Il est communément admis que le vampire brûle au soleil et qu’un pieu planté en plein cœur le réduit en cendres.
— Réduit en cendres, permettez-moi d’en douter, intervint le commissaire.
— Derrière tout cela, se cache l’éternelle peur de voir revenir les personnes mortes.
— Que se trouve-t-il à la base de cette croyance ?
— Peut-être un manque de savoir-faire des pompes funèbres.
— Que voulez-vous dire ?
— Si vous enterrez quelqu’un dans la précipitation comme pendant une épidémie, vous risquez fort d’ensevelir une personne vivante. Si celle-ci a le malheur de se réveiller, elle paniquera dans son cercueil, frappera la cloison, griffera le bois. Si par la suite on ouvre le cercueil, on constatera les traces de griffures. Il peut même y avoir des circonstances aggravantes. Par exemple, après votre mort, vos ongles et vos cheveux continuent de pousser. On a découvert des cadavres hirsutes. Avec ces quelques éléments, on en conclura que le mort a cherché à sortir de sa tombe et la rumeur traduira qu’un mort est réellement sorti de sa tombe. Alors que l’interprétation la plus logique serait de convenir que le mort n’était pas encore mort. Avec ce genre de raisonnements, on se retrouve en Crète pour une affaire qui s’est passée dans une banlieue de Laville.
— Cela aurait donc suffi à créer la légende des vampires.
— Non.
— Quoi d’autre ?
— Les vrais vampires.
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— La chance ou le hasard n’a rien à faire dans cette affaire, trancha Willy Goth. Je suis toujours là où je dois être. Cela doit venir de mon thème astral. Quel est votre signe à vous ?
— Je suis Poisson, répondit-elle par pur réflexe, puis elle désigna d’un coup de menton volontaire le corps sans vie pour suggérer qu’une conversation astrologique était déplacée devant celui-ci. La colère qui l’animait encore brûlait comme des braises au fond de ses yeux.
— Il est allé dans la chambre pour soi-disant vérifier l’état des volets. Ne le voyant pas revenir, je l’y ai rejoint. Monsieur était nu, en train de s’exhiber, tout fier de lui et de son affaire, le tire-bouchon prêt à déboucher la cruche que j’étais censée être.
— Mais vous reveniez de la cuisine armée d’une fourchette à viande, continua Willy Goth.
— Lorsqu’il s’est jeté sur moi… cracha-t-elle. Cela aurait pu être un accident… Je ne veux pas aller en prison…
Willy Goth la prit par le bras et ils sortirent de la chambre.
— Ne vous inquiétez pas, dit-il. Nous n’allons pas envoyer un petit poisson dans un aquarium pour le meurtre d’un maquereau. Voilà ce que vous allez faire. Vous allez sortir faire des courses…
— Des courses !
— Oui, des courses au supermarché du coin. Achetez donc du pain ! Et aussi un fond de teint pour dissimuler votre ecchymose. Vous avez du ketchup?
— Du ketchup ? Oui, dans le frigo…
— Inutile d’en racheter alors. Après les courses, vous revenez ici et vous découvrez un cadavre dans votre lit.
— Mes empreintes sont sur la fourchette, je n’ai aucun alibi, s’affola-t-elle. Je ne supporterai jamais un interrogatoire. Je ferai des aveux… Il n’y a rien pour me sauver.
— Nous avons touché récemment un pittoresque personnage, dit Willy Goth comme s’il ne tenait aucun compte de ce qu’elle disait. Il s’agit d’Octavius Pierredol de la Tour. Oui, du nom de notre député-maire. C’est son neveu plus exactement, et il a été aisé à celui-ci d’être muté à Laville…
— Je ne vois pas le rapport, s’étonna-t-elle, ce qui lui permit de retrouver son calme.
— Octavius est un criminologue d’un genre particulier. Il aime les sciences occultes, mais il ne les a apprises qu’en allant au cinéma et en lisant des romans à fort tirage. Il a également abusé des sites complotistes les plus débiles d’Internet. La première chose qu’il fait lorsqu’il rencontre quelqu’un, c’est de vérifier qu’il ne s’agit pas d’un reptilien. Je pense aussi qu’il a été attiré par Laville à cause de ma réputation et, d’une certaine façon, il aimerait se mesurer à moi. Il est d’ailleurs en train de me remplacer pour les affaires atypiques, et je vais bientôt finir à signifier les avis d’expulsion…
— Je ne vois toujours pas…
— Une dernière chose : comment vous appelez-vous ?
— Delphine.
— Delphine, répéta-t-il. Et signe des Poissons. Nous allons pouvoir faire quelque chose.
— Comprends plus, haleta-t-elle.
— Regardez-moi dans les yeux.
Willy Goth avait ôté ses lunettes.
— Oui, vos yeux… chuchota la femme.
— Vous allez faire des courses. De retour chez vous, vous découvrez un homme mort dans votre lit. Vous irez ensuite à la fenêtre et vous me verrez passer dans la rue. N’oubliez pas que je suis toujours là où je dois être. A ce moment vous m’interpellerez pour m’annoncer votre macabre trouvaille. C’est compris ? C’est tout. Il ne s’est rien passé d’autre, rien…
— Rien, répéta-t-elle.
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Mégapole Hexagone. Peut-être 23h40.
C’était une nuit d’hiver. Donc il faisait froid dans la Rue Chaude.
D’une extrémité à l’autre de la rue, ce n’était que le bavardage d’enseignes néon, grappes électriques, phylactères lumineux vantant cabaret, night-club, sex-shop et cinéma porno. Entre ces clins d’œil, protégés derrière leur vitrine blindée, les téléviseurs publics diffusaient les simulacres publicitaires. Fille blonde plongeant dans la piscine. Maison Heureuse…
Alvin remonta le col de son manteau. Il était libre de marcher dans les rues, les chaudes et les moins chaudes. Quelle dérision ! Le monde était une vaste cour de promenade surveillée par d’invisibles miradors. Il était toujours prisonnier – comme la fille en maillot de bain Dimitrios-Maison Heureuse, condamnée par l’agencement des points lumineux à vivre sans cesse un moment défini et exemplaire de l’utopie des Overlands, condamnée à boire du Soda-Cola en écoutant le dernier tube de Jerry Lee… jusqu’à la fin du programme.
De plus, Alvin devait subir le froid, la pesanteur et les lois de la thermodynamique, subir la tyrannie de ses connexions neurologiques et de son code génétique. Il se sentait déprimé. Quoi de plus normal ! La déprime était à la mode, la neurasthénie le serait bientôt et cela arrangeait les organisateurs du Monde. Il en venait à regretter la torpeur de la Grande Maison Close. La douceur de sombrer dans une douillette morosité, la vie qui tourne à vide comme un moteur inutile. L’existence, il la résumait ainsi : un plongeon de l’éprouvette à l’incinérateur.
Il se tenait parmi les anonymes, les bipèdes gris qui constituaient la Masse, et il sentait les anneaux constrictors des Overlands qui les enserraient tous irrémédiablement, lui comme les autres. Chacun de par son ego était le figurant d’une histoire ennuyeuse. Au planning, ce soir : la Virée dans la Rue Chaude.
Il fallait s’y résoudre. Il était bien là dans la rue dans un rôle qu’il n’avait pas choisi, avec les néons racoleurs au-dessus de sa tête, arrêté dans le courant de ceux qui allaient et venaient sans autre but que d’en trouver un. Des prostituées montaient la garde sous les portes cochères en attendant qu’un client les relevât. Allait-il en utiliser une pour déconnecter son malaise ? Se saouler ? Se battre ? Il eut l’impression qu’il avait neigé sur l’écran de sa vie et qu’il venait à l’instant même de se définir dans le froid de la Rue Chaude.
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Quelques instants dans les coulisses du monde…

Au début, il n’y avait rien – même pas de début…

Il neige sur l’écran. Réglage donc. Lèvres bleues, sourire-dents blanches, sourire de sardone…  « Je vous aime » dit une voix. Des formes se précisent. Des contours émergent de la purée électronique. Palmiers, chaises longues, cocktail, parasol de papier dans une main anonyme sous le spot du soleil…
En fond sonore, quelques accords de l’Ode à la Joie…
La joie pétille dans les coupes – Dans le sang doré de la grappe – Les violents puisent la douceur – et ceux qui désespèrent un courage nouveau…
Une femme se baigne dans le Soda-Cola. Tee-shirt mouillé sur poitrine silicone. Soda-Cola, la boisson du siècle. Unissons la planète dans la fraîcheur Soda-Cola.
L’enfant regarde la mer qui lui adresse des signes incompréhensibles derrière les palmiers et les chaises longues. Elle est là, bêtement enfermée dans le cube-télé. Elle n’en est pas moins verte, scintillante, immense au regard de l’enfant – le téléviseur est de la gamme Magnificence. La mer est ainsi, a toujours été ainsi – verte, scintillante, immense – et pourtant bêtement enfermée au fond d’une éprouvette.
Pourtant…
Un technicien – ou l’enfant – a zappé. Les multifenêtres de Média-Plus défilent. Chaque clin d’œil accroche un regard. Et la télé regarde celui qui la regarde en consommant- consumant le programme…

… Au début, il n’y avait rien.
Puis il y eut quelque chose…

Quelque part sur la planète…
Dans la pénombre d’une pièce, un homme revient d’un rêve. Il a vu les quarks s’unir en nucléons, les nucléons devenir atomes, les atomes molécules… A présent, il est un être multicellulaire qui boit un verre de gin devant un échiquier vide, dans la pénombre d’une pièce, quelque part sur la planète. Il attend l’ivresse et elle viendra. Il dira alors qu’elle seule diminue sans l’annuler la distance des êtres avec les êtres, des êtres avec les étoiles et des étoiles entre elles…

Une fille blonde plonge dans la piscine. Le corps vous est offert par le Club de la Forme. Vivez dans une Maison Heureuse. Buvez Soda-Cola, la boisson qui unit la planète…
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Par la grâce d’un arrêté ministériel, Charles Mouron n’était plus commissaire. Il était devenu le superviseur en chef de la Police Urbaine de Laville, et cela lui faisait une belle jambe. Rénover et innover étaient les deux mamelles de la nouvelle administration. Cela procurait des emplois à d’éminents parasites.
Ce qui ne changeait pas, c’était de se retrouver dans la fraîcheur du petit matin alors que les lumières bleues des gyrophares éclaboussaient les environs. Un lieutenant, que l’on appelait maintenant préposé à l’Ordre et à la Sécurité, soit POS, vint vers l’ex-commissaire avec une mine défaite. C’était une nouvelle recrue – promotion Française des Jeux, les candidats à la fonction publique étant tirés au sort à partir d’une liste homologuée Parti Moral. Cette méthode permettait à chacun d’accéder à un emploi sans s’encombrer d’inutiles études préliminaires, et aussi de faciliter les ayants droit. Le POS apprenait sur le tas et sa promotion dépendait du mérite que ses supérieurs voudraient bien lui accorder. Le jeunot qui se trouvait là, ce matin, sur les lieux du crime, n’avait été confronté aux cadavres que par le truchement de la télé. L’immersion dans la réalité l’avait remué. Il y avait des traces de vomi sur ses chaussures qu’il s’était donné la peine de cirer. Le Superviseur le salua, car il savait y faire avec les subordonnés. Il avait la réputation d’être proche de ses troupes et armé d’une sévérité de bon aloi. Sévère mais juste. Comme un bon père de famille.
— Alors, Djamel, dit-il de sa grosse voix, une sale affaire, je crois ?
— Oui, il y a du sang partout.
— Eh oui, mon petit Djamel, toujours le sang ! L’être humain en est gorgé. Il suffit de faire une petite encoche sur sa peau et le voilà qui apparaît et se met à couler.
Le jeune homme n’avait plus de petit déjeuner dans l’estomac, sinon il y serait allé d’une petite pinte sur le trottoir.
— Vous verrez, dit gentiment le superviseur, vous vous habituerez.
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Encore une botte paniquée qui frappe le macadam, quelque part dans la géométrie parallèle-perpendiculaire des rues. Un attardé qui se presse vers la cellule. Les télés enclenchent le programme nocturne. Le prime time vient de finir dans une fanfare publicitaire – la femme qu’il vous faut. Cocon bleuté où les ondes se soudent aux neurones. Accouplement, symbiose. Mais ceci n’est pas du ressort de la Nuit.
Crépuscule qui annonce la couleur.
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