Concernant le soignant, le danger de l’impudeur n’est pas non plus absent. Il est favorisé chaque fois que ce dernier a le sentiment de devoir être "une machine" à faire des toilettes, à faire des prélèvements, à faire des explorations, etc. La mésestime de son propre travail, d’autant plus lorsqu‘il s’agit de soin, reflue sur l’estime de soi et devient le terreau où les dérives impudiques prennent plus facilement racine.
À notre époque de la supposée transparence, où il faudrait pouvoir tout dire et tout montrer, la pudeur nous indique la nécessité des lieux cachés pour signifier la part à jamais inconnaissable de l’autre.
L’impudeur, en montrant ce qu’elle doit être le tout d’autrui, nie le mystère de l’autre. Elle le tue puisqu’elle le réduit à un être matériellement appréhendable. Elle en fait un objet et non plus une personne.
La pudeur ainsi, protège le mystère de l’autre. Elle détourne celui qui regarde et celui qui est regardé de l’illusion et de la tentation de prendre connaissance d’autrui, de faire de lui un être matériellement appréhendable un objet à ma disposition. La pudeur, gardienne de la profondeur insondable de la personne enrichit la relation et c’est l’impudeur qui l’appauvrit.
La pudeur est ainsi aussi bien le signe du respect du mystère de l’autre, qu’un moyen d’entrer dans une relation harmonieuse d’amour réciproque. Autrement dit, la pudeur est cette hospitalité féconde qui permet – qui invite même – un regard aimant.