L'épidémie a aggravé ce que l'économie et le marché avaient déjà creusé : un écart entre « pays du nord » et « pays du sud ». Et une fois de plus, l'Europe ne sera rien d'autre que le règne d'un surplomb bureaucratique encombrant et hautain sur un empilement sans âme d'États et sans le ciment collectif d'une grande passion commune.
Pour Kandinsky : ''L'objet supprimé ne diminue pas les moyens d'expression mais il les multiplie à l'infini. C'est la mathématique de la science.''
Avec des moyens plastiques et une oeuvre au style différent, Wang Yan Cheng s'inscrit dans cet esprit : l'absence de tout contenu extérieur (son choix de dépasser la représentation) donne au peintre une liberté totale de composition, alors que la subordination à une ''chose'', par définition, la limite. L'art est dons restitué à son pur pouvoir de création (au sens fort du mot) : il fait advenir ce qui n'est pas déjà là, il rend visible ce qui jusqu'à lui était invisible.
Comment peut-on devenir un peintre de renommée mondiale, jetant sur ses toiles l'abstraction flamboyante et dense de ses couleurs, quand on est né en Chine et qu'on a été mêlé des l'enfance au fracas et tumulte social de ce que la presse officiel appela alors La Grande Révolution Culturelle ? Il y a là un parcours humain remarquable, un cheminement artistique magnifique et surtout un écheveau de contradictions qu'il n'est pas facile de dénouer.
Wang Yan Cheng est un poète merveilleux de la couleur, mais son art est plus qu'esthétique. C'est aussi éthique, un incomparable leçon de sagesse et de vie.
Le mage qui a su retirer l'horizon.