C'est uniquement par la poésie que ma grand-mère entrait parfois en contact avec les guerres, les batailles, les actes d'héroïsme, les procès et les verdicts qui occupaient mon grand-père. Elle considérait que la guerre était un jeu stupide entre tous et que, pour y renoncer, les hommes n'étaient pas encore assez mûrs et ne le seraient peut-être jamais.Elle pardonnait au grand-père sa passion belliqueuse parce qu'il s'était allié avec elle dans sa lutte contre l'alcool- qu'elle considérait comme un fléau presque aussi désastreux que la guerre- et en faveur du vote des femmes, et qu'il respectait toujours ses vues et ses conceptions différentes, pacifiques et féminines.
Peut-être, au demeurant, le respect était-il à l'origine et à la base de ce mariage.
( Gallimard, 2007, p.33)