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Citation de okka


p.105.
Je croyais qu’on m’avait oubliée, mais non : on se souvient de tous mes crimes, même de ceux que je n’ai pas commis. On me décrit comme le pire monstre que la terre ait jamais porté, capable de dévier la marche de la lune et des astres, d’inverser le cours des fleuves, de flétrir les fruits par simple contact, et de tuer les gens par la seule force de mon regard brûlant.
On écrit mon histoire, on la chante, on la joue, on la sculpte, on la peint. Je l’ai là, sous les yeux, sur ces vases achetés aux marchands de passage avec le trésor que j’avais emporté d’Athènes.
Tant de crimes ont été commis au cours des siècles. Pourquoi me présente-t-on comme un monstre unique, insurpassable ?
Est-ce parce que je venais d’une terre barbare ? Parce que j’étais savante ? Parce que j’étais une femme refusant de n’être que victime ? Ou bien est-ce pour oublier les crimes dont d’autres sont chargés ?
En mille ans, j’ai eu vent de centaines de guerres et de massacres, dont la plupart sont oubliés. Une force obscure travaille le monde, une loi terrible exigeant que les faibles, les rêveurs et les doux disparaissent au profit des plus forts.
À la fin, il ne restera plus qu’une race dure, âpre au gain, ivre de la puissance acquise aux cours des siècles. Une race de fer, mille fois plus violente qu’elle ne n’est aujourd’hui.
Je ne suis pas mécontente de savoir que je ne serai plus là pour le voir.
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