Blandine le Callet présente son livre «
La ballade de Lila K » à la librairie La Procure à Paris.
Retrouvez le livre : https://www.laprocure.com/ballade-lila-blandine-callet/9782253161752.html
[Émission tournée le 6 octobre 2010]
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On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s'interdit d'aller: derrière, il y a tous les monstres que l'on s'est créés. On les croit terribles, invincibles mais ce n'est pas vrai. Dès qu'on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu'on ne l'imaginait. Ils perdent consistance, s'évaporent peu à peu. Au point qu'on se demande, pour finir, s'ils existaient vraiment.
C’est cela, sans doute, faire son deuil : accepter que le monde continue, inchangé, alors même qu’un être essentiel à sa marche en a été chassé. Accepter que les lignes restent droites et les couleurs intenses. Accepter l’évidence de sa propre survie
Le sens de l'humour, c'est une chose rare, je peux te le dire. C'est pour ça que c'est le bon. Parce qu'on a beau épouser M. Parfait, si M. Parfait n'est pas drôle, on finit par s'ennuyer...s'ennuyer à mourir.
J'étais ailleurs, loin du monde, loin de moi. C'est parfois reposant de se perdre de vue.
“On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s’interdit d’aller : derrière, il y a tous les monstres qu’on s’est créés. On les croit terribles, invincibles mais ce n’est pas vrai. Dès qu’on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu’on ne l’imaginait.”
Je me moquais un peu du contenu des livres. Ce que je recherchais surtout, c’est le pouvoir qu’ils m’accordaient. J’arrivais grâce à eux à m’abstraire de ma vie. J’oubliais le Centre, sa routine et son lot de contraintes épuisantes J’oubliais qu’on m’avait confisqué ma maman. J’étais ailleurs, loin du monde, loin de moi. C’est parfois reposant de se perdre de vue.
Tant que quelqu’un vous parle, quelque part, vous écrit, vous ne pouvez pas mourir.
On a raison de dire que la nuit porte conseil. Tout tient, je crois, à la puissance des rêves et des ténèbres : enveloppé d’ombre, le cerveau est plus vif, ou peut-être mieux apte à saisir les murmures des esprits venus pour l’inspirer.
Il en a assez de ces brochures de traiteur, avec leur défilé de plats dont les noms prétentieux ne permettent même pas de deviner les ingrédients : langues de belles-mères et gueules enfarinées sur leur lit de marrons glacés, roulades de cocus cuits à point dans leur jus, fricassées de pétasses et son coulis de prout prout tralala, crème de morue à la sauce de mes couilles ! Le menu de leur dîner de mariage, il s'en moque comme de sa première chemise. Qu'elle choisisse toute seule, et qu'on en finisse !
Le plus difficile pour moi, au bout du compte, a été de m'abandonner. Accepter l'errance, la surprise, l'inattendu.Me laisser aller. Jamais mon existence n'avait laissé de place à l'improvisation, et je me rendais compte que cette liberté était plus compliquée, plus angoissante aussi, que toutes les contraintes au milieu desquelles j'avais vécu jusqu'ici.