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Citations de Blandine Lejeune (46)


Son goût prononcé pour le whisky avait eu raison de son couple et ses enfants lui avaient tourné le dos. Trop jeune et surtout trop seul pour ne rien faire, il avait choisi de s’installer détective privé à son compte. Sa clientèle était essentiellement composée de femmes ou de maris trompés. Il planquait des heures durant dans sa vieille Volvo, mitraillait avec son zoom puissant les maris et leurs maîtresses, les épouses et leurs amants.
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Ce n’était pour lui qu’une aventure. Un moment d’égarement. Mais la jeune femme était tombée amoureuse de lui. Il passait la voir presque tous les soirs puis regagnait son domicile. Jusqu’à ce que la jeune femme le somme de choisir entre elle et sa femme.

Le choix avait été vite fait.
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Aimer un homme c’est être capable de ne rien faire avec lui. Vous les jeunes, il faut toujours que vous trouviez des occupations à tout prix. Partager l’oisiveté, c’est le ciment qui permet de maintenir un couple dans la durée.
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Boulard se contenta de sourire. Il n’était peut-être pas féministe, mais il aimait travailler avec les femmes. Surtout les juges. Il les trouvait plus perspicaces, plus intuitives et surtout moins naïves que la plupart des hommes. Mais il garda pour lui ce qu’il pensait.
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C’est devenu une mode. De mon jeune temps, les avocats cherchaient à prouver l’innocence de leurs clients. Un bel acquittement ou un non-lieu, c’était ça qui les motivait ! Aujourd’hui, ce qui les intéresse, c’est de faire annuler les procédures. Que voulez-vous, les temps ont changé. Je veux donc une procédure en béton armé. Apparemment, vous tenez du lourd. La femme d’un notaire ! Manquait plus que ça!
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C’était donc ça une vie ? Un cœur qui pompe et régule une machinerie parfaitement orchestrée jusqu’à ce qu’un grain de sable ne vienne l’enrayer. La vie s’arrête alors comme une horloge dont on enlève la pile. Et tôt ou tard, comme dit la chanson de Nougaro, on n’est que des os.
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Il avait ostensiblement élevé la voix, comme pour démontrer à son épouse qu’il était le chef. Il pensait à tort ou à raison que c’était sans doute ce qu’elle attendait de lui. Qu’il hausse le ton auprès de l’importun qui le dérangeait un dimanche pour une histoire n’en valant pas la peine.
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Dévoraient la vie avec l’avidité de la jeunesse. S’appelaient plusieurs fois dans une même journée. Se retrouvaient avec délice. S’embrassaient, se précipitaient au lit. S’étreignaient dans une violence fébrile faite de chair et de désir. De complicité et de rires.

Après toutes ces années, il la regardait encore avec ses yeux de jeune homme amoureux, mais elle semblait ne plus le voir. Affichant à son égard une quasi-indifférence qui le faisait souffrir. Que s’était-il passé ?

Depuis qu’il avait été nommé procureur à Lille, l’attitude de son épouse avait changé. Elle était devenue lointaine. Froide et lointaine.
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C’est pas comme les jeunes d’aujourd’hui, faut tout leur apprendre, même à dire bonjour ! Moi, si je commence à 8 heures, faut que je mette mon tablier, que je prépare mon charriot et que je regarde le planning. Donc, j’arrive un peu plus tôt, c’est normal. Bon, le dimanche, y en a qui dorment, mais y en a aussi qui quittent l’hôtel très tôt pour aller visiter Lille ou bien pour rentrer chez eux.
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Les valeurs des anciens faisaient doucement rigoler les jeunes. La prison ne les effrayait plus. Les armes, la drogue et les sacs de billets circulaient à Lille-Sud au vu et au su de leurs habitants qui ne pouvaient ni parler ni déménager. L’argent sale était blanchi en Belgique via un kebab ou un night-club. Puis envoyé en Algérie ou au Maroc, via Western Union.
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Les mômes avaient grandi et la morale du milieu, ils ne connaissaient pas. C’était bon pour les vieux. Sans foi ni loi, ils utilisaient les mineurs ou les drogués pour les sales besognes et tabassaient parfois leurs propres cousins.
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Ces précieux oiseaux, alliés de l’homme, méritaient bien leur monument aux morts ! Aussi étrange que cela puisse paraître, les pigeons ne se posaient jamais sur ce monument qui ne comportait pourtant aucun pic de protection. Il faut croire qu’ils respectaient leurs morts.
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Sa vie, celle de ses enfants, leur bonheur, leur insouciance, leurs rires, son couple, sa famille. Tout. Ce cyclone s’appelait Katia. Elle prendrait sa place au bras de Julien. Peut-être même que ses enfants l’aimeraient. Et puis, c’était écrit comme une évidence, Julien lui ferait un enfant. Pourquoi pas deux. Cette petite gourde n’aurait sûrement aucune difficulté à tomber enceinte. Peut-être l’était-elle déjà. Le sentiment de répudiation diffusait lentement son venin. Je suis moche, grosse et vieille. Je suis finie. Elle imaginait sa future vie de femme divorcée. Bientôt, elle vivrait seule dans cette grande maison, une semaine sur deux. Bientôt, il lui faudrait meubler le vide de sa vie une semaine sur deux. Comment expliquer aux enfants   ? Comment supporter leurs questions   ? Comment y répondre   ? C’était au-dessus de ses forces. Florence n’avait jamais imaginé la fin de son couple. Elle ressentait une puissante envie de faire l’amour avec son mari. L’imaginer avec une autre faisait renaître un désir éteint par les années de quotidien, les devoirs des enfants, les courses, le repas à préparer, la maison à tenir, la fatigue, les contrariétés au travail, les tensions avec les collègues. Tout à coup, son corps qu’elle n’aimait plus et que son mari avait fini par délaisser se mettait à réclamer Julien. Des images excitantes et funestes à la fois tourbillonnaient dans son cerveau. Des envies de meurtre. La mort et le désir mêlés. Elle avait l’étrange impression que sa vie venait de s’arrêter. Sa vie insouciante d’autrefois. Les week-ends au Touquet, les vacances à Arcachon. Sa vie de femme mariée.
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Elle savait, ne pouvait pas ne pas savoir, que ces choses-là n’arrivent pas qu’aux autres. Que le destin frappe au hasard et qu’un jour, elle pouvait être cette mère à qui les policiers doivent apprendre la plus terrible des nouvelles. Elle vivait avec l’angoisse permanente de la mort possible de ses enfants. Même si elle n’en parlait jamais, pas même à son mari. C’était ancré en elle. Le destin n’épargnait personne. Son métier le lui rappelait chaque jour. Demain l’un de ses fils, pourquoi pas   ? Cette idée ne la quittait jamais, jusqu’à l’obséder parfois. Elle fuyait donc autant qu’elle le pouvait les dossiers de meurtres d’enfants. Ce matin-là, assise dans son canapé, Florence ne pensait pas à ses enfants. Ils étaient à l’école. Elle avait la journée devant elle pour réfléchir à sa vie. À ce qu’elle deviendrait si l’homme avec qui elle vivait depuis vingt ans la quittait. Tout à coup, elle réalisait à quel point, peut-être, elle avait négligé cet homme au profit de ses enfants. Elle avait étalé les photos sur la table et contemplait le visage de Julien. Il rayonnait de bonheur. C’est à peine si elle reconnaissait le mari taciturne qu’il était devenu. Pourtant, taciturne, il ne l’avait pas toujours été. Gai, souriant comme sur les photos, il l’était avec elle. Autrefois. Et puis le travail, le quotidien, les enfants, la fatigue. Le désir qui se fait plus rare. Jusqu’à s’éteindre. Tout ce qui fait qu’un homme s’éloigne, que le couple se fragilise et qu’une beauté blonde s’immisce dans les failles ou dans les béances. À présent, Florence regardait le visage de Katia. Lisse, les pommettes hautes, les lèvres pulpeuses. On avait du mal à s’imaginer une toxicomane. En tout cas, si elle l’avait été, elle n’en portait plus les stigmates. Florence se sentait vaincue. Incapable de lutter contre autant de jeunesse et de beauté. Elle se revoyait au même âge, aussi brune que Katia était blonde. Aussi pleine d’espoir que devait l’être cette jeune femme au sourire radieux qui posait la tête sur l’épaule de Julien. Comme Florence avait dû le faire jadis. C’était si loin… Florence avait rencontré Julien à la faculté de droit. À l’époque, Julien n’était qu’un banal étudiant, pas spécialement beau, mais il avait un atout de charme   : ses yeux bleus très clairs qui donnaient à son regard une profondeur presque dérangeante. Florence avait bien échangé quelques mots et quelques cafés avec lui durant leurs années d’étude. Elle le trouvait sympathique. Rien de plus. Ils s’étaient ensuite perdus de vue puis retrouvés à Lille, par hasard, dans un cocktail à l’occasion d’un vernissage. Florence venait d’être nommée juge d’instruction. Julien avait obtenu son diplôme de notaire et travaillait dans une étude à la périphérie de Lille. Il avait l’intention de s’associer avec l’un de ses confrères qui prendrait bientôt sa retraite. Julien avait mûri et pris de l’assurance. Il n’avait plus rien de l’étudiant timide et réservé que Florence avait connu. Ce soir-là, elle lui avait donné son numéro de téléphone. Le lendemain, il l’invitait à dîner. L’année suivante, ils se mariaient. Ils mirent près de dix ans à avoir leur premier enfant. Tous les vingt-huit jours pendant plus de huit années, Florence pleurait le premier jour de ses règles. Jusqu’à ce que vint le vingt-neuvième, puis le trentième, et le trente et unième jour sans que le sang n’ait coulé. Jusqu’à ce que deux traits de couleur apparaissent sur une bandelette achetée sans trop y croire à la pharmacie du quartier. — Je te dis que le test est négatif. — Mais enfin, tu es aveugle ou quoi   ? Il est positif   ! Elle n’y croyait pas, ou n’y croyait plus. S’était faite à l’idée de sa stérilité. Envisageait parfois la solution de l’adoption. Mais son désir d’enfanter était plus fort que celui d’avoir un enfant. Aussi n’avaient-ils jamais entrepris de démarches en vue d’adopter. Cette fois, le désir avait triomphé. Tom naîtrait huit mois plus tard. Et il triompherait une seconde fois. Deux ans plus tard, Barnabé verrait le jour. Florence avait alors 40 ans. Elle se souvenait des larmes qui roulaient sur le visage de Julien tandis qu’il contemplait les résultats du test pour la seconde fois. C’est à peine s’il osait y croire. Un second enfant   ! C’était inespéré. Elle revoyait son sourire radieux, ses yeux mouillés. Bientôt, cette jeune et jolie blonde lui volerait peut-être son époux, mais pas ses souvenirs. Des souvenirs qui ce matin-là lui nouaient la gorge. Vingt années de sa vie défilaient en vitesse accélérée. Elle sentait s’approcher un ouragan sombre et menaçant qui allait tout dévaster. Sa vie, celle de ses enfants, leur bonheur, leur insouciance, leurs rires, son couple, sa famille. Tout. Ce cyclone s’appelait Katia. Elle prendrait sa place au bras de Julien. Peut-être même que ses enfants l’aimeraient. Et puis, c’était écrit comme une évidence, Julien lui ferait un enfant.
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Florence oscillait entre jalousie et dégoût. Entre volonté d’appeler sa rivale pour l’agonir d’injures. Et celle plus raisonnable de garder la tête froide afin de réfléchir calmement à la situation.
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Je ne cherche ni argent ni scandale. Julien est le père de mes enfants. Je l’aime et je ne veux pas divorcer. Et puis il ne serait pas radié pour ça, vous savez. Pour qu’un notaire soit radié, il faut qu’il commette un meurtre ! Éventuellement une escroquerie ou un faux en écriture publique. Mais fréquenter une prostituée, même toxicomane, n’est pas une raison suffisante pour être poursuivi devant un conseil de discipline, les temps ont beaucoup changé, croyez-moi.
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Faites éclater le scandale, vous êtes quand même substitut du procureur de Lille. Vous gagnerez votre divorce. Jouez l’épouse offensée et faites cracher un maximum de blé à votre mari avant qu’il ne termine au RSA après avoir été radié par la chambre des notaires.
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Elle était très élégante dans son tailleur noir. Un col roulé gris perle lui moulait les seins. Ses cheveux noirs coupés court encadraient un joli visage aux pommettes saillantes. Un visage presque sans rides malgré la cinquantaine approchante. Certes, elle était un peu épaisse des hanches et c’était probablement la raison pour laquelle son mari avait dû succomber au 36 de Catherine Pawlak. C’est du moins ce que pensait Robert Geoffroy tout en observant Florence Mortreux.
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Délicieuse époque, pensait-elle, où l’on savait prendre le temps d’écrire une lettre avec un joli stylo plume, à l’encre bleu de Chine, sur une feuille de papier dont on choisissait le grain et la couleur en fonction du destinataire. Une feuille que l’on séchait au buvard avant de la plier et de la glisser dans une enveloppe que l’on humectait et sur laquelle on collait un timbre choisi avec soin. Un timbre que le destinataire garderait peut-être pour sa collection. Puis on allait glisser la lettre dans la boîte avant la levée du courrier.
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Comme chaque matin depuis quelques mois, Julien Mortreux s’était contenté de faire un vague baiser sur la joue de son épouse, froidement, levant à peine les yeux de son bol de café, alors qu’elle s’approchait de lui et lui proposait ses lèvres.

Elle avait senti cette froideur s’installer progressivement sans pouvoir dater avec précision ce changement de comportement. Il rentrait de plus en plus tard, parlait de moins en moins et semblait toujours ailleurs.
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