AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Boniface Mongo-Mboussa (15)


Pour le chantre du royaume d'enfance en poésie, la géographie précède toujours l'histoire.Que serait donc Saint- John Perse sans la Guadeloupe? Que serait Giono sans la Provence ? Faulkner sans le Sud? Que serait Aimé Césaire, " le laminaire " , sans la faune et la flore de la Martinique ? De la même manière, sans l'héritage culturel bantou de Loango, sans la luxuriance du fleuve Congo, il n'y a pas de poésie de Tchicaya U Tam' si.

( p.58)
Commenter  J’apprécie          101
Tchicaya U Tam'Si a toujours eu la même insolence à l'égard de Senghor. C'était pour lui la seule facon de mettre à distance ce baobab envahissant qu'était Senghor. Ce qui ne l'a pas empêché de le défendre le jour où Bernard Frank a minimisé, en 1984, l'entrée de Senghor à l'académie française (...)
À ce paternalisme confondant, la réaction de Tchicaya U Tam'Si est sans équivoque.La voici:
" Beaucoup de Français l'ignorent encore: ils ne sont plus les seuls propriétaires de leur langue. Ils la partagent aussi avec les Nègres d'Afrique, qui l'a parlent, la chantent. L'écrivent aussi.[...] Oui ! Il y a L. Senghor .Mais il n'est pas certain que
ce soit à ce titre que les Immortels du quai Conti en feront leur pair.C'est que l'on sait vaguement qu'il est poète, un très grand poète. Bernard Frank ne semble pas y croire (...)

( p.67 )
Commenter  J’apprécie          80
À la sortie de ce roman, une coquille dans la presse congolaise annonçait la parution des " Médusés".Elle ne croyait pas si bien dire.Sans le savoir, elle résumait " Les Méduses", dans la mesure où il est question ici d'un roman sur les traumatismes psychiques subis par le colonisé, au moment de sa rencontre avec l'homme blanc.

( p.99)
Commenter  J’apprécie          60
Le poète se veut voyant.Une poétique. Soit.Mais également une politique.Ces vers auraient pu être l'hymne de son pays et de l'Afrique, tant ils sont prémonitoires au regard de l'actualité du continent sans cesse livré à la terreur et à l'anarchie, un continent où les enfants abandonnés à eux-mêmes, tentent vaille que vaille d'assurer leur survie en devenant des enfants soldats; une actualité d'un continent où les enfants dorment à la belle étoile (...) accusés de sorcellerie, meurent en plein ciel ou dans une soute d'avion ou à l'île Lampedusa, fuyant la misère.

( p.44)
Commenter  J’apprécie          60
Forêt baroque et terre de souffrance

Souvent en retrait dans la cour de récréation, il s'enfonce dans la solitude.
" Être interdit d'enfance, interdit de jeux d'enfance, dira-t-il plus tard, m'a poursuivi longtemps.Je ne pouvais participer à aucun jeu.(...)j'étais rejeté par les autres parce que je ne pouvais pas courir. Alors, la mauvaise saison aidant et ayant un pied qui était presque un baromètre, j'étais handicapé, je restais dans mon coin.Quand on est seul, ou on est fou ou on est poète...Alors je suis devenu poète ." Non seulement il le devient, mais mieux: les camarades, par dérision ou par méchanceté, le surnomment " Le poète ".Il joue le jeu: oui, il est poète.

( p.29)
Commenter  J’apprécie          40
On cite souvent votre nom avec ceux de Césaire et de Maunick, vous sentez-vous proche de ces deux poètes?
-proche...je connais l'un et l'autre .j'ai lu l'un et l'autre. Il y a voisinage. Est-ce que le cheminement de leur œuvre et la mienne procède de la même façon? je ne le pense pas . Césaire a une langue d'une richesse que je ne peux ambitionner. Je pense que les gens qui me trouvent hermétique s'abusent beaucoup, car mon vocabulaire est tout ce qu'il y a de plus restreint. Il est même assez élémentaire. Il n'y a pas dans mon œuvre la recherche du mot qu'il y a chez Césaire . quant au type d'inspiration.. Césaire veut se retrouver nègre. Je n'ai pas cette préoccupation là.
Commenter  J’apprécie          30
Dans " L'Hirondelle avant l'orage"Robert Litell décrit une promenade du poète Ossip Mandelstam dans Moscou, aux côtés de la poétesse Anna Akhmatova.
Après avoir constaté que le monde se ferme sur lui, puisque se sachant condamné pour avoir écrit une épigramme contre Staline, Mandelstam conclut : "Je suppose que je ne devrais pas me plaindre. J'ai la chance de vivre dans un pays où la poésie compte.On tue des gens parce qu'ils en lisent et parce qu'ils en écrivent "
Cruelle ironie, mais témoignant d'une réalité : jamais aucun pays n'a autant célébré ses Poètes ; jamais aucun pays ne les a en même temps autant sacrifiés.
Commenter  J’apprécie          30
Nous écrivons une littérature d'une mauvaise conscience, la littérature de la mauvaise conscience de l'Occident et de la France
Commenter  J’apprécie          30
Ma poésie est comme le fleuve Congo, qui charrie autant de cadavres que de jacinthes d'eau
Commenter  J’apprécie          20
Au moment où le père connaît sur la rive droite du fleuve Congo sa disgrâce politique, son fils vit sur la rive gauche en sa qualité de journaliste une expérience politique exaltante aux côtés de Patrice Lumumba.

( p.49)
Commenter  J’apprécie          20
(**À propos de l'élection de Senghor à l'Académie française)

D'ailleurs, il semblerait que Jean Mistler, le secrétaire perpétuel de l'époque, aurait à l'annonce de la candidature du Sénégalais , déclaré tout net: "Et pourquoi pas Bokassa ?"
On a beau être agrégé de grammaire, on a beau avoir été le condisciple de Pompidou à Louis-le- Grand, on a beau avoir été Secrétaire d'État auprès d'Edgar Faure sous la Quatrième République Française, on a beau avoir été un chef d'État humaniste, ayant essayé de réaliser le rêve de Platon, et avoir quitté le pouvoir de son propre gré avec dignité, on reste dans l'inconscient de l'Autre, un bon ou un mauvais sauvage.


( p.68)
Commenter  J’apprécie          00
La mort de Lumumba, je l'ai déjà dit, laisse U Tam'Si orphelin. Pour noyer son chagrin, le poète s'enivre de mots.Il donne à lire plusieurs recueils qui sont des chants de deuil.Mais cela, je l'ai évoqué ne le guérit guère.

( p.71)
Commenter  J’apprécie          00
Gérald Félix- Tchikaya n'a jamais digéré son enfance. À l'inverse d'un Saint- John Perse ou d'un Senghor chez qui l'enfance est un paradis perdu, Gérald Félix- Tchikaya considère la sienne comme une absence, un vertige.En somme, un divorce avec l'enfance.Et " Le Mauvais sang" est travaillé d'un bout à l'autre par ses douloureux souvenirs d'enfance.Dès ses premiers vers, le jeune poète crie sa solitude, évoque son pied bot, décrit sa tristesse dans un jeu de miroir, où le spleen répond en écho à la pluie qui tombe sur la ville." Le Mauvais sang", c'est certes Rimbaud, mais aussi Verlaine.

( p.35)
Commenter  J’apprécie          00
"Epitomé, le bréviaire d'une passion "

"Epitomé" inspiré par la disparition de Patrice Lumumba, fait voler en éclats cette sérénité retrouvée. "Epitomée" est un recueil de la révolte, dans lequel Tchicaya U tam'si privatise le deuil de tout un continent. Dans "A Triche coeur", le poète se confondait avec le pays natal; ici il s'assimile à Lumumba, qui se confond avec le Congo. Et cette identification est double : il est le poète, la voix des sans voix, celle de tous ses compatriotes endeuillés. Il est ensuite, en sa qualité d'ancien journaliste, le messager de Lumumba.
Et ce, d'autant plus, qu'il est intrigué par une coïncidence troublante : son père meurt la même année que Patrice Lumumba, à un jour d'intervalle. Tout est signe pour un poète...
Les intellectuels africains, et ceux de la diaspora, ont vécu la disparition de Lumumba comme un séisme. dans une formule devenue célèbre, Frantz Fanon a dit ne pas "se pardonner" cette mort. Formule qui trahit le sentiment général des intellectuels du monde noir : celui de ne pas avoir su être à la hauteur du combat de Lumumba. dès sa disparition, Aimé Césaire écrit "Une saison au Congo", un tombeau à sa mémoire (...)

(p. 52)
Commenter  J’apprécie          00
Lumumba-rumba et frère du Christ

De même que le christ a osé s'attaquer aux pouvoirs de ce monde, de même Lumumba a défié le roi des Belges, lors de son mémorable discours de 20 juin 1960, vengeant par le verbe l'humiliation de son peuple et, partant, celle de tous les colonisés. C'est cette conscience et cette audace du nationaliste congolais qui ont séduit le poète.

(p. 55)
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Boniface Mongo-Mboussa (19)Voir plus

Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2866 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}