Le père – Stéphane, c’est sans doute difficile à imaginer pour toi, on idéalise ses parents mais ces quatre années de ta prime enfance, de 1956 à 1960 ce furent des années très dures pour moi… Les responsabilités, la guerre, le déchirement entre mes deux pays sur ces deux rives de la Méditerranée. J’étais très attaché à l’Algérie, je me sentais vraiment un juif arabe…
Stéphane – Mais notre famille était française depuis 1870…
Le père – Ce n’est pas si simple, Stéphane, c’est bien le décret Crémieux qui nous a arraché comme tous les juifs d’Algérie à notre statut d’indigène pour nous rendre français en 1870 mais on a perdu notre nationalité en 1940 à cause des lois de Vichy…
Il m’a demandé aussi où on trouvait un bon barbouche, le couscous aux herbes de son enfance…
J’avais l’impression que tout cela avait existé quelque part, oui, mais pas pour moi.
Que chercher quand on revient sur les pas de son enfance?
Papa, c’est magnifique mais rester à Alger seul à 90 ans, c’est de la folie.