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Critiques de Brigitte Munier (7)
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Technocorps

Un ouvrage collectif passionnant.

Riche en idées, en articles, en pensées, en références, et très clairement structuré. Hormis le chapitre "Des enjeux de la tentation posthumaine" (je n'ai pas adhéré à la pensée et au cheminement intellectuel de l'auteur), j'ai tout trouvé passionnant, intéressant, riche, suscitant la réflexion.



Les sujets abordés sont pourtant complexes et en perpétuelle et rapide évolution, voire mutation. Jugez plutôt, le titre du livre n'est pas mensonger !



Le corps, l'image du corps, le corps et la société ... le corps et la personne ...

Le progrès, les prothèses techniques, la compensation du handicap ou de la maladie, la normalité du corps ... l'augmentation du corps, la condition humaine, la nature humaine ...

Mais aussi : la machine, le mythe juif du Golem, le robot, l'invention de l'ordinateur et d'Internet, la cyber culture ...

La pensée, le cerveau, l'information ... la langue et la parole, le sens ...
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Technocorps

La technologie nous change, c’est un fait bien connu : notre représentation de nous-même s’est modifiée avec l’arrivée des réseaux sociaux, notre cerveau traite différemment les informations pour face au flux gigantesque qu’il reçoit. Le technique est également présente dans nos corps même : pacemakers, prothèses, … tout récemment, un tétraplégique a pu commander à nouveau son bras grâce des implants capables de lire l’activité électrique du cerveau et la convertir en commandes pour ses muscles.



Ces succès ont de quoi alimenter les espoirs du camp transhumaniste, à savoir créer une nouvelle espèce mêlant biologie et technologie : une nouvelle espèce d’homme dont les capacités seraient boostées grâce à des cocktails chimiques sur demande, dont les faibles muscles seraient remplacées par des composants mécaniques bien plus puissants, et qui, surtout, serait débarrassé définitivement du soucis de la mort.



La « réparation » d’un individu après un accident ne pose généralement pas de problème pour la majorité des gens. Un « retour à la normale » de quelqu’un qui n’a pas eu les mêmes caractéristiques que les autres a la naissance a un taux d’acceptation un peu plus faible, mais à peine. Par contre, la possibilité d’une « amélioration » provoque des réactions nettement plus contrastées. Le cas de Pistorius, athlète qui a défié les valides au plus haut niveau avec des lames de carbone en guise de jambes, est assez révélateur : les débats, enquêtes et contre-enquêtes pour déterminer si les lames lui donnaient ou non un avantage sur les autres concurrents (et donc s’il fallait lui interdire de courir) n’a jamais cessé.



Des positions transhumanistes extrêmes estiment qu’il est possible de « télécharger » son esprit dans une machine. Un chercheur a d’ailleurs proposé sérieusement il y a quelques années de s’injecter dans la tête un liquide capable de préserver la forme de son cerveau (bien qu’ayant le léger désavantage d’être létal), avant d’être le premier à bénéficier de cette technologie qui ne manquerait pas de faire bientôt son apparition (jusqu’à présent, il a bénéficié au mieux de l’indifférence polie de ses confrères).



Ces thèses me mettaient généralement mal à l’aise, de manière assez diffuse. Mais faute de connaître le sujet, contrairement à eux qui maîtrisent leurs arguments sur le bout des doigts, je n’arrivais pas vraiment à formuler mes objections. Ce livre, qui compile plusieurs textes d’experts sur le sujet, m’a donné quelques pistes intéressantes à explorer.



Le premier point est que ces idées sont fortement inspirées des concepts judéo-chrétiens du corps périssable et méprisable, et de l’âme divine et éternelle, les deux étant parfaitement dissociables (et d’ailleurs, destinés à être dissociés). On tente ainsi de capturer l’essence d’un être humain dans une toute petite partie de son corps, le cerveau, qui pourrait avoir une vie propre en dehors de tout corps. J’ai déjà du mal à accepter cette vision des choses quand on sait à quel point le climat, la luminosité, l’absence de maladies, … influence sur notre moral et notre motivation, états qui devraient être purement intellectuels.



Il est également difficile d’imaginer à quoi pourrait bien ressembler cette intelligence déconnectée de tout, sans aucun stimuli visuel, tactile, …, et sans aucune interaction avec d’autres êtres, (post-)humains ou non. Il est d’ailleurs assez amusant de constater que ces êtres du futur ne font généralement rien d’autres que faire des études, travailler ou se faire la guerre. Comme promesse de vie éternelle, on a quand même fait mieux.



On constate généralement aussi une volonté de simplifier au maximum le fonctionnement de l’esprit humain, comme si on tentait de compenser le retard pris par la technologie en diminuant la charge de travail à réaliser. Certains auteurs n’hésitent pas à déclarer qu’on pourrait simuler le cerveau humain avec moins d’un million de lignes de code (là où un programme comme Windows ou un gros jeu en ligne en prend 40 à 100 millions). Quand on met ses déclarations à côté des nombreuses interrogations qui entourent encore le fonctionnement du vivant, il est difficile de prendre ces thèses au sérieux.



L’essai fait moins de 200 pages, mais fournit beaucoup de pistes de réflexion, et vous donnera de quoi vous occuper pour vos vacances. Le sujet est très sensible, puisqu’il touche à la définition de l’être humain et à la conception de ce qui constitue notre propre personnalité. Vraiment à conseiller aux personnes qui désirent défricher la thématique.
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Odeurs et parfums en Occident : Qui fait l'..

Impressionnant! J'ai été rapidement soufflée par ce livre magistral sur les odeurs et parfums: il est d'une qualité exceptionnelle.

Nous traversons les âges et les régions à la découverte des odeurs, encens, parfums et de leurs fonctions: religieuses, puis médicales, hygiénistes, ses fonctions sociales, commerciales et artistiques.

Je ne saurai exprimer l'admiration que j'ai ressentie face à ce livre, au travail, à la minutie qu'il représente; il m'a semblé incroyablement exhaustif, même si le l'autrice s'en défend (des pays orientaux y sont mentionnés sans s'y étendre longuement).

J'ai eu énormément de mal à rendre à temps ma critique pour Masse Critique, car ce livre est aussi difficile à lire, il y a de nombreux termes techniques ou rares, les phrases sont longues. On sent qu'il a été écrit par quelqu'un qui s'y connait et est très cultivée. Un niveau très largement universitaire auquel je ne suis pas habituée (pourtant je lis des articles scientifiques souvent et des ouvrages techniques mais même dans ce cas ce niveau n'est pas forcément aussi élevé, cf test de Flesch pour mieux comprendre, le livre doit avoir un niveau extrêmement bas).

C'est un livre à savourer, en prenant son temps, en faisant des pauses, le temps de le laisser s'aérer, de reprendre notre souffle, de souffler avant d'en laisser pénétrer une nouvelle bouffée. Il est tellement riche! J'ai adoré le voyage qu'il m'a proposé, et je pense que je le referai, en prenant plus mon temps cette fois.

Un livre richissime à offrir aux passionnés.

Merci de m'avoir permis de découvrir cet incroyable livre, cette énorme somme de connaissances et de réflexions autour d'un sujet qui m'envoûte.
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Odeurs et parfums en Occident : Qui fait l'..

Voici un ouvrage fort savant sur l'univers des odeurs et des parfums qui va vous faire voyager dans l'espace (Occident et Orient) et dans le temps (de l'Antiquité à nos jours).

Cet essai de Brigitte Munier est très érudit dans le sens fouillé, documenté et complet.

Son seul bémol tient au fait qu'il traite d'un univers particulièrement précis : Brigitte Munier utilise donc bien souvent un vocabulaire très spécifique, difficile à maîtriser pour un néophyte , ce qui complique parfois la compréhension. De plus, si elles viennent illustrer son propos, l'évocation de scènes mythologiques viennent parfois alourdir ce qu'elle souhaite faire passer.

Cela dit, une fois ces termes intégrés, je dois dire que "Odeurs & Parfums en Occident" m'a beaucoup appris, et m'a également fait réfléchir car certains points sont abordés sous des angles que je n'avais jamais considérés.



J'ai beaucoup apprécié toute la partie relative à l'histoire du parfum dont je vous ai fait un condensé ci-après, si vous souhaitez en savoir plus.



Bien que maintenant évident suite à cette passionnante lecture, je n'avais jamais rapproché l'univers du parfum du monde divin.



Enfin, j'ai découvert grâce à ce livre que les odeurs déterminent nos relations sociales, qu'elles ont été un justificatif de l'intolérance et du racisme (noirs, juifs, nazis...), qu'elles jouent un rôle dans le cadre de la mémoire olfactive en sollicitant nos émotions, de l'ampleur de ce que l'on appelle la manipulation olfactive via un marketing, qui tente d'agir sur nos comportements, ou encore qu'il existait des cartes olfactives des villes dont le rôle est d'identifier des zones précises.



Cet essai répond à toutes ces pistes de réflexion et bien d'autres encore!



Et pour aller plus loin, on peut se demander ce que sera le parfum de demain? : Un parfum que l'on transpirerait?(référence à la sueur des Dieux), ou qui effacerait les effets de l'âge? (référence à l'obsession qui existait déjà à l'antiquité).



Pour ma part, je pense que l'homme doit accepter le caractère insaisissable du parfum, le laisser s'évaporer car c'est justement son caractère éphémère qui nous offre un moment de beauté fugace mais plein de sens et d'émotions.



Quoi qu'il en soit, je ne résiste pas à vous citer la phrase de Patrick Süskind qui donne tout son sens à cet essai : "Qui maîtrise les odeurs, maîtrise le cœur des hommes"



Merci aux éditions du félin ainsi qu'à Babelio, qui une fois de plus m'a permis de partager avec vous un moment de lecture très instructif pour qui souhaite découvrir la face cachée des odeurs & de leurs vies à travers les siècles.





Comme je vous l'ai proposé plus haut, voici maintenant un bref aperçu chronologique de l'histoire du Parfum et de son usage en Occident:

L'odorat fut un sens longtemps relégué en bas de l'échelle de nos sens, car gouvernant nos émotions, il nous renvoyait à notre animalité. Freud va même jusqu'à dire que la civilisation a pu naître parce que l'homme a renoncé à son sens de l'odorat! Toutefois, on notera que dès le 18ème siècle, se développent des expressions qui mettent ce sens en valeur en l'associant à l'intelligence (par exemple avoir le nez fin ou encore évoquer le flair du détective).

Dans l'Antiquité, le parfum (associé à l'âme) est sensé être réservé aux Dieux et être utilisé à des fins religieuses, thérapeutiques (pour les malades)et/ou purificatrices. Mais la fascination provoquée par ces odeurs enivrantes va conduire "le mortel" à en user également dans son quotidien.

Le parfum ainsi détourné de son but principal dédié au divin, certains penseurs vont condamner son usage profane, à fortiori si les ingrédients utilisés sont issus de parties génitales d'animaux (castoréum, ou encore le musc). Mais, rien n'y fit, l'ouverture de la route du parfum était née et les conquêtes menées en Orient ne firent qu'accroître le goût et les pratiques du parfum à l'usage profane.

C'est la chute du monde romain qui va entrainer un déclin de l'utilisation des parfums en Europe alors qu'elle se poursuivra en Orient (creusé des plantes aromatiques et épices les plus prisés). L'Occident vivra alors au cœur des mauvaises odeurs!

Il faudra attendre les 11ème et 13ème siècle avec les croisades pour voir renaître l'art du Parfum en Europe. En effet, les chevaliers ramenèrent alors ambre, musc et eau de rose...qui sont redécouverts.

A cause de l'épidémie de peste noire du 14ème siècle, on verra se développer une peur de l'eau . On ne se lave plus, la puanteur règne et les pratiques d'hygiène se centrent sur le parfum aux vertus purifiantes. Ainsi, avec un paroxysme au 17ème siècle (irrespirable!), les parfums solides et les eaux parfumées alcoolisées connurent alors un grand succès. Le parfum donne alors l'illusion d'une véritable hygiène, mais reste un luxe non accessible à tous.

Au 18ème siècle, la mode va préférer des odeurs plus légères aux accents floraux au détriment des parfums jusqu'alors lourds et capiteux destinés à masquer les mauvaises odeurs environnantes. C'est la naissance et le succès de l'eau de Cologne. On va peu à peu réintroduire l'eau dans la toilette, mais malgré tout, les français restent sales. Les parfums sont utilisés à 2 fins distinctes : la pharmacie dans un souci de désinfection, et la parfumerie mettant en avant des senteurs naturelles et fraiches opposant ainsi la bourgeoisie qui utilise ces nouvelles fragrances et l'aristocratie toujours attachée aux parfums lourds et musqués.

C'est au 19ème siècle que Napoléon sépare officiellement les pharmacies des parfumeurs. Ainsi privé de son argument médical, les parfumeurs vont mettre en avant les parfums comme outil d'élégance, de beauté...ce qui va entrainer une distinction sociale par l'odeur. De même, le développement de la chimie va entrainer l'émergence de l'industrie cosmétique, qui elle-même va créer un marketing vantant les secrets de beauté et de jeunesse des nouvelles formules cosmétiques élaborées à base de molécules de synthèse.

De nos jours, le végétal est de moins en moins présent dans nos parfums. L'introduction de la chimie au cœur de la parfumerie va permettre de considérablement enrichir la palette de création, d'avoir à disposition une matière première stable, en grande quantité, toute l'année, ce qui va permettre de réduire les coûts et donc de la rendre accessible au plus grand nombre. Dès lors le parfum est partout : dans l'espace privé (corps, linge, maison,voiture...), public(magasins, parkings...), au travail(pour augmenter la productivité des ouvriers).



Le succès commercial d'un parfum va dépendre :

- de son nom (objet d'études de marché) qui peut faire référence au sacré (dont le but est de transformer la femme en déesse), à l'exceptionnel ou à un univers poétique ;

- de sa capacité à renouveler sa modernité en actualisant son image ;

- la forme du flacon qui doit nourrir l'imaginaire et être précieux comme son contenu.



Le livre évoque beaucoup plus de choses encore tout aussi passionnantes abordées sous des aspects assez inédits. Bonne lecture!
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Odeurs et parfums en Occident : Qui fait l'..



En passant devant les rayonnages d’une librairie, aurais-je eu le "nez" de trouver un livre aussi intéressant ? Je ne sais… c’est pourquoi je remercie Babelio de me l’avoir adressé dans le cadre de Masse Critique.

Splendeurs et misères de l’odorat, grandeur et décadence du nez, c’est à toute l’histoire du sens de l’odeur et aux parfums et à la symbolique de la senteur que nous invite l’auteur. Qu’il ait été élixir sacré ou privilège des rois, le parfum a traversé les époques en exerçant une véritable fascination sur les hommes. Dans les civilisations antiques, les parfums, obtenus sans alcool ni distillation, se présentent sous la forme d’huiles et d’onguents odorants ainsi que d"encens" qui dégagent en brûlant d’agréables odeurs. Le mot parfum vient d’ailleurs de là (per fumum : par la fumée).



On y apprend que l’Occident a privilégié le sens de la vue et de l’ouïe et méprisé l’odorat car jugé trop animal.

Éphémère, le parfum n’est pas reconnu comme un art. Aristote fit même de l’odorat un “sens intermédiaire”.



Beaucoup plus tard, au siècle de la révolution industrielle, on constata même une sorte d’aversion des odeurs à cause de la peur de la contamination par les miasmes atmosphériques.



Après avoir consacré un chapitre au statut de l’aromate dans l’Antiquité grecque et romaine, l'auteur aborde tour à tour l’usage du parfum dans la Bible, l’étude de la fonction symbolique des parfums, l’invention de la parfumerie de synthèse et son utilisation dans la société de consommation.

Un livre qu’on ne peut pas lire d’un trait tant il est dense et complet mais un livre que l’on garde près de soi pour pouvoir le consulter souvent et apprendre chaque fois un peu plus.

On peut regretter toutefois que le texte soit trop compact, une typographie plus aérée aurait facilité la lecture. Mais ce n’est que la forme que je critique car le fond est d’une richesse inépuisable.


Lien : http://dominique84.overblog...
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Odeurs et parfums en Occident : Qui fait l'..

Une approche philosophique de la question des odeurs et des parfums, devenue centrale chez les historiens et les sociologues.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Quand Paris était un roman : Du mythe de Baby..

Si vous avez aimé "Le métronome" de Laurant Deutsch, vous ne pourrez que plonger avec délices dans "Quand Paris était un roman" pourtant paru en 2007. C'est lettré, érudit, aérien, fin, léger, drôle, fourmillant d'anecdotes historiques, allant du tragique au plus drôlatique.Nous apprenons Paris encore sous un autre angle. Un vrai régal
Lien : http://www.ladifference.fr
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