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4.17/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Bruno Bioul, historien et archéologue, chargé d’enseignement à l’université de Bourgogne, est le rédacteur en chef de la revue d’archéologie et d’histoire Archéothéma.

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Les Evangiles au risque de l'Histoire.


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Dans ses "Histoires Naturelles", Pline l'Ancien écrit qu'un groupe d'Esséniens habitait sur la rive occidentale de la mer Morte.
Voici le passage :
~~~~ A l'occident (de la mer Morte), mais à bonne distance des exhalaisons nocives de la côte, vit le peuple (gens) solitaire des Esséniens (Esseni) qui se singularise de toutes les autres tribus du monde entier en ce qu'il n'y a pas de femmes et qu'il a renoncé à tout désir sexuel, n'emploie pas d'argent et n'a que les palmiers pour seule compagnie. Jour après jour, l'adhésion de nombreux arrivants fatigués de la vie et poussés là par des revers de fortune à adopter ses mœurs vient l'augmenter en nombre égal d'une foule de réfugiés. Ainsi, durant des milliers de siècles (chose incroyable à relater) subsiste éternellement une race dans laquelle il ne naît personne. Elle profite de la lassitude qu'éprouvent de la vie les autres hommes. Sise en dessous (infra hos) des Esséniens se trouvait autrefois la ville d'En Geddi, la seconde seulement après Jérusalem pour la fertilité de sa terre et ses plantations de palmiers mais aujourd'hui réduite, comme Jérusalem à un tas de cendre.


Sukenik s'est appuyé sur ce passage pour établir sa théorie essénienne des manuscrits de Qumrân. Cependant, le témoignage de Pline comporte plusieurs problèmes d'interprétation :
- 1) Il fait référence à Jérusalem réputé pour la fertilité de son sol. Or, ce ne fut jamais le cas ; c'est Jéricho qui l'était. L'auteur s'est donc trompé peut-être parce qu'il n'a jamais visité ces villes ou bien qu'il à mal recopié ses sources.
- 2) Pline a tendance à exagérer le nombre et l'ancienneté des Esséniens : on imagine mal une foule de réfugiés (de quelle guerre ?) complètement désabusés, venir se consoler des infortunes de la vie dans un lieu désert et ascétique, au sein d'une communauté existant depuis des millénaires mais dont la Bible ne dit mot.
- 3) Plus intriguant encore : Pline parle des Esséniens au présent. Or, nous savons que son livre fut dédié à Titus avant qu'il ne devienne empereur en 79, donc près de 10 ans après la destruction de Qumrân par les Romains en 68 ap. J.-C.
D'où quatre possibilités :
¤ a) ou bien les Esséniens n'étaient pas à Qumrâm mais résidaient ailleurs
¤ b) ou bien Qumrân n'a pas été entièrement détruite par les Romains, et les Esséniens y sont revenus, mais dans ce cas pourquoi être revenus si vite alors que, selon la théorie du Père de Vaux, ils avaient attendu 37 ans pour le faire, entre 31 av. et 4 de notre ère ?
¤ c) ou bien Pline écrit au présent mais dans un sens passé
¤ d) ou bien la communauté des Esséniens, dont on ignore toujours le nom exact, désignait un groupe connu sous une autre appellation et toujours présent au temps de Pline : les chrétiens par exemple ?
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E. Puech (*1), se basant sur un passage du "Document de Damas", a proposé une histoire de la fondation de la secte de manière très précise, conforme à la chronologie de l'établissement échafaudée par le Père de Vaux (*2) selon ses recherches, le Maître de Justice, fondateur du mouvement essénien, devait s'appeler Simon : il s'installa à Qumrân en 152 av. J.-C., vingt ans après la mort de son père, le grand prêtre Onias III. Le Prêtre Impie était Jonathan Maccabée, grand-prêtre illégitime (parce que n'appartenant pas à la lignée de Sadoq) désigné en 152 par Alexandre Balas. Les Esséniens vécurent à Qumrân pendant plus de deux siècles avant d'en être délogés par les Romains au cours de la Première Révolte juive (66-74 ap. J.-C.). Avant de disparaître, il prirent soin de dissimuler leur précieuse bibliothèque dans les grottes voisines dont certaines d'ailleurs avaient servi d'habitation permanente si l'on en croit notamment H. Eshel. L'attribution des rouleaux à la secte des Esséniens serait d'autant plus évident que, comme le rappelle E. Puech, ce mouvement religieux, pour ce qu'on en connaît, est celui qui répond sans doute le mieux au contenu des manuscrits dits sectaires.


- (*1) Emile Puech : directeur de recherche au CNRS et professeur
- (*2) Père de Vaux : Père dominicain français qui a dirigé l'équipe catholique ayant travaillé sur les manuscrits de la Mer Morte découverts dans les grottes près des ruines de Qumrân
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Un bon nombre de manuscrits conserve des œuvres qui rapportent du matériel scripturaire (histoire, personnages) et qui les travaillent, les répètent ou les modifient. On peut citer par exemple les livres d'Henoch qui étendent grandement les données éparses des Écritures sur Henoch (Genèse 5), ainsi que le passage énigmatique des fils de Dieu épousant les filles des hommes (Genèse 6) Dans cette littérature, le passage est interprété comme suit : les anges et les femmes se sont accouplés et ont engendré une descendance de géants qui ont commis toutes sortes de maux, ce qui eut pour conséquence le déclenchement du déluge par Dieu. Le "Livre des Jubilés" rapporte des histoires depuis la création jusqu'à l'arrivée d'Israël au Mont Sinaï, tandis que d'autres textes s'étendent sur des personnages brièvement cité dans les écrits bibliques tels Lévi et ses descendants Qahat (Kohath) et Amram, respectivement grand-père et père de Moïse et Aaron. Ces œuvres "parabibliques" dont certaines étaient considérées par le groupe de Qumrân comme ayant autant d'autorité que les livre inclus plus tard dans la Bible (comme la Genèse), nous permettent d'observer comme le matériel scripturaire était interprété et élaboré à cette époque. Certains de ces ouvrages, comme le livre d'Henoch, ont été écrit avant que la communauté ne s'établisse à Qumrân.
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Les manuscrits ne nous apprennent rien directement sur l'histoire du christianisme primitif parce qu'ils concernent essentiellement une communauté juive particulière et ses adversaires qui étaient des groupes juifs. Les premiers disciples de Jésus, et Jésus lui-même, étaient aussi des juifs, mais ils ne semblent pas avoir été la cible des auteurs des manuscrits. Néanmoins, les manuscrits nous éclairent sur la diversité présente dans le judaïsme à l'époque où le christianisme débute, et nous permettent de reconnaître ce que le christianisme a hérité de sa religion mère. En fait, les descriptions faites dans les premiers chapitres des 'Actes des Apôtres' sur la communauté chrétienne primitive de Jérusalem nous rappelle très fort celle de la communauté de Qumrân. L'un des traits bien connus partagés entre les deux groupes est la pratique de la communauté des biens : les textes de Qumrân et les 'Actes' sont les seules œuvres à parler d'une telle pratique dans le Judaïsme. Il semble que le mouvement dont le groupe de Qumrân était une petite partie exerça quelque influence sur le christianisme primitif. Que cela vienne ou non de certains Esséniens convertis, nous ne pouvons pas le savoir, mais ce n'est pas impossible.
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Flavius Josèphe nous dit que certains Esséniens étaient mariés et d'autres pas. A Qumrân, on a découvert que ceux qui vivaient selon les préceptes énoncés dans le 'Document de Damas' avaient des familles, et que ceux qui vivaient selon la 'Règle de la Communauté' n'en avaient pas. Philon, Pline l'Ancien, Flavius Jospèhe et Dion Chrysostôme décrivent la mise en commun de la propriété comme dans la 'Règle de la Communauté'. Flavius Josèphe parle de la manière dont on rejoignait le groupe, et cela est très similaire à ce que l'on trouve dans la 'Règle de Communauté'. L'utilisation de l'huile, les bénédictions sur le pain et le vin, et d'autres petits détails montrent que la description des Esséniens est très semblable à celle des rouleaux.


Les Esséniens étaient végétariens ; on le sait grâce à Flavius Josèphe qui les décrit comme des gens qui pratiquent un mode de vie pythagoricien qui oblige , entre autre, à ne pas manger de viande.
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